Il met en garde contre de nouvelles coupes au sein de la MONUSCO
La situation politique en République démocratique du Congo fait-elle ainsi peur à Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, qu’il craint des coupes qui seraient effectuées dans la Monusco, avec des conséquences sur la capacité de cette force ? Ceci, pendant que les Congolais savent qu’il sera difficile d’organiser les élections, conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre et qu’il faille chercher les voies et moyens pour atterrir ensemble. Sinon, à en croire une source, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre de nouvelles coupes dans la mission des Casques bleus déployés en République démocratique du Congo, où des élections restent incertaines, dans un rapport remis au Conseil de sécurité et obtenu.
De nouvelles réductions dans la force MONUSCO, la plus importante opération de paix de l’ONU menée avec quelque 18.000 hommes, pourraient ne plus lui permettre d’empêcher un effondrement du pays, indique-t-il dans cette étude stratégique de 27 pages sur l’engagement onusien. Sous la pression des Etats-Unis, le Conseil de sécurité avait en mars décidé de réduire les effectifs de la MONUSCO de 2.000 hommes. Les 15 membres du Conseil doivent tenir la semaine prochaine une réunion sur la RD Congo, indique notre source.
« J’ai confiance dans l’efficacité des changements en cours au sein de la MONUSCO. Mais les Etats-membres devraient être prudents en cas de nouvelles coupes budgétaires dans cette mission car elles pourraient compromettre sa capacité à remplir ses obligations principales », écrit le patron de l’ONU. “Le but ultime de la MONUSCO est d’empêcher l’effondrement de la RD Congo, qui menacerait la stabilité régionale et internationale”, ajoute-t-il.
Des élections pourraient ouvrir la porte à des réductions d’effectifs, voire même à la fin de la mission après 17 ans de présence des Casques bleus dans le pays, estime aussi dans son rapport Antonio Guterres. Lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, le président congolais Joseph Kabila avait assuré que le cap vers des élections était “définitivement fixé” et souligné que les Casques bleus ne pouvaient rester “indéfiniment” dans son pays.
Mais aucun calendrier électoral n’a été encore rendu public, alors qu’en vertu d’un accord politique conclu en décembre 2016, la RD Congo est tenue d’organiser des élections présidentielle, législatives et provinciales d’ici au 31 décembre 2017. Beaucoup d’experts doutent cependant de la possibilité de tenir des élections dans les délais impartis.
Plusieurs éléments aggravent la crise politique en RDC, pivot instable de l’Afrique centrale avec ses neuf frontières, 2,3 millions de km2, quelque 70 millions d’habitants, 3,8 millions de déplacés internes et 500.000 réfugiés du Rwanda, du Burundi, du Soudan du Sud et de Centrafrique. Parmi eux, des groupes armés sont toujours actifs dans l’est frontalier du Sud-Soudan, de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, tandis que l’ONU a enregistré récemment “une augmentation importante” des violations des droits de l’homme.
La Monusco renvoie la balle au Conseil de sécurité
Il vous souviendra qu’à la 75ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, le président de la République, Joseph Kabila Kabange avait clairement manifesté la volonté de son pays, lorsqu’il a dit qu’il est clair que près de vingt ans après son déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment dans mon pays, ni d’y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons des faiblesses constates. « Ce qui nous importe et qui devrait être important aux yeux de tous ceux qui tiennent à la crédibilité de notre Organisation, c’est l’efficacité effective de l’apport des troupes onusiennes sur le terrain », avait-il dit. Voila pourquoi, ajoute-t-il, depuis plusieurs années, nous exigeons le redimensionnement de la force de la MONUSCO au regard de missions devenues dynamiques et la réorientation des moyens ainsi dégagés vers la satisfaction de nos besoins de développement.
A ce message, la MONUSCO, à travers son porte-parole par intérim, Mme Florence Marchal, s’était empressé de répondre, en disant qu’un dialogue stratégique est engagé depuis quelques années déjà entre les Nations Unies et le Gouvernement congolais afin de s’entendre sur la stratégie de retrait de la MONUSCO. L’article 50 de la résolution 2348 y fait d’ailleurs clairement référence. Et d’ajouter qu’alors, par essence, une mission de maintien de la paix n’est pas amenée à rester indéfiniment dans un pays.
« Le mandat de la mission est de contribuer à accompagner le peuple congolais sur la voix de la paix, de la stabilité et du développement. Une fois que le Conseil de sécurité estimera que ce mandat a été accompli, il se prononcera pour le départ de la Mission », avait-elle indiqué, le 27 septembre 2017, lors du point de presse hebdomadaire de la Monusco. Et de soutenir que les agences, les fonds et les programmes resteront quant à eux après le départ de la Mission afin de travailler notamment pour la réalisation des objectifs de développement durable. C’est exactement ce qui vient de se passer il y a quelques mois dans un autre pays du continent africain, avec la fermeture de l’ONUCI qui était la Mission de maintien de la paix en Côte d’Ivoire.
(JMNK)