Nombreuses sont les rumeurs qui sont distillées par une certaine presse et les réseaux sociaux, doublées d’un discours de campagne non convaincant, faisant allusion au report des élections. Ces rumeurs de plus en plus folles annonçaient la convocation par le président de la CENI d’une réunion dans laquelle il démissionnerait, parce que dans l’incapacité d’organiser les élections le 23 décembre 2018. C’est faux, rétorque Corneille Nangaa, le président de la CENI, qui affirme que les élections pour les trois scrutins (présidentiel, députation nationale et provinciale) seront organisées comme prévu par le calendrier électoral. Il l’a dit hier devant une brochette des responsables des médias, tout en affirmant que les choses évoluent normalement, même s’il y a des acteurs qui prennent la place de la CENI pour dire n’importe quoi.
Quid de la logistique à deux semaines des élections
En ce qui concerne la logistique, le nerf de la guerre, Nangaa explique que nous sommes dans une période très critique, parce que nous travaillons pour la jonction des matériels et le personnel qui avaient commencé la formation en cascade, en vue de leur déploiement dans les bureaux de vote. A ce jour, dit-il, il n’y a pas un site qui n’a pas reçu le matériel électoral. Pour lui, l’objectif est, d’ici dimanche 9 décembre 2018, que tous les matériels soient au niveau des 236 sites de formation. Il a insisté sur le fait qu’à ce jour, aucun matériel de vote ne se trouve à l’étranger, sauf les procès-verbaux de vote, de dépouillement et les fiches de résultats qui sont encore en Afrique du Sud et devraient atterrir dans les différents hubs dans quelques jours.
Rappelons que ce sont ces fiches qui seront conduits dans les Centres locaux de compilation des résultats. « Pour avoir des élections, il faut que tous ces matériels et tous ces documents soient au niveau des bureaux de vote », insiste-t-il, avant de révéler que derrière l’appui de la Monusco, il y a toujours l’image négative que l’on donne et qu’aujourd’hui, tous les coins qui étaient réputés rouges sont en train de recevoir les matériels de vote. Et ce, même à Beni sous attaque des Adf et autres maffieux de la région des Grands lacs.
C’est ici qu’il a expliqué qu’il existe trois axes pour le dispatching des matériels de vote. Il y a l’axe 1 composé de la zone périphérique de Kinshasa. Ici, le matériel électoral a été conduit sans encombre, en utilisant la route. Il a insisté ici sur le fait que l’axe le plus difficile est celui de Mai-Ndombe, d’autant plus que lorsque le lac est en cru, il faut attendre que l’eau puisse baisser. Le 2ème axe est celui de Tshuapa-Boende-Befale-Monkoto et Djolu, etc.
Pour l’instant, la CENI s’attèle à imprimer les listes électorales et ce, contrairement à 2011 où la CEI avait sous-traité l’impression des listes, à telle enseigne que ces listes n’étaient pas précises. C’est ainsi qu’il y a eu à l’époque le risque de désorientation des électeurs. En 2018, la CENI a pris toutes les précautions pour que pareille chose ne se reproduire. C’est au regard de tout ceci que le président de la CENI a indiqué que les élections auront bel et bien lieu le 23 décembre 2018. Et jusque-là, il n’y a aucune raison qui justifierait le report. Même si l’enjeu aujourd’hui, c’est l’après élections, parce qu’il y a en qui préparent déjà la contestation.
Des défis
Il sied de souligner que dès qu’on a fini le vote, les résultats consolidés sur les procès-verbaux doivent être transmis aux 179 Centres locaux de compilation de résultats situés dans les territoires, villes et chefs-lieux des provinces. Ceci, tout en insistant sur le fait que tous les bureaux de vote fonctionneront de 6 heures à 17 heures. Voilà pourquoi la CENI voudrait déjà proclamer les résultats de la présidentielle au soir de Noël, parce que toutes les dispositions sont déjà prises. Mais il faut quand même reconnaître qu’il y a des défis, même si la CENI est en train de les rencontrer. Le grand défi reste politique. Nangaa explique que nous passons les élections au moment où nombreux ne sont pas prêts. Il y a aussi l’environnement, qui fait que cette campagne ressemble à une campagne de crise. Donc, un environnement de pression. Il a aussi soutenu qu’il y a des candidats qui n’étaient pas candidats, mais qui le sont devenus par la force des choses. Le président de la CENI n’a pas manqué de fustiger les injures, les violences verbales et les menaces, comportement qui est irresponsable pour une certaine classe politique du pays.
Il a quand même fini par lancer un message : « si vous ne voulez pas des machines à voter, dites seulement que vous n’allez pas voter », indique-t-il, tout en observant que la campagne se déroule plus ou moins bien et a même félicité les acteurs. A l’en croire, l’enjeu pour la CENI demeure l’après le 23 décembre 2018. D’autant plus qu’il y a des candidats qui étalent déjà le lit de la contestation. L’enjeu aussi, c’est de savoir, comment faire accepter les résultats qui seront annoncés ? Mais en tout état de cause, le souhait est que le Congo reste Congo !
JMNK