Pour financer le développement de la Rdc: La France va mobiliser 300 millions d’Euros

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Jean-Yves Le Drian, Ministre français des Affaires étrangères a annoncé, à l’issue d’une audience lui accordée hier par le Président de la République, Félix Tshisekedi, que son pays allait mobiliser la somme de 300 millions d’euros, pour toute la durée du mandat. A l’en croire, ce montant servira au développement, à la formation, à la santé et la sécurité, mais aussi aux objectifs globaux que sont la Francophonie et la lutte contre le réchauffement climatique, en incluant  les domaines agricoles et énergétiques. Dans cette perspective, il a annoncé l’arrivée imminente d’une mission française en Rdc, dès que  le nouveau gouvernement sera constitué, pour élaborer la méthode, mais surtout être en situation d‘efficacité. Disons que c’est la première visite d’un ministre des Affaires étrangères en Rdc, depuis 7 ans. Voilà pourquoi il pense qu’il nous importe de retrouver un bon rythme de partenariat. Ce qui devait caractériser la tenue de ces entretiens, c’est le fait que nous œuvrons  ensemble pour un partenariat nouveau entre la Rdc et la France. Partenariat nouveau qui s’appuie sur la feuille de route qui est publiée ci-dessous, qui sera enrichie d’ailleurs par des réflexions dans les domaines de l’énergie et de l’agriculture à la suite des entretiens que nous venons d’avoir.  « Le Président Macron m’a demandé de saluer toutes les initiatives prises par le Président Tshisekedi dans le domaine de l’Etat de droit : le fait d’avoir ouvert le processus démocratique, d’avoir fermé certains cachots, d’avoir accueilli le personnel de l’opposition, tout cela contribue à une alternance et à un changement que nous tenons à saluer », révèle-t-il. Jean-Yves Le Drian n’a pas manqué de répondre à certaines questions, notamment celle de savoir ce qui a changé, parce qu’il était sceptique lors de la proclamation des résultats à la présidentielle de 2018. Il a été franc : « Parce qu’il y a une alternance, je le constate avec plaisir. Il y a eu une élection démocratique validée par la Cour constitutionnelle et par l’Union africaine. Cette alternance se concrétise aussi par des actes. Ce n’est pas uniquement une alternance du discours ; mais de l’action. Et la France est du côté de ceux qui la mènent », dit-il, avant de répondre à une autre question : ‘’ la France a-t-elle sous-estimé les défis de la Rdc ?  «Mobilisons, utilisons et affectons d’abord les 300 millions, et puis on verra », rétorque-t-il.

Ci-dessous, la feuille de route entre la Rdc et la France :

JMNK

Déclaration conjointe à l’occasion de la visite du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en République démocratique du Congo

(20 mai 2019)

La France et la République démocratique du Congo (RDC) entretiennent des relations anciennes, fondées sur l’amitié, la confiance et la proximité culturelle et linguistique.

A l’occasion de la visite du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République Française à Kinshasa, les deux parties sont convenues d’approfondir la coopération bilatérale.

D’une part, la France et la RDC souhaitent mettre en œuvre un partenariat pour appuyer des priorités communes : l’éducation, la santé et la sécurité.

D’autre part, la France et la RDC réaffirment leur volonté de collaborer sur des sujets importants :

– La lutte contre le changement climatique

– La protection de la biodiversité dans l’esprit du « One Planet Summit » de Nairobi

– Le renforcement de la Francophonie dans toutes ses dimensions.

1/ Un partenariat de long terme axé sur des priorités communes

A. L’éducation

La population congolaise, dont près de la moitié à moins de 15 ans, constitue, à ne point douter, un potentiel important. Elle doit toutefois être formée pour affronter les défis de l’avenir. D’ores et déjà, notre coopération en matière d’éducation a permis la construction de 700 salles de classe et le financement des salaires de 30 000 enseignants congolais depuis 2013.

La France et la RDC ont décidé de donner une nouvelle dimension à cette coopération, notamment pour former les élites de demain dont la RDC a besoin. Cela passera par un appui renforcé aux grandes écoles de formations de l’Administration congolaise telles que l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), l’Institut national de formation judiciaire (INAFORJ) et l’Académie Diplomatique.

Les deux parties continueront également à travailler de concert afin d’accompagner la réforme de l’éducation engagée par les autorités congolaises dans le cadre des actions menées par le Partenariat Mondial pour l’Education.

