Nombreux sont les Congolais qui ne comprennent pas le bienfondé de cette commission technique, à 81 jours des élections prévues le 23 décembre 2018. Et ce, lorsqu’on sait que non seulement le processus électoral est devenu irréversible, mais aussi les parties prenantes vont forcément camper sur leurs positions. Sinon, l’opposition qui n’a pas imposé une transition sans Kabila ne voit pas comment, même à deux jours des élections, elle va accepter la machine à voter. Celle-ci constitue, sans nul doute, un projet de société pour une opposition qui visiblement a peur d’aller aux élections. Le train est déjà en marche, et que le meilleur l’emporte !
Le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Corneille Nangaa Yobeluo s’est entretenu hier jeudi 04 octobre au Quartier général de son institution, avec tous les candidats présidents de la République. Au menu de leurs échanges, résoudre les différents problèmes techniques et divers liés au processus électoral en cours en République Démocratique du Congo, dont la date buttoir est le 23 décembre 2018.
« Du fait de nos responsabilités respectives, nous sommes invités à prendre toute la mesure de l’enjeu électoral et la crédibilité des élections dépend de l’implication effective de tous », a indiqué, Corneille Nangaa Yobeluo aux 21 candidats présidents en face de lui et tout son bureau ainsi que les membres de la plénière de la CENI.
Vital Kamerhe, Freddy Matungulu, Martin Fayulu, Seth Kikuni, Emmanuel Ramazani Shadary, Samy Badibanga, Maurice Masheke, Marie-José Ifoku, Daniel Shekomba, Yves Mpunga, Félix Tshilombo et Kin Key Mulumba représentés, Gabriel Mokia et autres, ont répondu favorablement à cette rencontre qui a duré environ quatre heures du temps.
Le président de la CENI a rassuré les candidats Présidents de la République de la tenue effective des élections au 23 décembre 2018. Aussi a-t-il coupé-court aux rumeurs infondées donnant pour objet de la présente rencontre CENI-Candidats Présidents, une discussion sur l’éventualité du report des élections.
Pour conclure sa présentation, le Président de la CENI a invité les 21 candidats en lice à la présidentielle à élever ensemble les débats politiques, techniques et sécuritaires en vue de la réussite des prochaines joutes électorales.
Les échanges entre les deux parties ont notamment tourné autour de la liste définitive des électeurs, la présence des électeurs sans empreintes digitales, l’évolution des préparatifs techniques des élections, la régularité du financement du processus par le Gouvernement de la République, l’évolution du déploiement des matériels, la machine à voter. Il a été finalement convenu de la tenue d’une prochaine réunion essentiellement technique en vue d’approfondir les questions complexes dont la machine à voter.
Au sortir de cette séance de travail, le président de la Centrale électorale a fait savoir à la presse qu’il s’agit d’une première rencontre avec les candidats présidents de la République, qui avait pour maître-mot, le 23 décembre 2018.
Poursuivant, Corneille Nangaa a annoncé la mise sur pied d’une commission technique en vue de concilier les impératifs techniques liés à la tenue des élections dans le délai prévu par le calendrier électoral : « ainsi, les candidats présidents ont salué d’abord le fait que le processus évolue mais, en plus de ça, ils ont présenté des préoccupations concernant certaines questions techniques. A cet effet, les candidats et la CENI se sont mis d’accord pour qu’une commission technique soit mise en place. Et cette commission devra permettre d’approfondir toutes ces questions. Le tout dans le but de concilier les impératifs techniques de faire adhérer tout le monde au processus, mais aussi de faire en sorte que le 23 décembre, se tienne l’élection».
Quels sont réellement ces problèmes techniques à résoudre ?
Après Corneille Nangaa, certains candidats qui se sont livrés à la presse ont évoqué les problèmes liés surtout à la machine à voter et au fichier électoral.
Pour Yves Mpunga, il ne faut pas amener le débat dans un point technique : « le problème est technique, il est lié aux nouvelles technologies. Nous allons résoudre ces problèmes techniques, car nous pensons Congolais, nous devons parler au nom de la majorité silencieuse. Si nous voulons des solutions, plus question de débats politiques inutiles ».
Pour sa part, le jeune candidat président Seth Kikuni s’est exprimé en ces termes : « je n’ai pas été satisfait compte tenu de certaines contradictions, on attend la prochaine réunion pour avoir beaucoup plus d’informations sur le processus et les différents problèmes qui divisent. Nous croyons aux élections et n’envisageons pas d’autre scénario jusque-là. Nous sommes encore dans le délai. Nous ne sommes pas d’accord sur la machine à voter, mais tout le monde est d’accord sur la tenue des élections le 23 décembre 2018 ».
Par ailleurs, le pasteur Théodore Ngoy, parle de la commission technique qui va devoir apporter de bonnes solutions aux problèmes évoqués.
« La CENI assure la régularité du scrutin, et nous appelons monsieur Nangaa à respecter la Loi », a-t-il ajouté.
Quid des opposants radicaux
Si les autres ont réagi individuellement, le camp de la coalition des opposants radicaux a préféré une déclaration commune. Ainsi, le camp Martin Fayulu, Freddy Matungulu, Vital Kamerhe et Félix Tshilombo représenté par Jacquemain Shabani a soumis à Corneille Nangaa une série de préoccupations, en rapport avec le processus électoral.
Il s’agit au total de six préoccupations dans lesquelles les opposants exigent à la Centrale électorale de résoudre la problématique liée à la machine à voter. Cette dernière qui est, d’après ces candidats Présidents de la République, une modalité de vote électronique interdite par la loi électorale du processus en cours. Ensuite, ils demandent le nettoyage du fichier électoral ; le financement du processus électoral et du plan de décaissement à ce jour, ainsi que de la transparence des élections en l’absence d’observateurs internationaux ; la problématique de la logistique et de la sécurisation du processus électoral avant, pendant et après le vote ; les dispositions prises pour la tenues des élections dans les zones insécurisées (Nord-Kivu, Ituri, Kasaï) et enfin le remplacement sans délai du délégué de l’UDPS au sein du bureau de la CENI, conformément à l’accord de la Saint Sylvestre.
Dans leur politique d’incitation à la haine, les opposants invitent la population congolaise à demeurer vigilante, mobilisée, et le cas échéant, faire usage de l’article 64 de la constitution, pour s’opposer, disent-ils, à toute parodie d’élections et sauver la démocratie en péril.
Au finish, le rendez-vous est pris pour mercredi 10 octobre prochain au siège de la CENI, où Corneille Nangaa ensemble avec les candidats Présidents de la République et la Commission technique tableront autour des sujets qui divisent.
Chaque candidat est rentré avec des documentations électorales fournies dont notamment l’Atlas électoral; un recueil de textes légaux ; la liste définitive de candidats Présidents de la République ; le code de bonne conduite des partis et regroupements politiques et enfin, la liste des électeurs catégorisées en électeurs retenus après l’audit du fichier électoral ; les électeurs radiés et ceux inscrits sans empreintes digitales ou partiellement lisibles.
Bernetel Makambo