La célèbre messe des Chefs d’Etat du monde à la 72ième Session de l’Assemblée générale s’ouvre sur fond de la réforme du système des Nations Unies. La République Démocratique du Congo y est présente, le Chef de l’Etat Joseph Kabila prendra la parole ce samedi 23 septembre devant la tribune de l’Onu. L’on se souviendra qu’à la 69ième Session, le Président de la République avait déclaré à la tribune de cet organe mondial qu’ il n’était pas normal, en effet, que l’Afrique, continent auquel appartiennent six des dix économies les plus dynamiques du monde aujourd’hui, dont le taux de croissance et la jeunesse de la population augurent d’un statut de puissance démographique et qui, de par ses forêts, ses réserves d’eau douce et ses terres arables est incontournable dans la mise en œuvre des stratégies de développement durable, ne dispose pas de sièges permanents au sein de l’Organe des Nations Unies chargé de veiller sur la paix et la sécurité internationales. Il est temps, plus que temps que cela change. C’est une question de justice. Quel discours du Chef de l’Etat Joseph Kabila face à la communauté internationale intransigeante, et qui fait une lecture biaisée de la situation réelle de la RDC ?
Il a un look très particulier ce dernier temps. Il s’est fait enrôler avec chevelure assortie de la barbe blanche, Joseph Kabila sur qui repose le poids d’un si grand pays, au regard de son âge, en provenance de Kananga, dans le Grand Kasaï aux fins de réconcilier, pacifier ces provinces victimes de violence sans précédents des miliciens Kamwina Nsapu.
Ce look pour les uns, traduit la détresse du Chef de l’Etat du fait que son pays fait face non seulement aux critiques et attaques externes, mais aussi à une classe politique qui doit se montrer connectée à la pensée du chef, surtout face à la recrudescence de la violence de ce dernier temps. Doit-on conclure que ce nouveau look de Joseph Kabila traduit le deuil ? La détresse ou la détermination d’un homme qui en a marre des incompréhensions de la classe politique à résoudre les problèmes auxquels fait face la population congolaise ? Est-ce une déception d’avoir fait confiance aux hommes qui n’ont pas traduit sa pensée en actes ? Est-ce le poids du pays qui pèse sur ses épaules, que Joseph Kabila attend se décharger à la tribune des Nations Unies au regard de la lecture biaisée de la communauté internationale aux problèmes que traversent le pays de Patrice Emery Lumumba ?
Les yeux des Congolaises et des Congolais restent rivés à l’apparence que va afficher Joseph Kabila à la tribune de la 72ième Assemblée Générale des Nations Unies, à New York. Va-t-il changer la coiffure, va-t-il garder le même look ? Attendons voir ce samedi lors de son discours devant ses collègues des pays du monde.
D’emblée, Joseph Kabila va s’appesantir sur la situation politique, économique, sécuritaire, diplomatique et sociale de son pays.
« Sur le plan politique, la consolidation de la démocratie et le renforcement de la cohésion nationale demeurent nos objectifs prioritaires. A ce propos, je réaffirme la tenue prochaine des élections, conformément au calendrier arrêté par l’institution nationale compétente, à savoir la Commission Electorale Nationale Indépendante. Toutes les dispositions sont prises pour que notre pays en sorte plus apaisé, plus uni et plus fort », avait-il indiqué dans l’un de ses discours précédents à la même tribune.
Du point de vue politique, décidément il va rappeler le contexte de la convocation du dialogue de la Cité de l’Union Africaine sous l’égide de la communauté internationale, avec la présence d’Edem Kodjo. Ce dialogue avait accouché d’un Accord dit du 18 Octobre 2016, avec l’organisation des élections en avril 2018, sur un scrutin de trois séquences : présidentielle, législatives nationales et législatives provinciales. Son élargissement aux discussions du Centre Interdiocésain sous la médiation des Evêques, dont l’Accord prévoit l’organisation des élections fin décembre 2017. De cet Accord impersonnel qui prévoit la nomination du Premier Ministre issu de l’opposition, après le décès d’Etienne Tshisekedi, désigné personae in tui tae. De ce même Accord, un additif, dit Arrangement particulier sur la désignation des personnalités devant animées les institutions non issues des urnes notamment, la primature et le Conseil National de Suivi de l’Accord, avait fixé le caractère discrétionnaire du Chef de l’Etat quant au choix de la personnalité suivant les critères édictés par les Evêques, dont la non conflictualité, la probité morale, le rassembleur et la probité intellectuelle. Il s’agit de Bruno Tshibala Nzenzhe, le dernier confident d’Etienne Tshisekedi et porte-parole du Rassemblement né de Genval qui a été nommé suivant le pouvoir discrétionnaire de Joseph Kabila; et la désignation par les membres du CNSA de Joseph Olenghankoy, figure emblématique de l’opposition radicale, né au lendemain de la Conférence Nationale Souveraine et désigné Président du Conseil des Sages de la plateforme Rassemblement. La République ne gère jamais les divergences politiques internes d’une famille politique, s’il faut en déduire les conflits de positionnement né de cette plateforme dirigée par les frondeurs du G7, et plutôt G5 après le décès de Charles Mwando Nsimba et le retrait de Dany Banza.
