Un faux document, prétendument attribué au Gouverneur de la ville province de Kinshasa, est venu semer le trouble. Ceci, pendant que l’Hôtel de ville qui a reçu les demandes du Rassemblement d’organiser la marche le 30 novembre 2017, et la Majorité Présidentielle le 28 novembre 2017, a tout simplement refusé de prendre acte, expliquant aux concernés qu’il n’avait pas les moyens nécessaires pour sécuriser lesdites marches. Mis au parfum de ce Fake News, l’Hôtel de ville de Kinshasa s’est empressé d’informer l’opinion que la lettre circulant dans les réseaux sociaux, donnant autorisation d’une marche du Rassemblement, est un faux. Et ce, avant de préciser que le Gouverneur André Kimbuta n’a jamais signé pareille lettre.
Un faux sur toute la ligne
« Rien qu’à voir le nombre de fautes d’orthographe, il est évident qu’il s’agit d’une lettre écrite par des personnes n’ayant aucune notion de français », a dit sur Top Congo FM, un proche collaborateur du gouverneur de la ville de Kinshasa. L’Hôtel de ville rappelle qu’elle n’a pas pris acte des lettres de la Majorité Présidentielle ni du Rassemblement l’informant de l’organisation de manifestations les 28 et 30 novembre 2017.
Au-delà de ces raisons, l’objet de la lettre trahit ceux qui ont cru tromper tout le monde et influencer ainsi l’opinion nationale et internationale. Les indiscrétions révèlent qu’il s’agit d’un cadre influent du Rassop/Limete, qui serait à la base de cette falsification. La loi veut qu’une telle personne soit acheminée en justice pour qu’elle réponde de ses actes. Malheureusement, dans pareil cas, il est difficile de pointer du doigt une personne sans preuve. D’où la nécessité d’une enquête sérieuse. Mais rien ne sert à se transformer en Kimbuta, pour un événement qui est même pressenti ne pas réussir.
En République démocratique du Congo, le Gouverneur de la ville de Kinshasa n’autorise pas de marche ; mais prend acte. La Rdc a adopté le régime de l’information de l’autorité compétente, appelée à prendre les mesures qui s’imposent. Cette autorité a aussi la liberté d’expliquer à ses interlocuteurs qu’il n’a pas assez de moyens nécessaires lui permettant de prendre en charge une marche. C’est ce qui a été fait dans le cas d’espèce.
Logiquement, les auteurs de ce faux voulaient provoquer une confusion dans les têtes des militants du Rassemblement, qui seraient obligés de sortir aujourd’hui parce que l’Hôtel de ville leur a donné l’autorisation. Le faux avait aussi pour objectif de provoquer la frustration dans le chef des partisans de la Majorité Présidentielle qui se croiraient lésés par la décision de l’Hôtel de ville.
Peine perdue, la manœuvre a échoué et tout le monde a dénoncé cette façon de faire de certains Congolais qui se permettent de trafiquer la signature d’André Kimbuta. Si réellement on a la capacité de mobiliser le monde, pourquoi trafiquer un document officiel ? C’est la question que se posent les Kinois indignés de ce comportement qui n’honore pas leurs auteurs. Tout le monde le sait aussi, depuis la disparation d’Etienne Tshisekedi, ancien président du Conseil des Sages du Rassop, aucun appel de ses orphelins politiques n’a été suivi. Sur ce, Tshisekedi fils et les siens se sont affiliés avec des mouvements dits citoyens, et quelques autres partis de l’Opposition comme le MLC et l’UNC, pour composer une union de circonstance. Malheureusement jusque-là, rien n’aboutit. Les Congolais ont déjà bravé des villes mortes. Tout porte à croire que même cette marche devenue déjà anarchique, ne pourra aboutir à rien. Les Kinois, comme tous les autres Congolais, sont appelés à faire preuve de bon sens et de patriotisme, afin de barrer la route aux ennemis de la paix, voulant comparer la RDC à d’autres pays africains dont le pouvoir a été pris dans la rue.
La Monusco demande aux citoyens d’éviter la violence
Lors de son point de presse hebdomadaire d’hier mercredi, la Monusco a appelé les autorités congolaises à respecter la liberté de réunion et de manifestation qui figure dans la Constitution congolaise et à instruire les forces de défense et de sécurité à suivre les principes de nécessité, proportionnalité et légalité, conformément aux normes internationales dans les opérations de maintien d’ordre public.
« Nous rappelons également aux citoyens que le droit de manifester implique de s’abstenir de recourir à la violence sous toutes ses formes », indique la Mission onusienne, avant d’ajouter que ce rappel intervient alors que des incidents ont émaillé des manifestations organisées hier à Goma et à Butembo, dans le Nord-Kivu. La Police nationale congolaise a dispersé les manifestants, ce qui a entrainé au moins six blessés et l’arrestation d’au moins 26 personnes. Des actes d’intimidation et des menaces à l’encontre des journalistes et des équipes de la Monusco ont également été rapportés.
La MONUSCO souligne que seule la mise en œuvre intégrale de l’Accord du 31 décembre permettra de mener la RDC vers l’organisation des élections et vers une alternance politique dans un contexte apaisé où prévalent l’Etat de droit et le respect des droits et libertés fondamentales, conformément à la Constitution.
Reynders constate la liberté de manifester
Au cours de son récent passage à Kinshasa, le ministre des Affaires étrangères de la Belgique, Didier Reynders, a constaté que la liberté de manifester se portait bien en République Démocratique du Congo. Ce constat a été fait à la suite des protestations de certains Congolais le jour même de l’inauguration du nouveau siège de l’ambassade belge à Kinshasa. L’opinion pense que la déclaration de Reynders est une simple ironie, puisque n’ayant pas de réponses à donner aux Congolais qui dénonçaient l’ingérence belge dans les affaires de la RDC, et réclamaient les restes du héros national, Patrice Emery Lumumba.
« Belgique assassin », c’est ce qu’on pouvait lire sur des calicots des manifestants. Choqué, le diplomate belge choisit de donner des orientations aux autorités belges sur les manifestations publiques, voulant bafouer la décision du gouverneur de la ville de Kinshasa. Ce ministre belge doit plutôt répondre à la morosité des relations diplomatiques entre la RDC et la Belgique, dont il est à la base.
La Police va décourager
Dans une conférence de presse tenue à Kinshasa, Félix Tshisekedi, le président du Rassemblement a rappelé que la marche prévue par son regroupement vise aussi à «dire non au régime actuel dont le sursis d’une année expire le 31 décembre 2018» et rejeter la nouvelle loi électorale actuellement sous examen au Parlement. Ce projet de loi électorale contient de nouveaux critères d’éligibilité contraignants que l’opposition juge « liberticides ».
Réagissant aux propos de Félix Tshisekedi appelant à la manifestation pacifique de jeudi 30 novembre, le porte-parole de la police nationale congolaise, le Colonel Pierrot Mwanamputu a rappelé de son côté à Radio Okapi que l’autorité urbaine n’a pas pris acte de cette manifestation. «Et comme le Rassemblement voudrait un bras de fer contre la décision de l’autorité ayant interdit la manifestation, a souligné l’officier de police, les responsables de cette plateforme politique en tireront toutes les conséquences».
Il précise par ailleurs que «la police va décourager tous ceux qui empêchent les autres de vaquer librement à leurs occupations». Entre temps, ajoute-t-il, la police continue avec ses opérations de contrôle, de patrouille pédestre comme motorisé sur les artères de la capitale de la RDC.
L’Avenir