Au cours de son audience foraine d’hier à la prison militaire de Ndolo, dans la commune de Barumbu, le Tribunal militaire de Garnison de Kinshasa/Gombe a poursuivi l’instruction du dossier qui oppose le Ministère public aux 36 prévenus Kamwina Nsapu aile de Kinshasa. Deux cadres de l’UDPS sont passés à la barre. Il s’agit de Mukenge Paul et Gecko Beya, respectivement Coordonateur de la sécurité à la permanence de l’UDPS et vice-président de la Ligue des jeunes de l’UDPS. Pour le Bâtonnier Mbere, avocat de la partie civile Rdc, ceux qui pensent que ce procès est politique sont mal intentionnés. « Nous savons que l’UDPS est un grand parti de ce pays et a plus de 10 millions des militants. Ici, il n’y a rien de l’UDPS, il s’agit des personnes physiques qui se sont mises ensemble pour déranger les biens des personnes. Il se fait que certaines d’entre elles sont de l’UDPS, il ne s’agit pas d’un procès contre l’UDPS, mais contre les citoyens congolais qui se sont mis ensemble pour attaquer les édifices publics, tuer les gens et s’en prendre aux biens des Congolais, dit-il.
Le premier à passer à la barre, Mukenge Paul, Gradué en Droit et arrêté le 12 juin 2017, a rejeté en bloc toutes les accusations, faisant preuve d’une certaine malice. A l’occasion, ses avocats ont fustigé le fait que le Ministère public n’a pas démontré les éléments caractérisant la prévention de terrorisme, avant de poser quelques questions : quel a été l’apport de Mukenge dans cette association des malfaiteurs ? Quel est son rôle dans l’évasion des detenus ? Combien des groupes il y a dans les séances de scarification ? Peut-il produire le certificat de décès des personnes assassinées par Mukenge Paul ? Comment expliquer certaines infractions sont reprochées au prévenu pendant qu’il était déjà aux arrêts ?
« Vous savez, lorsqu’on accuse quelqu’un, c’est l’accusateur qui doit prouver. Vous avez constaté que durant cette instruction, le Ministère public n’a pas de preuves matérielles, seulement les aveux obtenus sous la torture pour qu’ils puissent accepter ce qu’ils n’ont pas dit », a fustigé Me Ikoko, avant d’ajouter que Mukenge, c’est quelqu’un qui est responsable au niveau de leur parti, il est poursuivi parce qu’il avait appelé quelqu’un, Mazarin, à 5 heures du matin. C’est pourquoi le Ministère public pense que comme il a appelé à cette heure, c’était pour lui demander comment les attaques du point chaud s’étaient déroulées. C’est pourquoi vous allez comprendre que le Ministère public n’a pas d’argument. On demande au Ministère public de nous prouver. Sur l’infraction du terrorisme, il faut que le Ministère public nous prouve qu’il avait l’information. En plus, on n’a même pas cité le nom de Mukenge dans ces preuves là.
Mukenge n’a pas dit la vérité
Dans sa réplique, le Ministère public a fait observer que la comparution est très importante, car le Tribunal attendait de Mukenge qu’il dise la vérité au sujet de ce s’est passé le 08 mai au siège de l’UDPS. Les autres prévenus ont cité le Coordon Paul, raison pour laquelle des questions claires lui ont été posées. Des réponses données, il dit qu’après avoir quitté le siège autour de 20 heures, le reste ne le concerne pas. Mais les autres prévenus disent qu’il était au courant de tout ce qui s’était passé cette nuit-là, soit une réunion de préparation à l’endroit où Mukenge était censé maîtriser la sécurité. En plus, il dit avoir laissé près de 200 personnes, contrairement aux habitudes. La particularité, insiste l’organe de la loi, ce qu’il a été appelé à 21 heures et sachant qu’il allait se présenter au travail à 8 heures, il prendra le soin d’appeler autour de 5 heures du matin. « Que le Greffier note que le 17 mai 2017, Mukenge Paul a appelé à maintes fois Manzanga Mazarin pendant que la prison de Makala était vidée de ses prisonniers dangereux », a insisté le Ministère public.
