J. Kabila en campagne ?

Joseph Kabila est ces derniers temps entre deux avions. Non pas pour l’Etranger, surtout pas pour le nord qu’il ne cesse de mettre en garde contre l’ingérence dans les affaires privées de la RDC, mais vers le Congo profond, où bat son cœur. Il y a quelques jours, ce fut les deux anciens chefs-lieux du grand Kasaï. Une grande visite de réconfort à Kananga et Mbuji-Mayi où il a bénéficié d’un accueil avec chants et danses. La tragédie de ces neuf derniers mois semble curieusement oubliée.
Pourtant, ces deux villes ont payé un lourd tribut, une facture politicienne qui ne devrait pourtant pas en être une. Un plan commandité de loin et géré de près, avec à la manœuvre des fantômes dont les masques ne manqueront pas de tomber très prochainement un à un.
D’ores et déjà, le chef de l’Etat poursuit ‘’sa campagne’’, cette nouvelle semaine par Kikwit, dans la province du Kwilu. Ce, avant de fouler le sol diamantifère deTshikapa, capitale de la nouvelle province du Kasaï voisin. Et la série va continuer vers le Katanga. D’aucuns voient intelligemment en ces pérégrinations, non pas une campagne électorale, ce n’est pas l’heure, mais plutôt un tour du propriétaire au chevet des villes visitées par les démons et les affres de guerres.
D’autre part, l’accueil est pris à partie par une autre frange de la population intentionniste. Le politique ne fait jamais rien pour rien. Cette ambiance carnavalesque, comme en période préélectorale, donne à tarauder la méninge. Et pour aller plus loin, les prophètes du référendum trouvent ici du fil. A moins qu’il ne s’agisse d’une affirmation erronée, chaque déplacement du chef, en Afrique surtout, est marqué d’actes d’hystérie populaire, des compères et des antipathiques. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que des drapeaux de la MP et ceux de l’opposition flottaient sur les lieux. A moins que personne ne comprenne ce langage !
Voilà qui dirait ‘’bien faire, laisser braire’’, tant les meurtris ont droit à la visite du chef et à son soutien aussi bien moral que matériel. Et les racontars des semeurs de vents et vendeurs d’illusions, peu importe !
(Emmanuel Badibanga)