Mécontents de la façon dont l’opération d’enrôlement et de révision du fichier électoral se déroule dans le grand Bandundu, les députés nationaux et notables des provinces du Kwango, Kwilu et Maï-Ndombe ont saisi Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale qui a convoqué le président de la CENI, Corneille Nangaa, pour une réunion d’éclaircissement et d’harmonisation. Et ce, parce que la volonté du Gouvernement est d’organiser des élections qui soient libres, crédibles, transparentes et apaisées. Et l’on n’a pas besoin d’aller aux élections dans une agitation, fut-elle l’œuvre d’une certaine opinion d’où qu’elle vienne, préviennent les députés nationaux de ces trois provinces.
Au sortir de cette réunion, Corneille Nangaa, président de la CENI a expliqué : nous venons de faire une évaluation à mi-parcours du déroulement de l’identification et enrôlement des électeurs dans les provinces de Kwango, Kwilu et Mai-Ndombe, soit l’ancienne province du Bandundu. Il y a des préoccupations majeures qui ont été soulevées en termes de lancement effectif de l’opération, de déploiement et approvisionnement en carburant, d’approvisionnement en intrants comme lubrifiants et cartes d’électeurs.
L’ensemble de ces préoccupations ont été passées en revue, en indiquant d’abord la spécificité de chaque province. Dans le Mai-Ndombe par exemple, le déploiement se fait en utilisant les eaux. Au Kwilu par contre, c’est facile, on peut atteindre chaque chefferie par camions. Pendant que pour le Kwango aussi, il a été évalué la problématique, surtout dans les coins les plus difficiles comme les territoires de Popokabaka, Kasongo-Lunda dans son axe Panzi-Mawanga-Kibunda-Tembo où l’accessibilité n’est pas évidente.
« Nous avons donc passé en revue ces éléments en indiquant surtout que pour les carburants, la solution est en cours et aujourd’hui, le carburant est entrain d’être déployé. La difficulté qui est devant aujourd’hui, c’est en terme des intrants et nous sommes entrain de gérer cela avec responsabilité », précise le président de la Centrale électorale. C’était aussi l’occasion de leur dire que c’est le premier mois qui vient de s’écouler, non seulement pour l’ancien Bandundu, mais aussi pour les provinces de Haut Uélé et Bas-Uélé, Tshopo, Sankuru, Lomami, Kwango, Kwili, Mai-Ndombe et Kongo Central et Kinshasa, où on a déjà dépassé le cap d’un mois. Il va falloir qu’on commence à payer les premiers salaires des agents. Nous avons signé un partenariat, on fera des évaluations de façon mensuelle pour suivre de près cette question. Mais il est question que l’on fasse l’équité. Autant on a fait 90 dans d’autres provinces, autant faire 90 jours dans les trois provinces.
Evaluant l’enrôlement en général, Corneille Nangaa avoue : nous sommes à 30 millions d’électeurs inscrits. Nous ne les avons pas obtenus dans un boulevard. Nous faisons face aux problèmes, nous les avons résolus et aujourd’hui, on a fait ce résultat. On va continuer à gérer le problème avec responsabilité jusqu’à ce qu’on enrôle tous les Congolais. A Kinshasa où l’opération est en cours, la CENI a ouvert tous les 967 centres. Nous saluons cet engouement et on a atteint la vitesse de croisière.
Cap sur l’effectivité de l’enrôlement
Pour sa part, l’honorable Jean Kimbunda indique qu’ils ont échangé très librement avec le président de la CENI. Les questions fondamentales ont été soulevées en ce qui concerne la logistique de la CENI sur terrain. Il a été constaté que les Centres d’inscriptions n’étaient pas encore déployés dans la grande province de Bandundu. « Un mois après, nous sommes à près de 13% d’enrôlés, ce qui est anormal », déplore-t-il. Il soutient toutefois que les questions précises ont été posées, et certaines avaient déjà trouvé des réponses. En ce qui concerne le carburant et les lubrifiants, Nangaa s’en est bien tiré, parce que ça fait près d’une semaine que l’on distribue le carburant dans les Centres d’inscriptions. Il y avait aussi un problème de mobilité avec les motos et les hors-bords, surtout pour la province de Mai-Ndombe. A ce jour, tous les Centres d’inscription dans le Bandundu sont entrain d’être déployés et la CENi dans les jours qui viennent, aura fait œuvre utile dans la démarche qui était celle des députés de ces trois provinces, de tirer la sonnette d’alarme.
A l’en croire, il reste un problème fondamental. En effet, si la CENI à eu à résoudre la question liée au carburant et à la mobilité, pour les centres d’inscriptions, il reste un problème réel pour assurer la continuité et l’effectivité de l’enrôlement. « Dans la mesure où aujourd’hui, ils ont des problèmes financiers réels et en tant que députés nationaux, il nous a été demandé d’entrer en contact avec le Gouvernement pour qu’il s’assume, en terme de responsabilité pour mettre les moyens nécessaires à la disposition de la CENI. Sans lesquels l’administration électorale ne pourra honorer ses engagements vis-à-vis de la nation. Il y a des questions techniques liées à la CENI et des questions financières qui relèvent du Gouvernement de la République », dit-il.
Selon lui, cette démarche ne cache rien. Elle met en exergue la préoccupation qui est la leur. « Nous voulons que Bandundu qui est un véritable « swing state » continue à jouer ce rôle-là. Nous voulons que Bandundu puisse garder, au mieux améliorer le nombre de sièges au niveau de l’Assemblée nationale et à tous les autres niveaux. Nous voulons jouer notre rôle d’avant-garde. Nous tenons à ce que dans le délai qui est légal, l’enrôlement se passe dans le Bandundu, soit 90 dans un centre une fois qu’il devient opérationnel. Pour nous, nous sommes prêts à nous enrôler. Près de 70% vont être déployés. Pour nous, l’enrôlement commence aujourd’hui. Nous tenons à avoir un enrôlement qui se passe correctement avant d’aller aux élections », souligne-t-il.
En tant que député national, il avoue qu’ils se sont déjà mobilisés pour certaines provinces où il y avait des problèmes, notamment le grand nord. « Aujourd’hui, nous le faisons pour le Bandundu et nous allons continuer à le faire. Nous aurons une autre réunion dans trois semaines pour évaluer la situation, parce que la volonté du Gouvernement est d’organiser des élections qui soient libres, crédibles, transparentes et apaisées. Nous n’avons pas besoin d’aller aux élections dans une agitation, fut-elle l’œuvre d’une certaine opinion d’où qu’elle vienne.
(JMNK)