Le président de la République, le Premier ministre ou les ministres peuvent-ils se lancer dans la campagne électorale au profit du candidat du front Commun pour le Congo (FCC), Emmanuel Ramazani Shadary ? Cette question et bien d’autres étaient au centre du point de presse animé vendredi dernier par la Majorité présidentielle, à travers son porte-parole, l’ambassadeur André-Alain Atundu. A cette occasion, il a dénoncé une polémique malsaine et perverse destinée plus à distraire et à brouiller les esprits par rapport aux enjeux électoraux, qu’à consolider le processus électoral. Il a aussi fustigé le comportement d’un certain collectif de candidats, invoquant de manière abusive l’article 36 de la loi électorale dans l’intention de surprendre la bonne foi de l’opinion, tout en préconisant la démission des ministres et du Directeur de cabinet du chef de l’Etat. Ceci, pendant que la loi n’interdit pas leur implication dans la campagne électorale, du reste une pratique courante dans les systèmes démocratiques.
A quelques jours de la campagne électorale, une polémique malsaine et perverse a vu le jour et dont l’objectif est de distraire les Congolais et brouiller les esprits par rapport aux enjeux électoraux de l’heure. Cette campagne est née de la présence, dans la campagne du dauphin désigné, du Premier ministre ou des ministres. Fait que n’interdit pas l’article 36 de la loi électorale, parce que relevant de pratique courante dans les systèmes démocratiques. Logiquement, il s’agit d’un débat fallacieux provoqué dans un dessein inavoué, mais bien connu, de solliciter le concours de la CENI pour écarter de la course un concurrent sérieux, mais jugé redoutable, en la personne d’Emmanuel Ramazani Shadary.
Et pourtant, il ne peut y avoir aucune confusion du genre entre les activités professionnelles, et donc républicaines d’un ministre et les actes privés posés dans le cadre d’un parti ou regroupement politique. A titre illustratif, Atundu cite le cas des USA, où nul n’a été choqué par l’implication personnelle du président Trump dans la campagne pour les élections de mi-mandat, sans être obligé pour autant de suspendre son mandat présidentiel. Ce qui pousse la Majorité présidentielle à prévenir qu’elle mettrait les moyens pour faire barrage aux porteurs de tels projets funestes contre la démocratie, pour préserver le peuple congolais des affres d’un chaos prémédité pour réaliser leur plan de transition sans Kabila.
De même, au sujet de la prétendue utilisation des moyens de l’Etat aux fins de la campagne électorale, Atundu se demande : pourquoi ne saisit-on pas les instances compétentes pour que justice soit rendue ? ‘’Ceci procède de la malveillance et d’une volonté de distraire nos membres face à la campagne électorale’’, a-t-il constaté.
La MP s’oppose à la posture d’autorité compétente de Mgr Ambongo
A la même occasion, la MP a fustigé la posture d’autorité compétente affichée par Mgr Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa. «…l’on aurait pu s’attendre à recevoir du nouveau nominé des orientations pastorales dans le sens d’une meilleure évangélisation des Kinois, au regard des défis moraux qui assaillent la société », pense A. Atundu, qui ajoute qu’à la place, les Kinois sont étonnés d’entendre le prince de l’Eglise catholique s’exprimer ex cathedra et avec une posture autoritaire, sur les aspects techniques du processus électoral, matière relevant constitutionnellement de la compétence de la CENI. Pour lui, le prince de l’Eglise n’a pas les outils nécessaires ni l’expertise pour orienter le peuple quant à ce. En plus, l’Eglise et la MP doivent se référer à la CENI qui agit en application de la loi.
Comme pour dire que cette confusion du genre n’est pas de nature à respecter la laïcité de l’Etat congolais, pourtant reconnue et acceptée par tous d’une part, et à favoriser la sérénité dans l’esprit des chrétiens engagés en politique, d’autre part.
Des sanctions discriminatoires et ségrégationnistes
Au cours de ce rendez-vous avec la presse, la Majorité présidentielle a joint sa voix à celle du Gouvernement pour réclamern, au nom de la justice et de l’équité, la levée sans condition des sanctions politiques injustes contre le candidat Shadary et les responsables de l’Etat, plus en raison de leurs fonctions ou statuts qu’à la suite d’une décision judiciaire d’une instance compétente dans le respect de la déontologie et d’un corpus de lois acceptées par tous en toute liberté et souveraineté de l’Etat.
« C’est notre droit et c’est l’équité, si nous réclamons la levée de ces sanctions. Nous ne pouvons pas donner à une décision politique un caractère imposable. Cette décision obéit plus à l’intérêt poursuivi par ces Etats, pour ne pas permettre à la Rdc de bien faire son travail, c’est-à-dire, de bien organiser les élections pour une passation de pouvoir civilisée », a indiqué André Atundu, pour qui ces sanctions sont discriminatoires et ségrégationnistes. Il conseille donc de faire preuve d’héroïsme en résistant contre cette folie démocratique.
En toute état de cause, pense la MP, ces décisions sont arbitraires et immorales, parce qu’elles visent à contraindre les officiels congolais à ne pas exercer leur devoir constitutionnel et à obéir au doigt et à l’œil à quelques personnages dont l’objectif est de ravir sa souveraineté au peuple congolais. A la question : pourquoi Shadary a-t-il été à Mbuji-Mayi ? La MP rétorque que le candidat du FCC a commencé par le stade Tata Raphael, où il a récolté franc succès. Mbuji-Mayi, c’est donc une seconde étape après Kinshasa. Là, il était question de présenter son équipe de campagne dans cette province et de permettre à ce que toute la population du Kasaï-oriental le découvre dans sa peau de dauphin. Force est de souligner que la circonscription électorale du président de la République, c’est l’ensemble du territoire national et il lui appartient de déterminer où il ira et avec qui il parlera.
JMNK