La journée du vendredi 31 mars dernier était très laborieuse pour le président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo. Aubin Minaku Ndjalandjoko a accordé des audiences dans son cabinet de travail au Palais du peuple, à trois grandes délégations parlementaires.
La première était celle du Caucus des députés nationaux et sénateurs de la nouvelle province du Kasaï. Et les discussions ont gravité évidemment autour de la situation d’insécurité qui sévit dans les provinces du centre du pays. C’était justement par rapport à la milice Kamwina Nsapu prévalant dans cette province.
Les deux parties ont abordé les questions liées à l’organisation du forum pour la paix dans la province du Kasaï, sous le haut patronage du Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange. « Nous sommes sortis satisfaits. On a eu un échange sincère et franc avec le président de l‘Assemblée nationale… La province du Kasaï va devoir organiser le forum sur la paix dans la province du Kasaï. Ça sera au chef-lieu de notre province, la ville de Tshikapa », a confié à la presse, le président du Caucus des députés nationaux et sénateurs de la province du Kasaï, le député national Evariste Vetshi.
En deuxième lieu, les parlementaires du Kasaï ont aussi sollicité auprès du speaker de la chambre basse du Parlement, des mesures d’exception liées à la dérogation de l’enrôlement dans cette province de la part de la CENI, suite à la psychose qui a envahi sa population.
« Bientôt c’est l’enrôlement. Et par rapport à la psychose, la population est traumatisée. Nous avons demandé à ce que la CENI puisse nous obtenir une dérogation. Beaucoup de nos populations sont en brousse et éparpillées. Dans cette allure, nous ne pouvons pas bien nous enrôler. C’est ainsi que nous avons sollicité du président de l’Assemblée nationale, des mesures exceptionnelles liées à la dérogation de l’enrôlement dans notre province. Qu’on nous donne du temps, en sorte qu’on puisse reporter cette opération, puisque le mois prochain on devrait déjà être sous le vent de l’enrôlement chez nous. Avec ces difficultés, le climat d’insécurité prévalant chez nous, nous avons demandé à ce qu’il y ait une dérogation, qu’on nous donne une rallonge, un report lié à l’enrôlement dans notre province », a poursuivi le député Evariste Vetshi.
Troisièmement, les deux parties ont aussi abordé le point en rapport avec l’assistance sociale aux victimes des affrontements entre forces de l’ordre et la milice Kamwena Nsapu, et aux populations déplacées. Le gouvernement provincial étant débordé, le gouvernement central devrait lui venir en aide. Notamment, avec des médicaments, de la nourriture, et divers autres produits de première nécessité. Et le président de l’Assemblée nationale leur a promis, qu’au besoin, une rencontre entre le Caucus des parlementaires du Kasaï avec le ministre des Affaires sociales afin de discuter autour de tous ces problèmes.
« Comme vous savez, chez nous il y a beaucoup de déplacés. Des mamans qui sont en brousse sans abris, sans médicaments, et qui ne savent plus rien faire. Le gouvernement provincial est débordé. Nous avons abordé tous ces points de sorte qu’il y ait assistance sociale. Et il (président de l’Assemblée nationale) nous a promis, qu’au besoin, nous serons avec le ministre des Affaires sociales qui viendra et nous aurons le temps d’exposer tous ces problèmes », a indiqué à la presse le député national Evariste Vetshi.
Il a enfin, lancé un message de sensibilisation de la population kasaïenne à l’unité, et résister aux germes de divisions, sinon, d’éviter tout conflit. Ce, afin de soutenir le développement déjà entamé de leur province.
« Le moment pour nous d’inviter toutes nos populations, que ça soit nos frères de Kamonia, ceux qui sont à Tshikapa-ville, Ilebo, Dekese, Luebo, Mweka… de rester unis. La province du Kasaï a été plébiscitée lors de la conférence des gouverneurs au Katanga, comme une province modèle et exemplaire. Nous avons déjà pris l’élan pour le développement. Nous ne pouvons plus reculer. Elles (populations du Kasaï) doivent être soudées. Pas des germes de conflit. Pas des germes de division dans notre province. Car, le feu brûle si haut si chacun y apporte son morceau de bois. C’est de cette façon que nous puissions arriver à bien construire notre province », a déclaré le député national Evariste Vetshi.
Le Caucus des parlementaires du Kasaï, par la bouche de son président, met également ceux qui sèment des troubles dans cette province. « Et en plus, c’est ici le moment pour nous, députés nationaux de la province du Kasaï, de mettre en garde les fauteurs des troubles, nos frères qui viennent par-ci par-là, pour semer la haine, la désolation dans notre province. Nous le mettons en garde. Et à nos populations, elles doivent doubler la vigilance de sorte que nous puissions botter hors de notre province l’ennemi commun, l’ennemi qui ne veut pas que nous puissions progresser ».
