La CENI a réussi le report du vote sans effondrement du processus électoral

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L’annonce du report du jour de vote pour le processus électoral en cours en RDC du 23 au 30 Décembre 2018, a fait le tour de la planète Terre à la vitesse de la lumière. Dans la salle Abbé Apollinaire Malu Malu, le Jeudi 20 Décembre 2018, le président de la CENI a livré la rationalité de cette décision avec sérénité.  Ce décalage est un impératif logistique limpide, au regard de sa cause première qui est l’incendie de l’entrepôt principal de la CENI dans la Commune de la Gombe. Cette catastrophe avait décimé les matériels et documents destinés aux opérations électorales de la Ville-province de Kinshasa. La CENI s’est retrouvée devant un authentique dilemme cornélien : transposer les élections de Kinshasa (pour manque des documents) sept jours après leur tenue le 23 Décembre dans les autres provinces ou reporter les élections pour toutes les circonscriptions. La centrale électorale a levé l’option la plus intelligente, voire la plus sage pour éviter les conséquences politiques néfastes. Alors que les politiciens catastrophistes appelaient de tous leurs vœux un soulèvement, sur tout le territoire national la population est restée calme. Les principaux groupes politiques compétiteurs, notamment le FCC, CASH et LAMUKA ont accepté le report à cause de son indéniable et imparable caractère technique et non politique. Grace divine sur le Congo.

Cet événement, comme toute occurrence sociale de très haute portée politique, est producteur d’une discursivité étalant l’état d’esprit des Congolais en général. Leurs réactions, leurs interprétations de l’événement, et surtout leur projection des faits dans le temps, par rapport à ce report du vote, imposent une réflexion substantielle.  Ma thèse ici est que dans un schéma catastrophiste, certains politiciens ont voulu créer une confusion entre décalage  technique du vote et report politique du processus électoral, pour justifier la violence dont ils promeuvent déjà l’enclenchement si les résultats des élections ne sont pas en leur faveur.  Par ailleurs, je note qu’à travers cette décision à ce moment précis, la CENI a fait preuve d’une remarquable habileté technique et de discernement politique. La conclusion est que nous devons  être très alertes aux stratagèmes de distorsion machiavélique des sens des événements par les politiciens catastrophistes. Ils veulent manipuler l’entendement des faits pour avilir la CENI et planter le décor mental pour décrédibiliser l’issue des élections.

  1. LES POLITICIENS CATASTROPHISTES ET LA FAUSSE ABSORPTION MENTALE DU REPORT DU VOTE

A l’annonce de cet événement, certains politiciens et autres analystes politiques artisanaux ont tout de suite crié sur tous les toits leur étincelante vertu prophétique. «Nous l’avions prédit. La CENI n’était pas prête pour organiser les élections au 23 Décembre 2018», ont-ils clamé. Cependant une réflexion substantielle assortie de véridiction démontre que ce que la CENI a annoncé n’est pas du tout un report du processus électoral (souhaité et prédit par les prophètes des malheurs), mais plutôt un décalage du jour de vote d’une semaine. En nature opérationnelle, en causalité et en projection pour la suite du processus, le distinguo est de taille.

Les politiciens pseudo-prophètes et autres journalistes catastrophistes avaient prédit, eux, un report intégral de tout le processus électoral. Comme cause de ce report intégral, qui était au centre des incantations des politiciens fatalistes, on clamait l’impréparation de la CENI, l’illégalité de la Machine à Voter et le ficher électoral corrompu.  «Pas de consensus, pas d’élections», argumentaient-ils. Mais, au regard des faits tangibles, à la lumière de notre pratique politique et considérant notre histoire, il est indubitable que beaucoup de politiciens appelaient le report intégral de tout le processus électoral de tous leurs vœux pour créer l’opportunité de nouvelles négociations pouvant aboutir à un énième partage de pouvoir. D’autres encore, semblaient redouter l’organisation d’une campagne électorale très couteuse sur tout le territoire de la RDC. Ils pensaient que le report du reste du processus (précampagne, campagne, vote) leur permettrait de mieux se préparer. Et les faits démontrent la véracité de ces deux thèses : seuls trois candidats (Shadary, Fayulu, Tshisekedi) ont battu campagne. Même au niveau de la compétition législative, les faits démontrent que beaucoup de politiciens ne s’étaient pas préparés minutieusement pour organiser des campagnes professionnelles. Par ailleurs, les extrémistes, notamment ceux qui militaient en faveur d’une transition sans Joseph Kabila, voulaient que (comme par envoutement)  la CENI avoue qu’elle ne peut pas organiser les élections cette année, pour qu’eux accèdent au pouvoir et organisent les élections selon leur propre schéma.  Pour éviter la manipulation des Congolais par les politiciens machiavéliques, il est donc d’une impérieuse nécessité de clarifier la conceptualisation de cet événement dans la conscience collective. Il ne s’agit pas de la matérialisation de la prophétie des fatalistes qui prédisaient un report intégral, mais d’un décalage technique dans un processus qui suit son cours normal.