A une question de la presse de savoir que comme le Secrétaire général de l’UDPS a été cité dans l’un des procès verbaux, n’est-ce pas là un procès politique ou un acharnement contre l’UDPS ? Et le Colonel Limbaya de préciser que le procès verbal dont vous faites allusion ne parle pas de sensibilisation, n’impute pas le Secrétaire général de l’UDPS cette charge de sensibiliser les membres de Kamwina Nsapu. « Le prévenu Mukenge répondant aux questions posées pendant l’enquête préliminaire, même devant le juge, il dit qu’il est chargé de la sécurité et que la personne qui s’occupe de la mobilisation des militants, c’est le Secrétaire général. Quand vous prenez le dossier, vous verrez que nulle part le Secrétaire général est citée », rétorque-t-il, avant de préciser que si une telle révélation a été faite autour du Secrétaire général comme étant mobilisateur, rassurez vous que la loi est la même pour tout le monde, et le Parquet allait faire son travail, c’est-à-dire, appeler la personne, lui poser la question et éventuellement confronter toutes les deux parties. Vous verrez que cela n’a pas été fait.
En outre, il a expliqué que lorsque le Ministère public amène le prévenu devant le juge, la charge de la preuve lui incombe. Dans le cadre de ce procès, le Ministère public est venu avec des preuves : les aveux du prévenu, des procès verbaux de constat et de saisie des objectifs. Des objets entre les mains des prévenus et qui sont révélateurs, sont autour des faits pour lesquelles les prévenus sont déférés. Quand vous prenez l’article 75 du code de procédure pénale, le législateur est clair. En dehors des procès verbaux qui sont revêtus de la force probante, les autres procès verbaux sont laissés à l’appréciation du juge. Et c’est le débat et nous respectons le principe de l’oralité et nous exploitons ces procès verbaux pour permettre aux juges d’avoir son intime conviction.
Allant dans le même sens que le Ministère public, le Batonnier Mbere de la partie civile Rdc a rappelé que les gens pensent que le procès commence à l’audience publique, c’est faux et archi-faux ! Un procès commence à la Police, il va au Parquet et il vient se terminer au Tribunal. « Pour nous qui avons suivi cette instruction depuis la Police, nous sommes à l’aise, parce que lorsqu’on nie devant la barre, nous faisons recours à la Police et au Parquet, nous faisons une confrontation pour que la vérité éclate au grand jour. Il n’y a pas de stratégie à changer, c’est de confronter les prévenus à leurs propres procès verbaux. Peut-être que les gens ne connaissent pas c’est quoi un procès verbal ? C’est un acte authentique qui fait foi jusqu’à preuve du contraire. Nier, oui, est-ce qu’il y a une preuve contraire ? Pour nous, nous nous accrochons au procès verbaux », indique-t-il.
Y-a-t-il procès politique ou acharnement contre l’UDPS ? Et le Bâtonnier Mbere de préciser, ceux qui peuvent avoir cette conception sont les gens mal intentionnés. « Nous savons que l’UDPS est un grand parti de ce pays et a plus de 10 millions des militants. Est-ce qu’on a arrêté tous les 10 millions ? Non ! Ici, il n’y a rien de l’UDPS, il s’agit des personnes physiques qui se sont mises ensemble pour déranger les biens des personnes. Il se fait que certaines d’entre eux sont de l’UDPS, il ne s’agit pas d’un procès contre l’UDPS, mais contre les citoyens congolais qui se sont mis ensemble pour déranger les personnes et de leurs biens », martèle-t-il.
Par rapport à note lue au cours du procès, la partie civile Rdc estime qu’il ne s’agit pas des nouvelles pièces, mais des pièces qui se trouvent déjà au Greffe. Et de s’étonner que le conseil des prévenus était surpris de voir ça devant la barre ! Mais cela n’empêche pas à un Ministère public de brandir les nouvelles pièces, mais à conditions qu’elles soient soumises au débat contradictoire. Soulignons que le procès se poursuit mardi prochain, avec M. Gecko Bey à la barre.
(JMNK)