Dans un communiqué publié le 13 septembre dernier, le Gouvernement de la République dit qu’il n’acceptera plus aucune interférence en matière électorale que ce qu’on ne se permet pas dans d’autres pays en vertu des obligations découlant du Droit international en général et de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques en particulier. Interrogé par actualite.cd, Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et Médias vient en appui à cette déclaration, avant de dénoncer l’ingérence de la Belgique et de certains pays voisins de la Rdc dans le processus électoral en cours. Et ce, au lendemain des visites de Didier Reynders, ministre belge des Affaires étrangères, à Pretoria, Luanda et Brazzaville.
A la question de savoir, pourquoi Kinshasa voit d’un mauvais œil la tournée de Didier Reynders dans quelques pays africains? Mende répond que c’est l’impression que la Belgique continue à faire pour maintenir entre elle et nous les relations du cheval et du cavalier que nous récusons. « Nous leur avons fait comprendre qu’il est hors de question qu’elle puisse continuer à considérer la RDC comme une affaire intérieure de la Belgique ou de l’Europe. Nous ne sommes pas une province de la Belgique, nous ne sommes pas un Etat européen », dit-il, avant d’ajouter que Didier Reynders et le gouvernement auquel il appartient continuent à se comporter comme si nous n’avions pas eu l’indépendance en 1960. Ils se comportent avec une totale impénitence après avoir eu les responsabilités que l’on sait comme Etat dans la mort de notre premier leader démocratiquement élu, Patrice Emery Lumumba. Ils n’ont jamais demandé pardon au peuple congolais, et voilà qu’ils reviennent à la charge avec les mêmes attitudes et mêmes comportements néo coloniaux qui consistent à vouloir régenter le processus politique dans un pays indépendant, en totale contradiction avec tous les principes des relations internationales.
Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a appuyé, ce jeudi 13 septembre 2018, l’avertissement lancé la veille par le vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères sur l’ingérence des pays étrangers dans le processus électoral en cours au pays. Mende rappelle le principe de “souveraineté” et affirme que la RDC va coopérer avec aucun pays, même pas à ses voisins en matière électorale.
Pour lui, le processus électoral est le cœur de la souveraineté d’un pays. On peut coopérer avec d’autres pays sur toutes les matières sauf sur celle-là qui consiste aux choix des dirigeants et des priorités d’un pays. Nous sommes le Congo et il y a le principe d’égalité souveraine des Etats, alors deux Etats ne peuvent pas se rencontrer et parler de nous, sans nous. Ça, nous le contesterons pour toujours.
Un processus inclusif, transparent et apaisé…
« Nous ne reconnaissons à aucun pays le pouvoir d’émettre un jugement de valeur sur le processus politique en RDC », indique-t-il, tout en se posant une série de questions : il y a eu des élections au Congo Brazzaville et en Angola, vous avez vu les dirigeants de Kinshasa émettre des jugements de valeur sur tout ça ? Pourquoi ce qu’on ne fait pas ailleurs, on veut le faire en RDC ? Le Congo n’est pas la colonie de la communauté internationale. Le Congo appartient aux Congolais. C’est notre devoir de défendre la souveraineté de la RDC et c’est un engagement pris. Nous sommes les fruits d’une expérience de telles ingérences. Depuis 1960, on a tué Lumumba après son élection démocratique. Quelles leçons les Belges peuvent nous donner aujourd’hui 58 ans après avoir assassiné Lumumba ?
Et d’insister sur le fait que le processus électoral est le cœur de la souveraineté d’un pays. On peut coopérer avec un autre pays sur toutes les matières sauf sur celle-là qui consiste au choix des dirigeants et des priorités d’un pays. Nous ne sommes pas une partie du Congo Brazzaville, de l’Angola, de l’Afrique du Sud. Il y a le principe de souveraineté de l’Etat. Deux Etats ne peuvent pas se rencontrer et parler de nous sans nous. Nous contesterons jusqu’au bout.
En Rd Congo, le Gouvernement congolais a levé l’option de financer seules les élections prévues le 23 décembre de cette année. « Nous avons appris ces doutes qui sont émis par certains milieux racistes en Belgique ou aux Etats-Unis. Nous avons les moyens, c’est pourquoi nous avons annoncé que nous sommes capables de renoncer à l’appui extérieur. Nous avons besoin de l’appui extérieur pour d’autres secteurs mais pas pour ce secteur de souveraineté qui sont les élections. Nous avons dit, pour pouvoir nous approprier le choix de notre pays et de nos dirigeants, nous finançons seuls les élections, ne laissons pas les étrangers venir nous dicter les noms des autorités qui doivent nous diriger », a enchaîné Mende, qui martèle que la Rdc a sacrifié d’autres secteurs. Mais s’ils veulent nous aider, pense-t-il, qu’ils viennent nous aider dans les secteurs de soins médicaux, l’enseignement, les infrastructures.
Les conditionnalités de l’opposition
Réunis mercredi à Bruxelles, six ténors de l’opposition congolaise (Antipas Mbusa Nyamwisi, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi et Adolphe Muzito) ont exigé, entre autres, l’apport financier de la communauté internationale comme préalable pour participer aux élections. « (…)l’assistance de la communauté internationale, à savoir les Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine, la SADC et la CIRGL sur le plan politique, financier et matériel pour organiser les élections inclusives dans la paix », ont dit les leaders de l’opposition insistant également sur la participation des candidats “exclus ou invalidés”.
Mais, le ministre Mende qualifie de « menaces à la République » les préalables posés par les opposants. « On ne menace pas la République. Nous avons reçu des menaces autrement plus grandes que celles-là (…) ce ne sont pas ces gaillards-là qui vont nous faire peur, nous sommes là pour assumer », a-t-il lancé aux opposants.
JMNK