Inéligibilité d’Emmanuel Ramazani Shadary: Une polémique inutile
Tous les sceptiques à la tenue des élections en application du calendrier électoral publié par la CENI le 05 novembre 2017 étaient désagréablement surpris que le chef de l’Etat, Autorité morale du Front Commun pour le Congo (FCC) ait désactivé la bombe, en désignant le Secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary comme son dauphin à l’élection présidentielle qui pointe à l’horizon. Cet acte de haute portée politique a obligé l’opposition à se rendre compte que loin d’être un leurre, les élections en Rdc c’est du concret et que ceux qui passent leur temps à discuter n’auraient qu’à se préparer, à défaut d’être surpris. C’est dans ce sens qu’il faut situer le débat actuel sur une quelconque inéligibilité d’Emmanuel Ramazani Shadary, débat alimenté par les réseaux sociaux.
Ce fake new, très largement répandu dans les réseaux sociaux, ont pris en appui l’article 15 de la loi électorale, un article du reste imaginaire et qui ne figure nullement dans l’actuelle loi, promulguée par le président de la République. Et pourtant, le vrai article 15 de la Loi n°15/001 du 12 février 2015 modifiant et complétant la Loi n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales stipule qu’« un parti politique, un regroupement politique ou un candidat indépendant ne peut présenter qu’une seule liste ou une seule candidature, selon le cas, dans une circonscription électorale. Chaque liste comprend un nombre de candidats inférieur ou égal à celui de sièges à pourvoir dans la circonscription électorale. La présentation d’une liste par un regroupement politique s’effectue selon les règles suivantes : un parti ne peut se retrouver dans plus d’un regroupement politique ; un parti politique membre d’un regroupement politique ne peut présenter une liste de candidats dans une circonscription électorale dans laquelle le regroupement a présenté une liste ».
Comme cela transparait aux yeux de tout le monde, nulle part il n’est fait obligation au candidat indépendant Emmanuel Ramazani Shadary de démissionner de son poste de Secrétaire permanent du PPRD, trois mois avant le dépôt des candidatures. Même au niveau de la CENI, on ne reconnait pas le prétendu article 15 cité par les réseaux sociaux. Cette position a été soutenue par le député Christophe Lutundula, de la plate-forme « Ensemble », qui soutient qu’aucun article de la loi électorale modifiée par celle n°17/013 du 24/12/2017 ne dispose qu’un candidat indépendant doit avoir démissionné de son parti d’origine au moins 3 mois avant le dépôt de sa candidature pour que celle-ci soit recevable. Une telle disposition a été rejetée.
Le danger de la désinformation
Une chose est de mal orienter la population congolaise, qui croit aveuglement en ses leaders, une autre de l’aider à comprendre qu’elle a été désorientée à souhait, et pour les besoins de la cause. Pouvons-nous imaginer l’impact d’une désinformation ? Logiquement, les auteurs de ce fake new ont voulu mettre quelque chose dans la tête des Congolais. C’est de dire que la candidature d’Emmanuel Ramazani Shadary doit être invalidée et si elle ne l’est pas, c’est qu’il y a favoritisme au niveau de la CENI. En plus, cette rumeur voudrait désorienter la population, qui soutient à sa grande majorité le candidat du Front Commun pour le Congo. Car, s’il doit être déclaré inéligible, ce sont toutes ces populations qui seront versées, contre leur gré, à l’opposition.
Toujours par rapport à la population, cette désinformation peut conduire à des troubles, si et seulement si certains candidats de l’opposition sont déclarés inéligibles, au regard de la constitution et de la loi électorale, pendant que Shadary lui est déclaré éligible. Raison pour laquelle il faut soutenir l’Arrêté signé dernièrement par Lambert Mende, qui consiste à identifier non seulement la presse online, mais aussi à tempérer les ardeurs de certains animateurs des réseaux sociaux. Sinon, si le chef de l’Etat, en visionneur, a su déjouer le plan de balkanisation du pays, les souteneurs de la conquête du pouvoir par les armes n’ont pas changé de méthodologie pour autant. Ils sont toujours prêts à rééditer l’exploit, en profitant de cette situation. Mais ils doivent savoir que sur leur chemin, ils trouveront les Congolais rangés comme un seul homme, et déterminés à aller aux élections afin de permettre l’alternance tant souhaitée par tout le monde.
(JMNK)