Le ministre d’Etat, ministre à l’Economie nationale, Joseph Kapika a indiqué hier, dans une interview, que les missions de contrôle de prix sont décidées par le chef de l’Etat lui-même. « Il nous a réunit au comité de pilotage, le jeudi passé ; Il nous a reçus au conseil des ministres de vendredi passé », dit-il, avant de souligner que le président de la République ne comprend pas qu’on a fait les efforts dans le sens de stabiliser notre monnaie, pour qu’elle trouve son appréciation, que les prix eux restent intactes ou qu’ils ont tendance à monter.
Et de renchérir que nous étions à un moment donné à 1.7, voir même à 1.8, nous sommes arrivés même à 1.4, les prix sont restés les mêmes. Ce n’est pas correct, s’exclame-t-il. C’est comme ça qu’il nous a chargés d’aller sur terrain, de voir ce qui se passe réellement et de lui faire un rapport. C’est dans ce cadre-là que depuis mercredi matin, il m’a instruit par le biais de son directeur de cabinet de commencer ce travail là. « Nous avons visité trois grosses sociétés qui œuvrent dans les produits alimentaires, et nous allons lui envoyer ce rapport avec copie au Premier ministre et au Gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) », indique-t-il.
Et de souligner qu’en gros, nous avons constaté qu’il y a parmi les maisons visitées une qui estime qu’elle a un problème de devises. C’est possible, mais la BCC a mis à la disposition des opérateurs économiques 20 millions de dollars Us. Jusqu’à ce jour, les Banques commerciales n’ont pas les Francs congolais pour acheter cette somme-là. Allez y comprendre quelque chose ! Soit il y a thésaurisation, soit il y a de grosses sociétés qui ont consigné leur argent en Banque, parce que partout à la cité, nous achetons en Francs congolais. Aujourd’hui, nous en faisons les frais.
Et le ministre de constater qu’une bonne partie de la monnaie circule en dehors du circuit bancaire, et ce n’est pas bon pour notre économie. « L’autre nous opérateur économique nous dit : Nous aurions bien voulu avoir des Francs congolais, mais les acheteurs préfèrent payer en dollars. Pour quelle raison ? », se demande Joseph Kapika, qui pense qu’il y a une grande marge de taux qu’ils achètent le dollar auprès des cambistes et le taux auquel ils achètent le dollar auprès des Banques commerciales. Cela pose problème et nous avons comparé le taux de la BCC au taux auquel les Banques commerciales font leurs opérations, la marge est grande.
Et de préciser que dans le rapport transmis au président de la République, il a demandé au Gouverneur de la BCC de réunir l’Association Congolaise des Banques (ACB), afin de mettre un terme à cette situation-là. « Voyez un peu devant quel problème nous nous trouvons ! Partout dans le monde, on achète d’abord dans sa monnaie. C’est vrai qu’ici il existe des lois qui autorisent la circulation concomitante de deux monnaies. Partout dans le monde, on envoie le dollar par Western Union et celui-ci vous paye en monnaie locale. Vous voulez envoyer l’argent à votre enfant, vous venez en monnaie locale et de l’autre coté, il reçoit la monnaie du pays », précise-t-il.
La mauvaise foi et la cupidité
A l’en croire, à la base de cette situation, il y a d’abord la cupidité et la mauvaise foi des opérateurs économiques. En effet, quand le dollar monte, ils vous disent, dollar ‘’émati’’. Ils doivent avoir le même comportement quand le dollar baisse. S’ils ne le font, ne me demandez pas de qualifier cela que par la mauvaise foi et la cupidité. De même, quand nous avons la fluctuation des taux de change et que nous tardons à revisiter les prix du carburant, moi je paye le manque à gagner aux sociétés pétrolières. Apparemment, nous sommes dans une situation où les opérateurs économiques reçoivent plus que leur marge légale. Je veux leur demander de reverser le trop perçu, moi je paye le manque à gagner. Eux aussi paye le trop perçu, le rembourse à l’Etat congolais. Pour mettre fin à tout cela, souligne Joseph Kapika, ministre d’Etat et ministre de l’Economie nationale, nous aurons une concertation permanente. « Nous commencerons par les entreprises qui œuvrent dans le secteur de l’alimentation. Etant donné que ces problèmes se posent plus dans leur domaine, je convoquerais deux fois par mois toutes ces entreprises, pour suivre les prix, avoir les informations sur leurs stocks, connaitre leurs problèmes », insiste-t-il.
(Jean-Marie Nkambua)