Kinshasound : Au cœur de la promotion de la musique urbaine !
Au centre de la commune de Bandalungwa, à Kinshasa, se trouve le studio Kinshasound. Partant de la rédaction du texte, création d’affiche et beat, enregistrement des sons, du mastering, en chutant par la promotion de la chanson, ce studio, tenu par Jophat Kasereka Muvunga, est une machine à production musicale urbaine avec une dizaine de milliers de chansons déjà enregistrées. Dans cet entretien avec celui qu’on surnomme « DDT Leader », découvrez dans les lignes qui suivent cette entreprise locale « Ghetto »dont le succès traverse les frontières nationales.
Présentez-nous Kinshasound et dites que veut dire DDT ?
DDT veut dire « Dieu Donne Tout ». Je suis capable de créer l’instrumental pour les artistes, d’écrire une chanson, faire enregistrer, faire le mixage, mastering. Je me suis lancé dans la production et j’ai crée mon propre label, Kinshasound avec les amis au départ. Pour le moment, je suis resté presque le seul à pérenniser cette vision. Nous essayons de produire les artistes musiciens dans le domaine de la musique Hip hop. Nous n’engageons pas de gens mais il y a juste un comité qui contribue à la survie du studio. Nous ne sommes pas une société commerciale, mais plutôt une ASBL. Nous avons deux personnes en permanence et moi-même ça fait trois.
Parlez nous de votre label Kinshasound ? Quelle est votre spécialité ?
Nous sommes spécialisés dans la création des musiques, des rythmes, des enregistrements sonores et vidéos, mixage de qualité et haute définition. Nous avons nos petits matériels qui nous aident à faire des vidéos pour des artistes que nous signons dans le label pour production. Nous essayons de faire aussi la promo de ce que nous faisons en participant à des événements.
Avez-vous produit combien d’artistes ?
Le nombre ? Ça va être un peu difficile puisque nous avons ouvert ce studio d’enregistrement il y a 5 ans. Alors compter, ça sera très difficile. Nous avons travaillé presqu’avec tout le monde qui évolue dans le secteur urbain. Je ne cite pas: Oliverman, Larousse Marciano, Iceman, Jazz-bouzz… je préfère me limité à la première génération des artistes qui nous ont beaucoup aidés et il y aussi cette génération actuelle qui nous fait énormément confiance. Notre travail consiste aussi à faire la promotion de la culture urbaine à Kinshasa particulièrement et dans le monde entier. Nous sommes le pionnier de cette culture urbaine.
A quoi consiste votre soutien ?
Le soutien est au niveau du studio d’enregistrement. Les artistes talentueux qu’on déniche, nous mettons à leur disposition notre studio d’enregistrement et un peu de moyens pour un business, tout d’abord, on signe un contrat de production limité. Et quand le temps expire, l’artiste peut voler de ses propres ailes. Mais l’objectif est d’abord de présenter les artistes talentueux et les conscientiser. Après, ce n’est pas aussi que ça rapporte, je suis ne simplement passionné de ce travail. Bref, on fait presque tout ce qu’un artiste musicien peut avoir besoin.
Quel genre de contrat signez-vous avez les artistes ?
Nous signons de contrat de production phonographique. Kinshasound signe l’œuvre et non l’artiste. Il est libre d’aller faire des prestations ailleurs. Nous, c’est seulement les titres. Une chanson comme « Pakadjuma » est made in « Kinshasoud ». Mais l’artiste peut aller le chanter ailleurs. C’est-à-dire : « Kinshasound » que signe l’œuvre et non l’artiste.
Orientez-vous les artistes vers la SOCODA pour protéger leurs œuvres ?
C’est vrai que ce sont des paramètres que nous voulons étudier, mais à la fin lorsque nous avons voulu régulariser çà, on s’est rendu compte à un moment qu’on ne faisait que des démarches qui n’aboutissaient pas. Le système culturel de notre pays ne nous soutient pas. On a vite essayé de s’ouvrir au monde via internet. Nous avons pris des contacts avec des distributeurs digitaux des musiques. Pour l’instant notre distributeur officiel, c’est Akila Production. Il nous a aidés à monétiser nos vidéos et rentabiliser ce que nous faisons. Ce qui nous a facilité l’enregistrement à la SACEM, qui est une structure mieux organisée que notre Socoda.
Avant l’enregistrement dans votre studio, un artiste paie combien ?
Nous, nous fonctionnons sous forme d’ASBL. Tarifer ou donner un prix, ce n’est pas dans notre système. Les artistes contribuent à la hauteur de leur moyen. Puisque nous avons signé un contrat de production, on lui propose notre studio d’enregistrement, on prend en charge le mastering, la location pour le tournage du clip et jusqu’ à aller même à la promotion. Et aussi, faire une promotion sur les réseaux sociaux.
Quelles sont difficultés rencontrées et quels sont vos projets les plus immédiats ?
Les locaux. Nous avons du mal à trouver des locaux adaptés à nos activités et ça nous empêche même d’avoir de personnel plus large. Le loyer est très cher à Kinshasa. Du coup, on peut avoir l’ambition d’acheter des matériels, mais on les mettra où ? Quand on calcule nos revenus, on n’a presque rien. On aimerait que le système puisse bien tourner en produisant des concerts. Mais nos moyens sont vraiment limités, alors très limités.
Généralement, l’argent que nous recevons des artistes de la musique urbaine ne vient pas de la vente des cds, moins encore la Socoda. La plus part des rappeurs font des petits jobs et ce qu’ils gagnent, ils viennent l’injecter dans leur passion. Nous voulons produire encore les artistes, présenter encore des produits, faire une grande promo et dans l’espoir qu’il ait un grand retour.
(Propos recueillis par Onassis Mutombo,)