  1. LA CENI A FAIT PREUVE D’UNE CAPACITE DE MANAGEMENT OPERATIONNEL DE L’IMPONDERABLE.

Force est de souligner que loin de démontrer l’impréparation de la CENI, ce report découlant d’une force majeure, notamment l’incendie de l’entrepôt de la Gombe, révèle plutôt la capacité de réorganisation opérationnelle de l’autorité électorale de la RDC face à l’impondérable. Il convient de rappeler, à cet égard, que la cause du report n’est pas du tout celle qui était clamée par les fatalistes. Alors qu’eux brandissaient l’incapacité de la CENI d’amorcer le processus électoral et pointaient du doigt le déficit de consensus, les faits démontrent que leurs arguments se sont évaporés devant le déroulement tangible de toutes les opérations jusqu’à la fin de la campagne. Et on peut affirmer de manière péremptoire que si l’incendie de l’entrepôt n’avait pas eu lieu, le vote allait bel et bien être organisé le Dimanche 23 Décembre 2018. L’affirmation est d’autant plus véridique que le dernier brin de doute était lié au rejet de la Machine à Voter par la frange radicale de l’opposition. Cependant, à l’agréable surprise générale, cette aile radicale a officiellement déclaré qu’elle accepte la MAV comme imprimante des bulletins de vote. En d’autres termes, il n’y avait plus sur la voie électorale d’obstacles sur la finalisation des toutes les autres phases des scrutins – sauf l’impondérable-incendie.

Dans le cas de figure de ce report du jour des scrutins, on n’est pas dans la situation d’une quelconque incapacité organisationnelle (d’autant plus que toutes les autres phases se sont déroulées convenablement), mais dans la problématique typique de la gestion d’un impondérable logistique. Ici encore la propension naturelle de certains politiciens et analystes au réductionnisme a été observée. Une ligne d’argumentation populiste a pointé du doigt la très haute sécurité de l’espace où se situe l’entrepôt, allant jusqu’à insinuer que l’incendie avait pour finalité de justifier le report du processus électoral. Raisonnons froidement : d’abord, il n’y a aucun système sécuritaire capable d’empêcher inéluctablement un criminel déterminé à perpétrer un forfait d’arriver à ses fins. La proximité de l’Etat-major de la Première Zone de la Défense et du Camp Kokolo peut bien produire l’effet dissuasif, mais ce n’est pas un rempart absolu. Ceci est d’autant plus vrai que le Camp Kokolo lui-même a déjà été victime des incendies de ses propres poudrières. Bien plus, il est simplement aberrant d’insinuer que la CENI aurait instigué la destruction des biens valant plus de $ 10 millions pour obtenir in fine un décalage du jour de vote de 7 jours !

La sagacité intellectuelle consisterait plutôt à cogiter en substance sur le registre du management opérationnel, notamment sur la manière dont la CENI a géré l’impondérable. Ici on peut affirmer que malgré son optimisme sur la continuation des autres phases du processus électoral après l’incendie, la CENI s’est retrouvée devant une difficulté imparable : toutes les options envisagées indiquaient que le vote pouvait avoir lieu dans toutes les autres provinces le 23 Décembre, sauf à Kinshasa. Et la CENI a levé la meilleure option consistant à discuter avec les parties prenantes, échanger avec les autorités institutionnelles, et annoncer le décalage du jour du vote de sept jours. C’est ce que le professionnalisme de la gestion managériale des élections exige : devant l’impondérable, il faut la transparence et la promptitude de la solution. D’ailleurs, ce qui est arrivé n’est pas une occurrence unique à la RDC et à la CENI : en 2015 la CENI du Nigeria avait décalé le vote de six semaines pour permettre à l’armée de lancer une attaque contre Boko Haram dans le nord-est du pays. En RDC compte tenu du fait que le processus électoral se déroulait déjà normalement et que la campagne connaissait un aboutissement heureux, il n’y a pas eu de séisme politique.

3.Conclusion

LE PROCESSUS ELECTORAL EST INTACT ET LA CENI MAITRISE SES OPERATIONS

Le processus électoral Congolais est intact, ininterrompu et irréversible, dans l’intégralité des séquences projetées. A la lumière des faits, et au regard du déroulement des phases d’identification des électeurs, de l’enregistrement des candidats à tous les niveaux (avec le complexe processus de validation et d’invalidation qui auraient pu provoquer des affrontements), le lancement de la campagne (malgré quelques cas inévitables de violence), la CENI a la maitrise de ses opérations.  Tous les experts internationaux qui sont arrivés en RDC ont été impressionnés par les prouesses logistiques de la CENI qui avant l’incendie, avait  pratiquement tous les matériels stratégiques sur tout le territoire national d’un sous-continent.

Une conceptualisation ou une absorption mentale veridique impose que l’on intériorise ce report comme un déplacement temporel du jour du vote de sept jours sur le calendrier – qui n’est jamais granitique du reste. Il est d’une importance capitale que l’on évite de faire croire à la population que cette transposition du jour du vote est  l’accomplissement de la prédiction catastrophiste de l’échec de la CENI. Un effort de véridiction, ou de contribution à une absorption mentale en adéquation entre l’Esprit et le phénomène dans leur factualité, est indispensable. En effet, le comportement de la population est essentiellement fonction de ce que les citoyens  mettent dans leurs esprits au regard des événements de notre société. Et les politiciens et leurs associés intellectuels négationnistes-catastrophistes, ont cette particulière virtuosité d’attribuer aux événements des significations (voire des signifiants et signifiés) tordues pour rationaliser leurs stratagèmes politiques. Dans ce cas de figure, leur schéma discursif est de faire triompher l’entendement d’un report annonciateur des résultats catastrophiques. La finalité est de disposer une frange de la population à la contestation des résultats – qui est devenue une pratique courante en Afrique comme on l’a vu au Kenya, au Zimbabwe et au Mali. Le calme avec lequel la population (ayant déjà vu le dur labeur de titan abattu par la CENI), a accueilli l’annonce du décalage du jour du vote, est une indication cristalline qu’elle accueillera les résultats avec quiétude.

 

Hubert Kabasu Babu Katulondi (Libre-penseur et écrivain)

 

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