Mme Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC a animé le tout premier point de presse de son Institution. Elle a commencé par émettre le vœu que l’année 2019 sera l’année de la stabilité, de l’unité et du démarrage vers un avenir meilleur, le développement de ce pays, la construction des relations avec aussi le reste du monde, avec les voisins qui vont vous permettre de continuer le processus de construction de l’Etat, l’Etat national, l’Etat moderne de la République démocratique du Congo, l’Etat que Lumumba souhaitait, pour lequel il est décédé.
« Donc, j’espère que, comme je dis à chaque fois, quand j’ai eu la chance de venir dans votre beau pays, je serai au moins témoin de ce processus. Je sais que ce n’est pas toujours linéaire, la construction de l’Etat, ce n’est jamais comme cela, ce sont des petites avancées. Et donc, à chaque fois, il faut évaluer le progrès, regarder ce qui reste à faire, faire aussi une rétrospective pour dire qu’est-ce qu’on aurait dû mieux faire, comment la prochaine fois ne pas refaire les mêmes erreurs. Et c’est cela », dit-elle, avant de se demander, comment je vois personnellement ce qui vient de se passer ?
Et de répondre qu’en dépit de tous les griefs que chacun de vous peut avoir, peut-être les insatisfactions des uns, la joie des autres, etc. Je pense que nous étions témoins d’une période historique de votre pays. Nous avons vécu des moments difficiles, des moments d’angoisse, d’inquiétude, de préoccupation, sur qu’est-ce qui va se passer, comment va être le lendemain, etc.
Je pense que-, je tiens à le dire devant vous, même si vous n’êtes pas d’accord avec moi, je le dis quand même-, je pense que le peuple congolais a démontré une maturité extraordinaire. Je pense que le peuple congolais a été patient avec son élite, avec ses représentants politiques avec ses institutions. Il a été patient, il a aussi été, de mon point de vue, conscient des enjeux, des risques et de l’importance de ce qui est en train de se passer dans ce pays. Et il a été à la hauteur de défis. Et cette dimension historique va aussi impacter les étapes futures et nous avons tous la responsabilité de faire en sorte que cette étape soit accompagnée et que nous jouions un rôle positif pour aider les Congolais à construire ce qui est le fondement de l’Etat-nation, de l’Etat moderne congolais.
Et de renchérir, je devais vous voir hier, mais je viens aujourd’hui parce que hier j’ai rencontré, pour la première fois, le nouveau Président de la République dans ses nouvelles fonctions, pour échanger avec lui, pour aussi lui dire que la MONUSCO qui est un partenaire des institutions de la République, du Gouvernement congolais, et nous mettons à notre disposition nos capacités pour appuyer la RDC là où les nouvelles autorités décideront que ce sont leurs priorités. Donc, c’était pour moi important, c’est aussi une période, comme vous le savez, où on a aussi une délégation du Conseil de sécurité qui vient pour examiner le futur mandat de la MONUSCO. Ce soir, je briefe le Conseil de sécurité et en mars, nous aurons le nouveau mandat.
Donc, c’était aussi important pour moi d’alerter les autorités sur cela pour qu’elles puissent aussi nous dire ce qu’elles pensent et puis, je pense que la délégation du Conseil de sécurité va rencontrer les autorités quand elle reviendra de l’est [du pays] le samedi certainement. C’était important d’avoir cette réunion.
Leila Zerrougui échange avec Martin Fayulu
Elle dit avoir aussi rencontré M. Fayulu, l’autre candidat [présidentiel] de l’opposition et aussi pour continuer à jouer le rôle que je joue avec toutes les parties prenantes en RDC, d’accompagner ce processus et d’aider à ce qu’on ait une opposition aussi constructive, qui peut jouer un rôle positif.
« J’ai eu des discussions [avec lui], le positionnement aujourd’hui. Je crois qu’ils vont avoir une réunion dans deux ou trois jours. Je crois que samedi ils [membres de l’opposition] vont s’adresser à la population. Donc c’est aussi un processus, accompagner et s’assurer, comme vous le savez, c’est très important que les Congolais, quelles que soient leur position, leur posture, la légitimité de leur action, c’est surtout de le faire de façon paisible, d’avoir des relations civilisées entre partenaires, et c’est quelque chose que j’ai essayé de plaider. J’espère qu’avec le temps, on y arrivera ».
Tshisekedi va-t-il maintenir les mêmes exigences que son prédécesseur ?
A la question du retrait progressif des troupes de la Monusco, la presse a voulu savoir si les mêmes exigences seront maintenues. Et Mme Leila Zerrougui de trancher qu’il revient au nouveau président de la République de répondre à cette question. « Je ne veux pas vous dire ce qu’il m’a dit, ce n’est pas à moi de le dire. J’ai rencontré le Président, nous avons discuté du mandat, il a d’autres choses beaucoup plus importantes qu’il est en train de faire, il prépare son équipe, il prépare ses priorités, il considère, il l’a dit dans son discours, que la MONUSCO est un partenaire avec lequel il veut travailler », dit-elle, avant d’ajouter que c’est clair que la Mission n’est pas là pour la vie, elle est là pour aider ce pays à aller de l’avant, une fois que les choses sont construites, on partira. Et le Gouvernement discutera avec nous, avec le Conseil de sécurité.
Et de préciser que même le président Kabila n’a pas dit qu’il faut aller en 2020, il n’a pas dit ça, il a dit il faut envisager [le départ], la Mission doit commencer à réduire et à partir. Je pense qu’on va travailler avec le Président, avec les autorités qui seront désignées, on va faire une évaluation de la situation et après, toutes les autorités décideront en discussion avec le Conseil de sécurité. Ce n’est pas nous qui décidons, c’est entre le Gouvernement et le Conseil de sécurité. Je l’ai déjà dit aussi bien au Président sortant qu’à toutes les personnes qui posent cette question : une mission de maintien de la paix est déployée dans un pays lorsque le Conseil de sécurité estime que la situation présente une menace contre la paix à la sécurité mondiale, internationale. Si cette définition n’est plus là, les problèmes internes ne sont pas gérés par une mission de maintien de la paix.
Donc, on travaille, c’est pour cela [qu’il y a] l’éradication des groupes armés, l’assainissement des relations entre les pays voisins…tout cela permet que la RDC devienne un Etat normalisé, qui peut avoir des problèmes, des manifestations, l’opposition n’est pas d’accord, c’est des choses qui existent dans tous les pays du monde. C’est la présence des groupes armés, des groupes armés étrangers, des menaces etc., qu’il faut éradiquer. Je pense qu’on va s’entendre sur cela avec les autorités.
JMNK