La gestion des immondices, un casse-tête à Kinshasa: Professionnels de santé, ménagères et vendeuses du marché témoignent

La gestion des déchets au quotidien est une situation éprouvante. Partant des ménages jusqu’au niveau de la ville province de Kinshasa, en passant par les marchés municipaux. En dépit de l’existence des bureaux gestionnaires dans chaque marché et de la taxe de salubrité, il s’observe que l’accumulation et l’évacuation des immondices est un véritable problème de société. Les stagiaires de L’Avenir ont accordé la parole à quelques acteurs sociaux, pour que ceux-ci se dévoilent en parlant de la persistance des immondices et de leur implication dans la santé individuelle et publique. Ces acteurs sont diversifiés au regard de leur statut social : un professionnel de santé, une vendeuse du marché, une ménagère, une jeune femme.
Lorsque l’environnement est malpropre, cela cause beaucoup de maladies, à l’instar de la fièvre typhoïde, du paludisme, du choléra, de la fièvre hémorragique d’Ebola. Le Dr Bavai qui a fait cette déclaration, est le permanent de la clinique La Trinité, dans la commune de Kasa Vubu. Parlant des recommandations pour éviter que la santé de la population ne se dégrade considérablement, le Dr appelle à un changement de mentalités. « On doit embellir notre ville, notre quartier, pour éviter certaines maladies. il y a de la saleté, des eaux stagnantes qui traine dans des avenues et servent de repères aux moustiques », a-t-il indiqué. Dans le même ordre d’idée, Maman Solange, une vendeuse du marché, fait entendre sa voix : au marché, nous qui vendons, nous commençons chaque matin par un coup de balai, pour rendre propre le lieu. En voyant s’accumuler l’insalubrité, la vendeuse n’a pas ménagé son ras-le-bol : La persistance de la saleté au marché nous dérange, même si nous balayons. Nous sommes exposés à diverses maladies dont l’estomac (la gastrite). Si le gouverneur de la ville province peut s’accorder une ronde d’inspection dans les marchés municipaux, il sera édifié. Car la situation sur le terrain nécessite un renfort en moyens logistiques pour assurer l’évacuation des déchets.
Une ménagère (qui a requis l’anonymat), rend le témoignage suivant, en réaction à la question : comment gérez-vous quotidiennement vos déchets domestiques ? Je balaie et déverse les détritus dans la poubelle, et je jette dans le tunnel du quartier. C’est toujours la même poubelle qui nous dérange et qui est aussi l’agent causal des maladies qui nous indisposent. En ce moment-là, on fait ce qu’on appelle Le Salongo (travail communautaire de maintien de propreté publique). A cette occasion, les sachets sont brûlés, d’autres déchets solides enterrés.
Les restaurants de fortune appelés communément « malewa » ne sont pas en reste. Une tenancière de ce lieu a délié la langue : nous, tenancières des « malewa », nous sommes entourés de la saleté, et notre activité quotidienne nous rend aussi productrices de déchets en quantité. Il est entendu que quand des tas d’immondices s’accumulent, la pollution se répand et les gens respirent difficilement. Que dire d’autres ? Nous nous réveillons très tôt, pour chercher de l’argent pour la survie de nos familles. Il y a d’autres clients qui ne supportent pas ces odeurs-là. Notre vœu le plus ardent est que le Gouverneur André Kimbuta se donne un temps pour circuler et se rendre compte de la situation surtout, surtout dans les marché. Il pourrait bien lancer l’idée de la voirie communale, comme cela se fait dans les pays organisés, où la municipalité dotée de petites voiturettes prend en charge l’évacuation de la saleté. Les ménages paient les taxes, et l’administration communale s’assume en fonction de son rayon d’action et de ses attributions.
(Lupimi Lukebakio Ghandy, stagiaire/Upn)