B. La santé

Le développement passe par l’accès aux soins de santé. Ici, les hôpitaux de référence, en particulier dans le domaine de la santé maternelle et infantile, bénéficieront d’un appui renforcé.

L’épidémie Ebola qui touche particulièrement Beni, Butembo et une partie de l’Ituri depuis presque dix mois est une priorité majeure. Nous continuerons à promouvoir le travail conjoint de nos Instituts de recherche, afin d’affiner la connaissance du virus. Nous poursuivrons également notre réponse humanitaire concertée pour une meilleure sensibilisation des populations et une meilleure prise en charge des patients.

Nous intensifierons par ailleurs nos activités pour lutter contre le choléra, qui continue d’affecter de nombreux Congolais, notamment grâce à des projets d’assainissement et d’accès à l’eau potable dans les zones impactées.

Enfin, la France et la RDC sont pleinement engagées pour le succès de la 6e conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose, et le paludisme, qui aura lieu à Lyon le 10 octobre 2019, en vue de mobiliser au moins 14 milliards de dollars pour la période 2020-2022.

C. La stabilisation de la RDC

La stabilisation de l’ensemble du territoire congolais, notamment l’Est du pays, est un élément clé pour permettre le développement du pays. Elle passe par une ambitieuse réforme du secteur de la sécurité et un renforcement des capacités des forces armées de la RDC (FARDC).

Pour atteindre cet objectif, nous sommes convenus d’accroitre notre coopération de sécurité et de défense, en intensifiant la formation des cadres et en mettant en place une formation aux opérations de paix. La France et la RDC ont également décidé de coopérer sur le projet de création d’un Collège Interarmées de Défense qui sera chargé de former les futurs cadres des FARDC. La France s’impliquera plus fortement dans la réforme du secteur de sécurité à travers les initiatives multilatérales existantes telles que le programme PROGRESS financé par l’Union européenne.

2. Une action commune sur des sujets importants

A. La Francophonie

La France et la RDC sont les deux premiers pays francophones au monde. Nous sommes déterminés à contribuer au renforcement de la Francophonie dans toutes ses dimensions.

Le réseau culturel français qui est présent à Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Bukavu et Kisangani y contribuera. Nous nous félicitons à cet égard de l’ouverture prochaine d’un bureau de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à Kinshasa.

B. La lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité Trois ans après l’accord de Paris sur le climat, il est de notre devoir collectif de faire face à l’urgence climatique. La protection de la biodiversité est aussi un enjeu crucial pour notre planète. La RDC peut jouer un rôle clé sur ces deux sujets, en assurant la protection du bassin du Congo, deuxième forêt tropicale au monde. C’est dans cet esprit que les Présidents français et congolais se sont engagés pour le respect de la biodiversité via la conservation et la préservation des forêts en Afrique lors du « One Planet Summit » à Nairobi le 14 mars dernier.

La France et la RDC renouvellent leur soutien à l’initiative sur les forêts d’Afrique Centrale (IFAC), pour mettre en œuvre une gestion durable du poumon du continent, et s’engagent à mener des actions communes pour protéger la biodiversité et lutter contre le changement climatique.

3. Des moyens pour mettre en œuvre ces ambitions

Pour mener à bien ces objectifs, la France renforcera son aide à la RDC en utilisant plusieurs instruments, comme suit :

– prochain contrat de désendettement et de développement, que la France et la RDC souhaitent signer prochainement, d’un montant de 65 millions d’euros sur trois ans ;

– La montée en puissance de l’intervention de l’Agence Française de Développement (AFD) dont les subventions atteindront 30 millions d’euros en 2019 et dont l’objectif est porté à 50 millions d’euros pour 2020 et 2021 ;

– Nos contributions respectives aux différentes organisations internationales pour un montant total de 209 millions de dollars (sans la contribution au financement de la MONUSCO), telles que le Fonds Mondial (auquel la France est le 2ème contributeur mondial), ou l’Alliance pour le Vaccin (à qui la France a apporté 450 millions de dollars et dont la RDC est un des premiers bénéficiaires), UNITAID (où la France contribue à hauteur de 60%) et le 11ème FED (d’une enveloppe de 650 millions d’euros en RDC) qui permettent de définir une action pluridimensionnelle en RDC.

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