Le Pape François 1er vient de nommer Monseigneur Fridolin Ambongo comme « archevêque coadjuteur » de Kinshasa, en prévision du remplacement de l’archevêque métropolitain de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, ayant atteint l’âge de la retraite. Sa nomination permet une période de prise de connaissance du diocèse pour le nouvel arrivant et de transition sans interruption entre deux épiscopats. Dans l’entre-temps, il reste administrateur apostolique de son diocèse de Mbandaka-Bikoro, jusqu’à la nomination de son successeur.
Cette annonce portant nomination de Fridolin Ambongo comme futur successeur de l’archevêque de Kinshasa a été faite hier mardi 6 février au cours d’une conférence de presse animée par le Cardinal Laurent Monsengwo.
Jouissant de ce droit de succession, Fridolin Ambongo Besungu, évêque de Mbandaka-Bikoro et vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) aura d’abord pour tâche d’assister Monsengwo Pasinya avant sa vacance du siège épiscopal. Ce, avant que le pape ne décide ou n’accepte la démission de l’évêque diocésain ou la suite du décès de celui-ci. Ainsi, l’homme qui a marqué ses derniers jours d’apostolat par son agressivité en paroles comme en actes, soutenant des appels à des manifestations contre le pouvoir politique congolais en place, n’a que quelques jours pour se retirer du fauteuil épiscopal et céder le flanc à la succession.
Les premiers mots de l’intéressé
« J’exprime toute ma gratitude envers le Seigneur qui m’a toujours assisté dans toutes les missions qu’il m’a confiées et aussi au pape François pour sa confiance », a affirmé, mardi 6 février, Mgr Fridolin Ambongo Besungu, à La Croix Africa. À 58 ans, l’archevêque Mbandaka-Bikoro, dans la province de l’Équateur, en RD-Congo, a été nommé archevêque coadjuteur de Kinshasa, où il va travailler auprès du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya (78 ans).
Après avoir exprimé sa reconnaissance à l’ensemble du peuple chrétien, le nouvel archevêque coadjuteur a précisé qu’aux côtés de Mgr Monsengwo, il continuerait à « avancer et à faire rayonner l’Église » du diocèse de Kinshasa. Selon le Canon 403 du Code de droit canonique qui régit la nomination des évêques coadjuteur, ceux-ci bénéficient du droit de succession, autrement dit remplacent immédiatement l’évêque à qui ils sont adjoints après la démission ou le décès de ce dernier.
Plus qu’une question d’heures
En froid avec le pouvoir en place en République démocratique du Congo, Laurent Monsengwo Pasinya, vient d’ailleurs d’être désigné par une bande de membres d’une société civile inexistante, comme président de la « transition » dont plusieurs ignorent sa nécessité en RDC. Et pourtant, sa retraite n’est qu’une question d’heures, avant que les Chrétiens congolais dans leur ensemble n’assistent à cette séance de remise et reprise entre l’homme de 78 ans et celui de 58 ans.
Il sied de souligner que le Cardinal Monsengwo s’est attiré la colère d’une certaine frange de la population qui pense qu’il trop poussé le bouchon et qui, en conséquence, lui ont tourné le dos. Et actuellement, la retraite annoncée de l’archevêque de Kinshasa va laisser des confusions au sein de l’église, si pas des divisions entre chrétiens. Ceux qui ont soutenu son idéologie et ses ambitions politiques de vouloir prendre le pouvoir dans la rue pour prétendre diriger la transition en RDC, sont ceux-là qui sont véritablement frappés par cette décision du Pape, numéro un de l’église catholique romaine. Mais pour ceux qui ne soutiennent pas cette démarche du Cardinal, la décision du pape permettra donc aux fidèles de l’église d’avoir une idée globale de celui qui a longtemps travaillé dans l’église, mais avait fait de la politique sa prédilection.
Contredit par plusieurs serviteurs de Dieu, comme des laïcs et certains diocèses, après ses différentes apparitions médiatiques, Laurent Monsengwo est sorti fragilisé. Soutenu par le patron de la nonciature apostolique de la RDC, malheureusement rappelé au Vatican pour avoir fait sienne la démarche d’une frange de laïcs catholiques qui a fait couler le sang de plusieurs chrétiens, le Cardinal s’est retrouvé au bout du mur.
Ainsi, comme le Nonce apostolique, il a été vite rappelé par le Vatican afin d’être notifié de sa retraite. Monsengwo fait déjà ses valises. Il ne restera plus au Centre Lindonge, où il a été même visité dernièrement par un commando qui sollicitait de l’aide auprès de lui.
Qui est Fridolin Ambongo ?
Membre de la congrégation des pères capucins, Fridolin Ambongo Besungu, né le 24 janvier 1960 à Boto dans la province du Nord-Ubangui, est docteur en théologie morale, ancien professeur de l’Université catholique au Congo (UCC).
Après avoir suivi des cours de philosophie au séminaire de Bwamanda (Kinshasa) et de théologie à l’Institut Saint-Eugène de Mazenod de Kinshasa, il s’engage dans l’Ordre des Frères mineurs capucins (OFM). Il prononce ses premiers vœux en 1981 et ses vœux perpétuels en 1987.
Il est prêtre depuis le 14 août 1988 et est diplômé en théologie morale de l’Académie Alphonsienne à Rome. Il a également enseigné la théologie morale à l’Université Catholique de Kinshasa. Avant d’être nommé évêque en 2005, Fridolin Ambongo Besungu a occupé le poste de supérieur majeur des frères mineurs capucins de RD-Congo et présidé l’Assemblée des supérieurs majeurs en RD-Congo (Asuma) ainsi que la Circonscription des Frères mineurs capucins en Afrique (Concau).
Il est nommé évêque de Bokungu Ikela (province de l’Équateur) le 6 mars 2005 et est, en même temps, président de la commission épiscopale Justice et Paix et administrateur apostolique de Mbandaka-Bikoro. Il est nommé archevêque de Mbandaka-Bikoro le 12 novembre 2016. Depuis juin 2016, il est vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
À 58 ans, il a présidé la commission Justice et Paix de l’épiscopat de République démocratique du Congo (Cenco). Il s’occupe également de la Commission épiscopale pour les ressources naturelles de l’épiscopat, et fait partie des voix qui pèsent fortement dans l’épiscopat congolais.
Il fait en effet partie des évêques les plus opposés sur le terrain politique, dans un pays où l’épiscopat tente de jouer un rôle de médiateur entre Majorité et Opposition pour débloquer la situation politique.
En juin 2016, son nom avait été évoqué pour présider la Cenco, mais ses confrères lui avaient préféré Mgr Marcel Utembi, craignant d’élire à leur tête un profil trop politique. Il avait alors été élu vice-président de la Cenco.
Ordonné prêtre à l’âge de 28 ans chez les capucins, Mgr Ambongo était depuis 2004 évêque de Bokungu-Ikela, dans le nord du pays.
Mgr Fridolin Ambongo était administrateur apostolique du diocèse de Mbandaka-Bikoro depuis la mort de l’ancien archevêque, Mgr Kumuondala Mbimba, en mars 2016.
Soulignons, enfin, que l’évêque ou l’archevêque coadjuteurest un évêque nommé comme auxiliaire aux côtés d’un évêque diocésain. Celui-ci a droit de succession immédiate sur le siège de l’évêque à qui il est adjoint, après la démission ou le décès de ce dernier.
(BernetelMakambo)