Kinshasa: Des jardins potagers poussent de partout

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Un jardin potager à Nantes en France sur un tombeau/Ph. Tdr

Les Kinois ne manquent pas d’imagination en ce qui concerne l’autosuffisance alimentaire. Parmi les initiatives qui vont bien, figure celle de la culture du sol. D’où, la naissance des jardins potagers en plusieurs endroits de la ville et ce, même sur les artères publiques, le long des routes et sur des sites abritant jadis des cimetières.   

Dans la commune de Kasa-Vubu,  au croisement des avenue Saïo et Kasa-Vubu, à proximité du centre kimbanguiste où se situait le cimetière de Kasa-vubu depuis l’époque coloniale, s’est développé une vaste étendue de pépinières. L’on y trouve une diversité de légumes qui poussent dans ces jardins potagers.

C’est aussi le cas dans la commune de Bandalungwa, partant de l’avenue Kasa-Vubu vers la maison communale, dans la direction de Bakayau,  en dessous des lignes de hautes tensions de la SNEL, à proximité de la paroisse Saint-Michel, on trouve là des horticultures épanouies.

Dans la capitale Kinshasa, il y a au moins cinq grandes pépinières où l’on pratique l’horticulture. De la commune de Limete sur la place de l’Echangeur en passant par Lemba au camp Kabila, la vallée de la Funa ainsi qu’à Bandalungwa. Toutes ces pépinières sont placées sur les artères publiques.

Cet état de choses semble ne plus préoccuper les habitants des quartiers environnants et ils préfèrent s’alimenter auprès de ces mamans maraichères plutôt que de s’approvisionner dans les alimentations. Certaines personnes estiment même que ces jardins potagers ont l’avantage d’être écologiques en lieu et place des légumes vendus aux supermarchés et alimentations de la ville province de Kinshasa.

Aux autres d’affirmer que la proximité créée par ces jardins potagers favorisent également la consommation de ces légumes.

Pour sa part, M. Dieudonné Musibondo, chef du Département scientifique à l’INR, partant des échantillons frais des amarantes (Matembele), des sols et de l’eau provenant de cinq pépinières de la capitale, cet écotoxicologue a prouvé que les légumes cultivés au bord de la route à Kinshasa contiennent du plomb.

Il l’a démontré suite à une étude qu’il a effectuée et publiée dont l’intitulé est: ‘’Pollution au plomb des légumes cultivés à Kinshasa : un problème de santé publique.’’ Les pépinières prises comme échantillon par ce chercheur sont celles de Bandalungwa, de l’Echangeur de Limete, du camp Kabila, de Mokali et de la Vallée de la Funa.

Les résultats indiquent que les teneurs en plomb dans le sol sont très élevées, et décroissent avec l’augmentation de la distance par rapport à la route (où passent les véhicules). L’étude souligne que les véhicules motorisés à essence plombée sont responsables de cette pollution. Ainsi, les légumes cultivés au bord des routes ont le même profil en plomb que le sol sur lequel ils sont plantés. La pollution étant dans l’air et le sol, la qualité de l’eau aspergée sur les légumes n’a pas beaucoup de problèmes.

Par ailleurs, pour ce qui est des anciens cimetières transformés en pépinières, l’initiative est à encourager, à en croire certains experts de l’environnement. Car, affirment-ils, le corps humain est un grand élément biodégradable. C’est ainsi que dans d’autres cimetières, on n’enterre pas le corps avec des fleurs synthétique mais plutôt naturelle. Cela dans le souci en vue de favoriser l’entretien du sous-sol étant donné que le plastique pollue. Et le fait c’est avérer vrai avec l’ancien cimetière de Kasa-Vubu tout comme à Nantes en France où Mme Gaëlle le Guillou a fait pousser des courgettes blanches sur sa tombe. (Voir photo ci-contre).

D’après un rapport de la FAO, dans des fermes-écoles, 10 000 horticulteurs ont appris à limiter l’utilisation des pesticides, protégeant ainsi la santé de leur famille et l’environnement.

Des terres auparavant considérées comme incultes (parcelles situées le long des routes, des cours d’eau ou entre les maisons) permettent aujourd’hui de nourrir des villes de la République démocratique du Congo, grâce à un projet de la FAO qui montre à quel point l’horticulture urbaine et périurbaine peut avoir des effets positifs sur la sécurité alimentaire nationale. Non seulement les participants ont amélioré la nutrition de leur famille, mais ils ont également augmenté leurs revenus en vendant leur excédent de production sur les marchés locaux. Ils approvisionnent en outre les supermarchés, les restaurants et les hôtels urbains. Dans la seule capitale, Kinshasa, ils produisent 80 000 à 100 000 tonnes de légumes par an en cultivant des jardins situés dans et autour de la ville.

Tout le continent africain souffre des conséquences de cette urbanisation rapide, les villes surpeuplées étant incapables de subvenir aux besoins des citadins pauvres, qui n’ont pas accès à la terre et sont incapables de produire leur propre nourriture. Les quelques-uns qui ont réussi à créer de petits jardins et à planter des légumes sur des terres inutilisées dans les villes et leurs environs étaient souvent considérés comme des squatters, car ils cultivaient ces terres de manière illégale. Pourtant, il s’agissait pour la plupart d’entre eux de leur seul accès à la nourriture.

La FAO a également créé, dans le cadre de ce projet, 55 jardins potagers scolaires, qui permettent d’apprendre l’horticulture et la nutrition aux enfants, tout en veillant à ce que des écoles disposent de légumes sains pour les repas des élèves.

Aujourd’hui, en croire le rapport de la FAO, 70 % des légumes feuillus consommés à Kinshasa sont cultivés sur place, dans des jardins maraîchers situés dans la ville et ses alentours. En plus d’améliorer l’approvisionnement alimentaire du pays en fournissant aux marchés locaux les fruits et les légumes sains indispensables à une bonne nutrition, le projet a également encouragé les agriculteurs, seuls ou en associations, à exploiter des marchés de niche. Ainsi, ils fournissent aujourd’hui des légumes et des fruits sains et d’excellente qualité comme la papaye, la mangue ou l’ananas aux restaurants, aux hôtels et aux supermarchés de la ville. Jusque-là, la capitale faisait venir ses pommes de terre par avion des provinces du Kivu, dans l’est du pays, ou les importait de l’étranger; aujourd’hui, les pommes de terre arrivent de Mbanza Ngungu, à 150 km de là, ce qui a fait chuter les coûts de transport et, par conséquent, le prix des pommes de terre à Kinshasa.

Développer l’horticulture dans des villes de la République démocratique du Congo pourra fournir un point de départ pour améliorer la vie et les moyens d’existence des millions d’habitants des zones urbaines surpeuplées du pays, a affirmé l’expert de FAO. Diversifier leur alimentation, créer de l’emploi, faire passer les revenus des familles pauvres de 50 USD à 300 USD par mois, et améliorer l’environnement grâce à une meilleure gestion des déchets et à la culture de plantes vertes qui font diminuer la température de l’air de la ville et le purifient.

(Pana NGOVUDI)

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