Un paradoxe plane:Trop d’universités, peu d’emplois, beaucoup de jeunes au chômage

Le gouvernement de la République a pris l’engagement d’apporter un appui déterminant à la filière technique de l’enseignement. C’était dans son conseil des ministres du lundi 22 juin 2009. Pour l’heure, tout institut supérieur se mue en université, augmentant son prestige, sans garantir l’embauche à l’issue de la formation. Pendant ce temps, une étude publiée par le Centre professionnel « Don Bosco Lukunga » sur l’emploi des jeunes, fait des révélations troublantes. Celles-ci montrent, en effet, que pendant que la majorité de jeunes peine et s’use dans le chômage, environ 10% seulement trouvent un emploi correspondant à leurs capacités et à leurs compétences. Dans le même ordre d’idée, le bureau du travail intégré à ce Centre professionnel tire la sonnette d’alarme : Environs 9,6 millions de jeunes seront des chômeurs en 2020
Pour une politique nationale de récupération…
- Kitoko Kinitu Nduti Ntoto Camille (dont l’interview suit), responsable scolaire de longue date, est d’avis que l’enseignement du cycle court répondait à un besoin social notamment d’agents d’exécution. Il est le directeur de l’école primaire officielle Kikela à Kikela, groupement de Vua, secteur de Mfidi Malele, territoire de Madimba, district de la Lukaya, province du Bas Congo. « Si le pouvoir gestionnaire pensait à cela, ce serait mieux, afin qu’on puisse réfléchir déjà sur la récupération de ceux qui sont en position défavorable. A défaut du cycle court, l’on peut envisager des centres de récupération. Cela vaut la peine, surtout que l’on observe déjà dans la société tant de débordement et surtout la montée d’une forme de banditisme entretenu par une jeunesse en mal de positionnement social », a-t-il relevé.
L’Avenir : en votre qualité de responsable scolaire, que pensez-vous de la suppression de l’enseignement cycle court par les autorités congolaises ?
Kitoko Kinitu : la suppression de l’enseignement cycle court relève d’une mauvaise procédure. Dans la mesure où, tout enfant n’est pas capable ou n’a pas le quotient intellectuel qui lui permette d’affronter le cycle long ou de poursuivre les études universitaires. C’est ainsi que l’on trouve dans le social, des enfants qui n’ont pas été à l’école mais qui parviennent à apprendre un métier quelque part. Cela étant, l’Etat devrait maintenir les écoles dispensant l’enseignement du cycle court, essentiellement en milieux ruraux. Ceci dans le souci notamment de donner la possibilité aux faibles de se retrouver.
-Par rapport à votre expérience de longue date comme directeur, affirmez-vous qu’il y a eu une enquête préalable pour amener l’autorité à supprimer l’enseignement du cycle court, ou la décision a-t-elle été brusque ?
KK : Je dirais que c’est l’évolution de la science qui a motivé la décision de l’autorité. Donc à mon avis, il n’a pas fallu qu’on en arrive à la suppression de ces écoles. Leur maintien serait favorable à l’épanouissement des faibles. J’insiste en disant pour les faibles.
-Il s’observe depuis un temps que nombre d’établissements d’enseignement supérieur s’obstinent à changer de statut, en se muant en universités. L’on n’est plus institut supérieur, l’on veut devenir université. Et dans un contexte où tout le monde veut devenir cadre, c’est l’enseignement de cadres qui prévaut. Ne croyez-vous pas qu’il y ait nécessité pour un pays d’avoir aussi des agentes d’exécution ?
-KK : Il n’y a pas de cadres sans agents d’exécution. Dans l’ordre hiérarchique, tout le monde ne peut être placé au sommet. Il y a d’un côté les forts et, de l’autre, les faibles. Celui qui est moins fort veut garder sa position. D’où, ce n’est pas tout le monde qui a la capacité d’aller à l’université. Mais n’oublions surtout pas qu’il y a des faibles qui travaillent mieux que certains cadres. Il ya donc nécessité que chacun soit considéré au rang où il se trouve.
(Propos recueillis par Payne)