Donc, la nomination de ces personnalités politiques de l’opposition atteste que l’Accord est bel et bien respecté et appliqué, n’en déplaisent ceux qui personnalisent ledit Accord, à l’impératif de la nomination du fils d’Etienne Tshisekedi à la résidence politique de Patrice Emery Lumumba, dite Primature.
Le Chef de l’Etat Joseph Kabila va s’employer à éclairer la lanterne de ses homologues que son pays est résolument tourné vers l’organisation des élections, celles qui vont offrir au Congo une nouvelle classe politique selon le choix des citoyens congolais, et non selon la volonté édictée par les offices et forces du mal occidentales. Il va sans doute rappeler que la Ceni à ce jour a enrôlé plus de 40 millions, et les opérations se poursuivent dans le Grand Kasaï, vaste territoire qui a connu des violences, meurtre de la population civile par les miliciens d’un chef traditionnel, dit Kamwena Nsapu. Les conséquences de ces crimes auxquels deux experts des Nations unies ont été décapités, la République Démocratique du Congo condamne fermement et poursuit les auteurs de ces crimes ; aucun d’eux ne resteront pas impunis, a-t-il d’ailleurs rappelé lors du Forum à Kananga sur la paix, la réconciliation et le développement dans le Grand Kasaï.
Du point de vue sécuritaire, la République Démocratique du Congo fait face aux rebelles des ADF/NALU, une rébellion ougandaise qui sévit à l’Est du pays ; la présence des FDLR Interhamwe rwandais, dont le rapatriement dans leur pays d’origine n’est pas facilité par la présence de la Monusco. Cette dernière fera également objet de discussion quant à la réduction de ses forces 20 ans après sans résultat adéquat, alors que les forces résiduelles et négatives continuent à asservir la population avec les tueries de Beni-Butembo etc. en plus des attaques de centres pénitentiaires des adeptes du député national Zacharie Badiengila, dit Ne Mwana Nsemi.
Sur le plan économique et social, la RDC connait la dépréciation de sa monnaie, du fait de la situation économique sur le marché des matières premières. Une situation à laquelle la population fait face.
Du point de vue des relations diplomatiques et coopération bi ou multilatérales, il importe que le premier citoyen de la République va rappeler à certains Etats, le principe sacrosaint de l’égalité et de la souveraineté des Etats, à s’abstenir à s’ingérer dans les affaires internes, puisque la RDC ne s’ingère en aucune affaire d’un pays qu’il soit ami ou frère. Certains diplomates se sont illustrés dans cette pratique qui ternit non seulement l’image des pays qui les a accrédités, mais également refroidit les relations entre la RDC et les Etats concernés à cause de positionnement politique mieux préféré pour garantir leurs intérêts. La République Démocratique du Congo accepte les propositions des autres Etats, pas l’injonction dans les affaires internes, va-t-il rappeler Joseph Kabila. A l’occasion, il va réaffirmer son soutien à l’organisation des élections, balayant d’un revers de la main les allégations de se maintenir au pouvoir par la force. En appui au processus électoral, les Etats dits communauté internationale, la RDC attend leur apport financier pour parachever son cycle électoral au lieu d’instrumentaliser certains fils du pays, dont l’avenir politique est incertains à cause de démêlés judiciaires.
Sans nul doute, Joseph Kabila va faire entendre la voix de plus de 70 millions des congolais, que la démocratie, l’Etat de droit, la liberté d’expression, la liberté des mouvements sont garantis dans son pays. Toutefois, certains acteurs politiques sont à l’antipode de ces valeurs républicaines, se versent les considérations d’ordre personnel, notamment ceux qui ont de antécédents judiciaires avec les privés, et ceux qui se servent, et se cachent derrière la casquette politique à des fins d’abus sexuels. « Sur le plan sécuritaire, le dialogue politique, la diplomatie et l’action militaire ont été judicieusement combinées afin de nous rapprocher surement de l’objectif que nous nous sommes fixé d’éradiquer les forces négatives de notre territoire, contribuant ainsi à ramener la paix dans l’Est de notre pays, comme avec les pays limitrophes. En vue de consolider cette paix et d’améliorer les conditions sociales de nos populations, nous travaillons à l’amélioration du climat des affaires afin de stimuler les investissements, de favoriser une plus grande création de valeur ajoutée locale, et de créer davantage d’emplois », avait déclaré Joseph Kabila Kabange.
La question de la présence des réfugiés sur le sol congolais va sûrement faire l’objet de la communication de Joseph Kabila à la tribune de la 72ième Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Son pays fait face à une situation humanitaire, avec la présence massive des réfugiés centrafricains, sud soudanais sur son sol, lesquels sous la gestion du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, HCR dont la présence peut compromettre la crédibilité des élections car, certains auraient obtenu des cartes d’électeurs en étant réfugiés.
S’agissant du dossier qui colle injustement son pays par rapport aux récentes tueries des burundais sur le sol congolais, le premier citoyen congolais va justement condamner ces actes, sinon, ces réfugiés munis d’armes ont été à l’origine de la mort de l’un des responsable militaires abattu froidement par ceux qui ont demandé l’assistance humanitaire sur le sol congolais. D’où, la nécessité de les rapatrier chacun dans leurs pays d’origines. Il en va de même des congolais réfugiés ailleurs de regagner leur pays d’origine, la RDC.
(Pius Romain Rolland)