Mère Teresa: canonisation de la sainte des bidonvilles de Calcutta

par
0 77

En 1979, elle avait reçu le prix Nobel de la paix. En 2003, six ans après sa mort, le pape Jean-Paul II l’avait béatifiée. Ce dimanche, elle devient sainte pour toute l’Eglise catholique. Mère Teresa est canonisée ce dimanche matin 4 septembre, à Rome, lors d’une cérémonie présidée par le pape François qui en a fait la figure emblématique du Jubilé de la Miséricorde.

Il n’est guère étonnant que le pape François, dont on connaît la préoccupation pour les pauvres et les marginalisés, ait choisi cette année du Jubilé de la Miséricorde pour canoniser la sainte de Calcutta et montrer en exemple une vie religieuse hors du commun.

Mère Teresa quitte son Albanie natale à 18 ans pour rejoindre la congrégation des sœurs de Notre-Dame de Lorette, en Irlande puis en Inde, où elle arrive en 1929. Pendant quinze ans, elle enseigne à de jeunes filles de familles aisées et c’est suite à un appel intérieur en 1946 qu’elle quitte sa congrégation pour s’immerger dans la misère noire des bidonvilles de Calcutta. Revêtue d’un sari blanc – la couleur des castes pauvres – bordé d’un liseré bleu, elle parcourt les immondices des bidonvilles pour rechercher les malades, les mourants et leur donner une fin de vie digne en les accueillant dans les centres de sa congrégation.

La branche féminine des Missionnaires de la charité compte aujourd’hui 5 000 religieuses réparties dans 123 pays. Mystique qui dut composer avec une nuit de la foi de cinquante années, Mère Teresa ne lâcha jamais prise, se révéla bâtisseuse tout en vivant jusqu’au bout au plus près de la détresse humaine.

Parmi les 100 000 fidèles attendus, ce dimanche place Saint-Pierre, des femmes du monde entier seront présentes. Pour elles, la religieuse albanaise incarne la force de la femme au sein de l’Eglise.

Très appréciée en Inde

Mère Teresa est très appréciée par les Indiens, car elle a marqué les esprits en allant aider les lépreux, explique notre correspondant à New Delhi,Sébastien Farcis. Un geste très fort dans un pays où les pauvres et les basses castes meurent généralement dans l’indifférence. Seuls les hindouistes l’ont accusé de se servir de cette mission humanitaire pour convertir les mourants au catholicisme. Cette canonisation est également un moment de prestige et de reconnaissance pour la petite communauté chrétienne d’Inde, qui ne représente que 2% de la population et subit ces temps ci des persécutions de la part des extrêmiste hindous.

Les Missionnaires de la charité ont cependant été accusés, par des anciennes sœurs ou des bénévoles, d’un manque de professionnalisme et d’une absence de transparence. Ces religieuses font vœu de pauvreté, elles se donnent ainsi peu de moyens pour soigner les patients, qui ne bénéficient pas non plus de soins palliatifs pour apaiser leurs souffrances. Ces religieuses reçoivent pourtant des millions d’euros de dons chaque année, mais personne ne sait comment ils sont utilisés : c’est le Vatican qui aurait le contrôle sur cette immense manne financière et déciderait de combien doit être redistribué sur le terrain.

Jean Pierre Kayembe / rfi

PAS DE COMMENTAIRE

Laisser une Réponse