Entre le respect de la constitution et les avis personnels des acteurs socio-politiques, le fossé est grand. En RDC, le Congolais a tendance à suivre l’opinion de la rue et rumeur plutôt qu’à s’en tenir aux lois de la République. Pour les uns, la Constitution doit être respectée tout en ignorant l’article 5 de ladite loi fondamentale, tandis que les autres estiment que la loi doit être respectée et d’application dans tous ses articles. Ainsi, la question de l’article 5 de la Constitution est suspendue sur toutes les lèvres en ce que, certains estiment qu’il n’y a pas opportunité à l’appliquer à l’instant et d’autres par contre estiment que la loi doit s’adapter à l’environnement politique de l’heure. D’où, les esprits se surchauffent sur cette question référendaire. Du côté de la Ceni, la question n’est pas à l’ordre du jour, a rassuré Corneille Nangaa au cours de l’atelier organisé à l’intention des professionnels des médias.
La salle du Centre d’information électorale de la Ceni (CIEL), à l’immeuble Kin Maziere, dans la Commune de la Gombe, a abrité un atelier autour du thème : « Médias et Election en République Démocratique du Congo ». C’était du 27 au 28 juin courant, à l’intention des professionnels des medias. Au cours d’un échange franc avec l’assistance, Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante « Ceni », a apaisé les esprits surchauffés des Congolais quant à la tenue probable d’un référendum en République démocratique du Congo. Sujet suspendu aux lèvres tant des acteurs politiques que de la population qui s’interroge sur la probable convocation dudit Référendum. En même temps, le sujet est évoqué en coulisse, suscitant crainte et phobie dans les officines de chancelleries occidentales. Tout en reconnaissant que le référendum est une matière qui est prévue dans la Constitution de la République démocratique du Congo, Corneille Nangaa a rassuré l’opinion que pour le cas précis, ce sujet n’est pas à l’ordre du jour dans la proposition de calendrier électoral qu’il doit publier après l’installation du Conseil National de Suivi de l’Accord. « Nous avons tous à l’idée des élections et rien que ça », a martelé Corneille Nangaa.
Sans être un sujet tabou, le Référendum n’est pas à l’ordre du jour à la Ceni

Dans un entretien avec un diplomate occidental qui voudrait s’assurer que la question référendaire ne pourrait pas faire l’objet de convocation avec l’organisation des élections, le patron de la Ceni n’est pas allé par le dos de la cuillère, en faisant cette mise au point : « Pourquoi ne pas en parler ?Pourquoi en parler à voix basse pourtant elle est constitutionnelle ?» a-t-il répondu.
Par ailleurs, Corneille Nangaa a tout de même souligné que le référendum ne doit pas être considéré comme un « sujet tabou », d’autant plus que c’est une matière reconnue par la Constitution de la République démocratique du Congo « La souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. La loi fixe les conditions d’organisation des élections et du référendum… » article 5 sur la Souveraineté, section 2 de la Constitution.
Ces propos du Président de la centrale électorale viennent balayer toutes les prétentions de certaines personnes qui pensent étouffer l’élan démocratique de la République démocratique du Congo à travers le cycle électoral lancé depuis 2006, et qui a continué en 2011 puis en juillet 2016 avec le processus d’identification et enrôlement des élections. D’aucuns estiment que ceux qui parlent de référendum sont ennemis d’une éventuelle remise et reprise au sommet de l’État et dans d’autres institutions de la République.
Pourtant, Corneille Nangaa a rassuré tout le monde, y compris l’opinion internationale qu’il ne sert à rien de s’agiter autour du processus électoral car, le peuple congolais est à la porte de vivre pour la première fois de son histoire, l’alternance pacifique au sommet de l’Etat. « Le Premier Président de la République Joseph Kasa-Vubu n’a jamais fait de remise et reprise avec Joseph Désiré Mobutu ; le second président de la République, Joseph Désiré Mobutu n’a jamais fait de remise et reprise avec M’Zée Laurent Désiré Kabila. Le troisième président assassiné n’a jamais procédé à cet exercice au sommet de l’Etat avec son successeur. Seul Joseph Kabila est sur le point d’honorer la République de cette cérémonie jamais organisée au Congo à laquelle les congolais attendent assister», a-t-il fait comprendre.
Ceci étant, il a fait entendre une fois de plus la voix de la Ceni, seule institution légalement en même de convoquer l’organisation des élections et à publier le calendrier du processus électoral. Cette tâche ne revient ni au Président de la République ni au Parlement ni au gouvernement ni à l’opposition ni à la Majorité présidentielle ni à la population, moins encore à la communauté internationale. Seule la Ceni sans aucune pression interne ni extérne. Car, à ce stade, la Ceni est confrontée aux contraintes qui peuvent justifier le report des scrutins notamment, les contraintes légales, financières, sécuritaires dans le Grand Kasaï et les celles liées à la pression ambivalente des acteurs politiques qui veulent une chose et son contraire à la fois.
Tout compte fait, Corneille Nangaa rassure l’opinion nationale et internationale que la République démocratique du Congo a besoin des élections démocratiques, libres, transparentes, apaisées et crédibles. Pas d’élections à la lumière de celles de 2006 où deux armées se sont affrontées en pleine capitale et celles de 2011 contestées de part et d’autre. En somme, Corneille Nangaa veut marquer l’histoire électorale de son pays de manière positive.
(Pius Romain Rolland)