Aubin Minaku s’implique à la réponse aux revendications du Kasaï-Central
Le président de l’Assemblée nationale a accordé une deuxième audience de vendredi dernier à la délégation du Caucus des parlementaires de la province du Kasaï-central. Le président de ce caucus, le député national Martin Kabuya, a présenté à la presse, le compte-rendu de l’entretien avec le speaker de la chambre basse du parlement, Aubin Minaku Ndjalandjoko.
« Nous venons d’être reçus par le président de l’Assemblée nationale à sa demande, pour lui faire part de la situation d’insécurité qui prévaut actuellement dans la province du Kasaï-central, caractérisée par des violations massives des droits de l’homme et des tueries par des forces de défense et de sécurité. Comme vous le savez, depuis mardi dernier, ces forces de défense et de sécurité de la République démocratique du Congo sont entrain de ratisser dans les communes de Nganza, Katoka, Kananga dans la ville de Kananga, chef-lieu de la province. Nous, en tant qu’élus, nous dénonçons avec la dernière énergie, cette pratique d’un autre âge. Nous demandons à ce que le Gouvernement de la République ainsi que les autorités compétentes puissent prendre les mesures qui s’imposent pour faire arrêter immédiatement ce qui s’y passe. Et que les coupables soient poursuivis et déférés devant les cours et tribunaux », a indiqué le député Martin Kabuya.
Et de poursuivre que « Deuxièmement, nous demandons à ce que le Gouvernement de la République puisse, sans tarder, répondre aux revendications qui lui avaient été soumises par les notables ainsi que les forces vives du Kasaï central lors du dernier séjour du Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité. Ils ont entre autres demandé à ce qu’on puisse libérer les personnes arrêtées du fait du phénomène Kamwena Nsapu ; qu’on puisse rendre les restes de la dépouille du grand chef Kamwena Nsapu ; et qu’il y ait des nouveaux animateurs pour la gestion politique et administrative de la province du Kasaï-central ; ainsi que d’autres revendications ».
Le député national Martin Kabuya affirme enfin que « Le président de l’Assemblée nationale nous a promis de transmettre sans délai, ces revendications auprès du Président de la République, et que le lundi prochain, soit le 03 avril 2017, il nous réunira pour donner ce qu’aura été la réponse du Chef de l’Etat. Puisqu’il faudra prendre à bras le corps cette situation qui a trop duré dans la province du Kasaï-central ».
Les députés de l’Ituri reprennent l’hémicycle du Palais du peuple
Comme d’aucuns ne l’ignorent, les députés nationaux membres du Caucus des parlementaires de l’Ituri avaient claqué la porte de l’hémicycle du Palais du peuple, le 24 décembre 2016, lors de l’investiture du Gouvernement Badibanga. Pour cause, ils ont estimé que la province de l’Ituri n’a pas été représentée dans ce gouvernement.
Voilà pourquoi, le président de l’Assemblée nationale a jugé bon de recevoir, dans le cadre de ses audiences accordées le vendredi dernier, la délégation de ce Caucus des parlementaires de l’Ituri. « Il nous a reçus et nous nous sommes parlé de beaucoup de choses. Il nous a donnés certaines assurances. Pour nous, ce qui compte c’est le résultat », a fait savoir le député national Mambo Lebon, président de ce Caucus des parlementaires de l’Ituri.
Il a fait savoir que la province de l’Ituri présente un poids politique, un poids démographique, un poids économique très considérables dans le pays. Elle compte 26 députés nationaux et quatre sénateurs.
Pour le député national Médard Autsai, « De toutes les 26 provinces démembrées, en dehors de la ville de Kinshasa, l’Ituri est la province la plus peuplée. Imaginez-vous, avec une densité importante estimée à près de 10 millions d’habitants, qu’on ne puisse pas trouver un ministre titulaire de l’Ituri dans le Gouvernement Badibanga. Ce n’était pas normal. Pourtant dans d’autres entités moins peuplées que l’Ituri, ont quatre, cinq voire six ministres dans le Gouvernement. Et l’Ituri qui a près de 10 millions d’habitants, n’a qu’un vice-ministre. Nous voulons que l’Ituri puisse aussi se retrouver dans le Gouvernement national. Nous avons reçu la promesse du président de l’Assemblée nationale. Il nous a promit qu’il va se battre quant à ce. Je crois que tout est mis en place pour que l’Ituri puisse se retrouver cette fois-ci ».
Le député national Mambo Lebon indique en outre que « Ce n’est pas un avertissement comme tel, mais une revendication phare de la population de l’Ituri ». Il a rassuré qu’après cette réception par le président de l’Assemblée nationale, « nous allons demander à tous nos collègues du Caucus des parlementaires de l’Ituri de regagner la salle des plénières pour la suite des activités de l’Assemblée nationale ».
(Lepetit Baende)