Y aura-t-il un 3ème dialogue en République démocratique du Congo ? Pourquoi les uns et les autres s’agitent-t-ils sur une question que le Gouvernement n’a pas encore tranchée ? Sinon, la question est sur toutes les lèvres dans la ville basse, lorsqu’on sait que tout doit être fait pour que la date du 31 décembre 2017 se passe sans casse, dans un pays où le dialogue a toujours été permanent entre Congolais. Même si lors de la 72ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et Intégration régionale a rejeté le 3ème dialogue, celui-ci semble être une condition indispensable pour négocier le passage à la fin du mois de décembre 2017. Période qui, à en croire l’accord de la Sain-Sylvestre, doit couronner l’organisation des élections en Rd Congo.
Dans ce débat, ce qui étonne plus d’une personne, c’est le ton utilisé par les prélats, le temps et le lieu qui ont été choisis pour faire leur déclaration, soit en Belgique et à quelques jours de l’intervention du président de la République à la 72ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, où il a confirmé la tenue des élections en Rdc. Sur base de quoi la CENCO doit-elle faire un plaidoyer au niveau de la communauté internationale ? Est-ce avec la bénédiction des autorités congolaises ? Surtout que la Rdc est dirigée et que ses institutions fonctionnent normalement !
En effet, en mission de plaidoyer cette semaine auprès des partenaires européens sur le processus électoral en Rdc, la Conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO se dit ne pas être prête à présider un éventuel 3è dialogue qui, à l’en croire, irait dans le sens de saper l’accord de la Saint Sylvestre. C’est ce que vient d’affirmer son président, Mgr Marcel Utembi Tampa depuis Bruxelles. C’était au cours d’une conférence de presse au siège du Réseau européen pour l’Afrique centrale (EurAc).
Selon lui, c’est une question de logique et de cohérence : « Nous sommes logiques et cohérents envers nous-mêmes. L’Accord du 31 décembre souffre de sa mise en œuvre à 90%. Nous ne pouvons pas piloter un 3è dialogue alors que le précédent n’est pas appliqué ». Un autre prince de l’église à ses côtés, Mgr Fidèle Nsielele a pour sa part soutenu qu’il est encore possible de sortir de la crise sans un autre dialogue. C’est le lieu de noter que l’épiscopat catholique, inquiète de la situation de la Rdc visiblement sur le point d’exploser, est en mission de plaidoyer auprès des institutions et gouvernements européens.
Pendant qu’un Premier ministre, de surcroit doyen de l’opposition est sorti du moule du Rassemblement des forces sociales et politiques acquises au changement, en la personne de Bruno Tshibala qui conduit l’exécutif congolais ; entre-temps, le bureau du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral, CNSA a été installé, peut-on dire logiquement que l’Accord du 31 décembre souffre de sa mise en œuvre à 90% ? Que cache cette attitude des prélats congolais ? N’est-ce pas une façon pour eux non seulement de discréditer les autorités congolaises et d’empêcher un quelconque financement du processus électoral par la communauté internationale ?
La Rdc ne paie-t-elle pas le fait d’avoir écarté la CENCO de la signature de l’Arrangement particulier ? Même si au niveau du Gouvernement, l’on soutient que la CENCO avait déjà déposé ses conclusions au Président de la République disant qu’elle avait atteint 98% et que les 2% pouvaient être laissés à l’attention du Chef de l’Etat.
La CENCO s’adresse à l’UE
Au cours de la même communication, la Conférence épiscopale nationale congolaise, CENCO a appelé l’Union européenne à être plus cohérente dans sa position sur le processus électoral en RDC. « Nous appelons l’Union européenne à avoir une politique cohérente sur la crise congolaise. Nous craignons qu’au regard de l’évolution actuelle, certains pays européens changent leur position», a dit la CENCO au cours d’une conférence de presse organisée à Bruxelles hier mardi 26 septembre 2017 au siège du Réseau européen pour l’Afrique centrale (EurAc). Le Père Clément Makiobo Malelo de la Commission épiscopale nationale Justice et Paix du Congo a soutenu que le discours souverainiste des dirigeants africains n’est pas véridique.
La CENCO, constituée des pères de l’église, devait prêcher par l’exemple, en évitant de se référer pour tout à l’étranger, ou à la fameuse communauté internationale. Plusieurs années après l’indépendance, les Africains, mieux les Congolais ont toujours du mal à se libérer de la servitude mentale. Pour eux, une fois que l’Union européenne a dit quelque chose, c’est une parole d’évangile et personne ne doit s’y opposer. Quel est alors le sens de l’Etat, si pour des questions de politique interne, on doive chercher l’interventionnisme?
De l’audit de la CENI ou du fichier électoral
Toujours au cours du même échange avec les journalistes, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a appelé les partenaires internationaux du processus électoral congolais et particulièrement l’Union européenne à conditionner tout soutien aux prescrits de l’Accord du 31 décembre. « Le soutien à la CENI doit être conditionné par les prescrits de l’Accord du 31 décembre. Pour beaucoup de Congolais, la CENI est devenue une caisse de résonance de la Majorité présidentielle », a dit le Père Clément Makiobo Malelo de la Commission épiscopale nationale Justice et Paix du Congo.
A l’heure où a débuté l’enrôlement dans les deux provinces du Kasaï et dans quelques territoires de la province de Lomami, nombreux sont préoccupés de savoir que la prévision pour la CENI d’enrôler 45 millions de Congolais sera respectée. Et ce n’est qu’après que le fichier sera audité, comme il est de coutume, par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Exiger l’audit de la CENI, n’est pas une mauvaise chose en soi, mais le conditionner à tout financement conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre, c’est vouloir une chose et son contraire à la fois. Et c’est un comportement qui risque de compliquer l’organisation des élections du reste attendues de tous.
Soulignons que la délégation de la CENCO conduite par son président, Mgr Marcel Utembi, est en mission de plaidoyers depuis lundi à Bruxelles. Le vendredi prochain, la CENCO se rendra à Paris dans le cadre de la même mission de plaidoyer. Cette conférence s’est tenue à l’EurAc qui est une plateforme qui rassemble des organisations membres issues de la société civile de différents pays européens. Ces organisations travaillent sur et dans la région des Grands lacs. Elles soutiennent des organisations de la société civile au Burundi, en République Démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda dans leurs efforts de promotion de la paix, de la défense des droits humains et du développement.
L’Avenir