La signature le week-end dernier, par Martin Kabwelulu et Lambert Matuku, respectivement ministres des Mines, du Travail et de la prévoyance sociale, de la Charte du Front commun pour le Congo (FCC), sous l’œil vigilant de Néhémie Mwilanya, Directeur de cabinet du chef de l’Etat et membre du Comité stratégique, avait suscité un tôlé général. Nombreuses sont les voix qui s’étaient élevées, pour exiger purement et simplement leur démission, parce qu’ils avaient engagé le Parti lumumbiste unifié (PALU), pendant qu’ils n’avaient pas qualité.
Et pourtant, les deux membres du gouvernement ont pris part active à tout le processus, partant de la création jusqu’à la mise en place des normes qui régissent aujourd’hui le Front, à travers la retraite du Gouvernement à l’initiative du président de la République. Leur présence, c’est pour montrer qu’eux aussi sont reconnus par leur formation politique comme faisant partie des démarches initiées par Joseph Kabila. Voilà pourquoi ils vont signer cette Charte, non en tant que membres du Palu, mais du Gouvernement d’union nationale.
C’était sans compter avec la réaction du patriarche Antoine Gizenga, Secrétaire général et chef du parti qui a adressé, le 10 juillet courant, un message de réarmement moral aux militants du Palu. Dans ce document, il a affirmé qu’à plusieurs reprises, il a dit qu’il a consacré plus de la moitié de sa vie à la lutte pour le bien-être du peuple congolais et que ce n’est pas au soir de sa vie qu’il va trahir son engagement de travailler pour le peuple et de rester toujours à ses côtés.
S’agissant particulièrement de la signature par ses deux camarades qui représentent le Palu au Gouvernement comme ministres, Antoine Gizenga dit ne pas trouver d’inconvénient qu’ils restent solidaires d’une décision gouvernementale d’un Gouvernement dont ils sont membres. Cependant, précise-t-il, « cela n’enlève en rien notre ambition et notre ferme volonté d’aligner un candidat président de la République/Palu, des candidats députés nationaux et provinciaux aux élections de décembre 2018, afin de réaliser mon rêve de voir le Palu assumer l’impérium du pouvoir de mon vivant, tel que je l’ai rappelé et confirmé le 03 juin 2018, à l’occasion de la sortie officielle du regroupement politique Palu et Alliés ».
Le patriarche dit aussi qu’il est au courant que les militants ont été perturbés moralement et psychologiquement, faute d’information. « Maintenant que vous l’avez, c’est le temps pour le rappel des troupes, en vue de la victoire. Il nous faut, pour cela, dire non à toute forme de séparatisme ou de division, susceptible de vous décourager. Au contraire, ressaisissez-vous comme d’habitude, mettez au-devant de la scène ce qui nous unit : ‘’notre idéal de bâtir un Congo fort, uni et prospère’’ », conseille-t-il, car le peuple attend beaucoup du Palu et Alliés, la victoire est au bout de nos doigts ; évitons de prêter le flanc à l’ennemi.
Un candidat du Palu contre un candidat du FCC ?
Allons-nous arriver à avoir, dans cette ville et pour ces élections qui pointent à l’horizon, un candidat du Front commun pour le Congo (FCC) et du Palu, s’interrogent les observateurs de la scène politique, qui ne cessent de dire que les deux alliés au sein de la Majorité présidentielle vont harmoniser et éviter ce choc frontal.
Sinon, les fondateurs et autres signataires de la Charte du FCC se sont engagés à soutenir une seule candidature à l’élection présidentielle et à disposer de la majorité pour gouverner et engager les réformes nécessaires, en vue d’un Congo uni et fort. Et le patriarche, en fin stratège politique, et fort de sa longue expérience, tend une fois de plus la corde à l’Autorité morale du FCC, le président Joseph Kabila, pour entamer des négociations, afin de permettre au Palu de se retrouver.
Si tel n’est pas le cas, le chef du Palu va mettre en porte-à-faux ses délégués au sein du Gouvernement qui seront dans l’embarras de choix, entre un candidat du regroupement dont ils sont membres et un autre du Palu. Espérons que tout sera fait dans l’intérêt de la démocratie congolaise et dans l’objectif de renforcer les institutions du pays.
(JMNK)