Sous pression de publier le calendrier des élections en RDC: Les Nations Unies placent-elles la charrue devant le bœuf ?

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La République Démocratique du Congo est résolument tournée vers l’organisation de son troisième cycle électoral, après 2006 et 2011. Le troisième semble controversé du fait de l’implication avérée de l’extérieur, tirant les ficelles de l’intérieur, instrumentalisant une frange de la classe politique contre la justice congolaise et les institutions légalement établies.

Décidément, le processus électoral conduit par la Commission électorale nationale indépendante poursuit son bonhomme de chemin, avec l’identification et enrôlement des électeurs. Le dernier virage de ce processus lancé depuis le 12 septembre dans le Grand Kasaï, se poursuit sans inquiétude dans cette partie de la République en proie à la violence, avec le phénomène « Kamwena Nsapu » qui a conduit aux meurtres de deux experts onusiens. Ces miliciens ont traumatisé la population civile  qui s’était réfugiée dans la forêt, incendiant au passage écoles, églises, centres d’enrôlement et résidences privées. Au finish, la République a été mise sur le banc des accusés, le pouvoir de Kinshasa objet d’attaques et critiques de la communauté internationale.

A ce jour, la Ceni a déjà identifié et enrôlé plus de 40 millions d’électeurs, sur une prévision de 42 millions attendus par cet organe d’appui à la démocratie. Malgré ces performances, la Ceni fait l’objet de critiques et attaques à l’interne comme à l’externe du pays par ceux qui ne croient nullement pas aux élections, pour les uns, et par ceux qui précipitent sous le fait de tension la tenue des scrutins ce, malgré les divergences politiques. Pourtant, pour établir le calendrier électoral dans un environnement politique surchauffé, il sied que les divergences d’ordre organisationnel soient aplanies lorsqu’on connait ce qu’est l’homme politique congolais. Celui-ci dit une chose le jour, se contredit le soir. Cette versatilité du politique congolais est susceptible d’engendrer une crise postélectorale sur fond de contestation. D’ailleurs, les deux premiers calendriers élaborés par la Ceni avaient été rejetés par la même classe politique, les qualifiant d’indigeste, de provocateur, enfin d’incohérent.

Ce qui a provoqué hier la prolongation du temps, du fait de la contestation desdits calendriers, refait surface à la 72ième Assemblée Générale des Nations Unies à New York. Il s’agit de pousser la Ceni à publier le calendrier, elle qui n’a pas encore achevé le processus d’identification et d’enrôlement. La dernière étape est celle du Grand Kasaï, et les deux territoires de Lomami. Les analystes et observateurs de la scène politique redoutent que les Nations Unies ne placent la charrue devant le bœuf. Pourquoi cet organe des Nations Unies ne se fie-t-elle pas à l’expertise de la Commission Electorale Nationale Indépendante, elle qui tient l’organisation desdites élections ? Elle qui détient toutes les données, plutôt que de se fier aux imprécations de la classe politique qui clame la journée l’organisation des élections, le soir elle négocie  l’entrée au gouvernement.

Au regard de la réalité sur terrain, la Ceni va publier le calendrier si et seulement si elle clôture les opérations d’identification et d’enrôlement d’ici fin décembre ; que les contraintes dégagées trouvent leur réponse, notamment l’examen, l’adoption et le vote de la loi sur la répartition des sièges par circonscription électorale, notamment des élus nationaux, des sénateurs, des élus provinciaux etc. Cette loi ne peut être examinée que si et seulement si la Ceni termine les opérations d’identification et d’enrôlement, nettoie le fichier de doublons, afin de dégager le nombre exact d’enrôlés à participer aux scrutins suivant les séquences décidées par l’Accord dit de la Saint Sylvestre. Il en va de même de la révision de la loi électorale par les deux chambres suivant l’Accord dit de la Saint Sylvestre qui implique l’enrôlement de la diaspora congolaise. Connaissant la léthargie qui caractérise les élus nationaux en proie à la crise financière des arriérés de leurs émoluments, les Nations Unies ont toute la latitude de faire confiance à la Ceni qui s’attèlera au moment opportun, après avoir réuni tous les instruments juridiques capables de produire un calendrier qui ne sera pas l’objet de rejet, comme les deux précédents. Précipiter dans la publication du calendrier avant termes des opérations, c’est justement placer la charrue devant le bœuf. En outre, la contrainte sécuritaire reste à définir du fait de la présence massive de réfugiés centrafricains dans le Nord Ubangui ; les réfugiés sud soudanais, les éleveurs Mbororo, et les combattants SPLA dans le Haut Uélé, sont les défis à surmonter si seulement si, la communauté internationale qui pousse à l’accélérateur la Ceni à produire un calendrier électoral sans tenir compte de tous ces éléments susmentionnés ; si elle veut réellement les élections crédibles, apaisées, démocratiques, transparentes pour le développement de la République Démocratique du Congo.

En toute état de cause, les élections en Afrique n’ont pas pour finalité son développement, ni des pays qui les organisent. Plutôt, elles servent de gage de groupes de prédateurs occidentaux qui ne trouvent pas leur compte aux richesses et potentialités de l’Afrique. Ce groupe de prédateurs ne voit que la protection de ses intérêts. Aimer les Africains n’est pas leur aspiration, d’autant plus que c’est l’Afrique qui les intéresse, et non les habitants de ce continent, si beaux, si laids soient-ils.

(Pius Romain Rolland )

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