Meurtre de Michael Sharp et de Zaida Catalán, Des experts de l’ONU persistent et signent : « Ils ont été assassinés de façon préméditée »

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Dans un rapport adressé au président du Conseil de sécurité des Nations Unies, un groupe d’experts conclut que le 12 mars 2017, le Coordonnateur du Groupe et spécialiste des groupes armés, Michael Sharp, et la spécialiste des questions humanitaires, Zaida Catalán, ont été assassinés de façon préméditée dans des circonstances non encore élucidées à ce jour. Le Groupe tient à souligner que l’assassinat de membres du Groupe d’experts constitue une attaque contre le Conseil de sécurité, et par conséquent, une violation grave du droit international humanitaire. Le   Groupe   qui a   effectué   des   analyses   préliminaires   d’enregistrements téléphoniques et d’une vidéo de l’assassinat, et réalisé des entretiens, pense que les éléments de preuve préliminaires en sa possession ne permettent pas encore de déterminer les responsables du meurtre. Toutefois, à la lumière des informations disponibles, le rapport souligne qu’il ne saurait   exclure   l’implication   de   différents   acteurs   (favorables   ou   non   au Gouvernement),   les   factions   Kamuina Nsapu,   d’autres groupes armés   et les membres des services de sécurité de l’État.

A en croire le rapport des experts de l’ONU, publié le 10 août 2017, compte tenu des nombreuses violations des droits de l’homme et des nombreuses infractions passibles de sanctions commises dans la région du Grand Kasaï, le Groupe a décidé d’y engager ses enquêtes. Deux de ses membres, Michael Sharp et Zaida Catalán, se sont rendus à Kananga en janvier 2017, pour y entamer des enquêtes sur le terrain. Début mars, ils sont retournés à Kananga pour clore les enquêtes en cours. Le Groupe a récupéré une cassette audio datée du 11 mars 2017, dans laquelle les deux experts s’entretenaient avec des représentants du clan Kamuina Nsapu. Il était notamment question d’une visite de terrain prévue pour le lendemain.

Soulignons que l’enregistrement permet de confirmer que l’enquête visait à mieux comprendre la structure   des   Kamuina Nsapu,   ses   réseaux   de   soutien et le   recrutement   et l’utilisation éventuels d’enfants. C’est le 12 mars 2017 qu’ils ont quitté Kananga pour une mission de terrain dans la localité de Bukonde. Le Groupe croit comprendre que, vers 16 heures (heure locale), Michael Sharp et Zaida Catalán ont été exécutés par un groupe hétéroclite d’individus,   dont   l’identité   n’avait   toujours   pas   été   établie   au   moment   de l’établissement du présent rapport.

Quid de l’enquête en cours

Le Groupe sait que la justice militaire congolaise, la police suédoise et le Federal Bureau of Investigation des États-Unis effectuent des enquêtes pénales sur le meurtre des deux experts, et se félicite de la nomination d’une commission d’enquête par le Secrétaire général de l’ONU. Le Groupe croit comprendre que cette commission est habilitée à recueillir des informations qui pourraient contribuer à faire avancer les enquêtes pénales en cours.

En plus, le Groupe note qu’au moment de l’élaboration du présent rapport, la justice militaire avait arrêté certains suspects, dont deux sont actuellement en instance de jugement. Il tient toutefois à relever qu’en dépit des éléments de preuve disponibles, certains autres suspects-clé n’ont pas encore été arrêtés. En mai 2017, le Groupe s’est entretenu avec un officier supérieur de Police qui dénonçait le manque de coopération des services de sécurité de l’État participant aux enquêtes. En outre, la diffusion répétée par le Gouvernement congolais d’une vidéo du meurtre des deux experts pourrait nuire au bon déroulement des enquêtes pénales en cours, souligne le rapport des experts de l’ONU.

Le rapport rappelle, par ailleurs, que le Grand Kasaï, région habituellement stable du centre-sud de la République démocratique du Congo, a été le théâtre d’une escalade de la violence et de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme depuis août 2016, lorsque des troupes des FARDC avaient abattu Jean-Pierre Mpandi Prince, chef tribal Kamuina Nsapu et ancien dirigeant d’une rébellion portant le même nom. La violente réaction des Kamuina Nsapu à l’assassinat de Mpandi, notamment les attaques qu’ils ont perpétrées contre des agents et des symboles de l’État, a poussé les FARDC et la Police nationale à mener des offensives contre ce mouvement insurrectionnel. Suite à ces événements,   des   dizaines   de   charniers   et   d’images   vidéo   montrant des assassinats délibérés, y compris de membres non armés des Kamuina Nsapu, ont été recensés.

Tout au long de l’année 2017, ce conflit, circonscrit à l’origine à une communauté précise, s’est transformé en un soulèvement de plus grande ampleur, faisant ainsi déborder le phénomène « Kamuina Nsapu » au-delà de ses limites initiales. Des sources ont indiqué au Groupe que si de nombreuses factions étaient hostiles au Gouvernement, des milices progouvernementales se réclamant des Kamuina Nsapu avaient également vu le jour. Au moment de l’établissement du présent rapport, la violence s’était emparée de vastes zones du Kasaï, du Kasaï-Central, du Kasaï-Oriental et des provinces du Haut-Lomami.

Soulignons que la conclusion à laquelle aboutit le Groupe d’experts, selon laquelle les groupes d’experts de l’ONU de n’exclure   l’implication   de   différents   acteurs   (favorables   ou   non   au Gouvernement),   les   factions   Kamuina Nsapu,   d’autres groupes armés   et les membres des services de sécurité de l’État, corrobore avec les conclusions données par l’Auditorat général des FARDC. A en croire le Colonel Magistrat Odon Makutu Mwendele qui s’exprimait lors d’un point de presse avant le début des procès, les investigations menées dans les deux dossiers-phares démontrent que les faits infractionnels reprochés aussi bien aux forces de l’ordre qu’aux insurgés ont été perpétrés dans le contexte d’un conflit armé ne présentant pas un caractère international opposant les insurgés Kamwina Nsapu aux forces de l’ordre.

Pour rappel, au sujet de la tuerie des experts de l’ONU, deux insurgés sont en détention sur seize incriminés. Il sera procédé par défaut en ce qui concerne les accusés latitants. Plusieurs préventions ont été retenues à leur charge, notamment : crimes de guerre par meurtre, crimes de guerre par mutilation, terrorisme, participation à un mouvement insurrectionnel, organisation et commandement d’un mouvement insurrectionnel (Chef Mulumba Muteba, Bulabula et Kabongo Gérard…).

(JMNK)

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