Un massacre de 26 civils s’est déroulé la nuit de vendredi 11 à samedi 12 mai courant, dans le village de la colline Ruhagarika, en commune de Buganda, dans la province de Cibitoke, à l’Ouest du Burundi, frontalier avec la RDC.
Le Cepadho qui donne cette information exprime ici sa compassion et sa solidarité avec les Burundais en général, et de manière particulière avec les différentes familles éprouvées. Ayant suivi attentivement le ministre Bouroundais de la Sécurité, Alain-Guillaume Bunyoni, cette Ong partage entièrement la piste évoquée par l’Autorité du Burundi s’agissant des auteurs de ce carnage, « des terroristes venus de la RDC». Il encourage par ailleurs l’engagement du Gouvernement Burundais consistant à mener «très bientôt des actions conjointes avec la RDC pour traquer ces terroristes».
Le drame survenu à Cibitoke ce week-end pousse le CEPADHO qui suit et analyse au quotidien la situation en rapport avec le mouvement terroriste ADF à rappeler certains faits récents enregistrés en RDC et qui risquent d’avoir une certaine incidence avec ce qui a prévalu ce week-end au Burundi:
Dimanche 06 mai: 3 civils ont été kidnappés par 6 éléments ADF dans les Villages Vusigha et Kizumbura (en localité Muramba, dans le Groupement Basongora, Secteur de Rwenzori, en Territoire de Beni au Nord-Kivu), frontalier avec l’Ouganda. Il s’agit de M. Muhindo Kibaya Denis, Kasereka Mukono John et Paluku Ndambire Yona. Avant de les relâcher, les ADF leur ont exigé de les indiquer la piste pour atteindre l’Ouganda sans être repérer par les Forces et Services de Sécurité. Ces patriotes ont indiqué à leur ravisseurs la fausse piste et en ont alerté par la suite la population et les FARDC. Ce qui a conduit à la capture le matin de lundi 07 mai de deux Tanzaniens (Tabiasi Augustin et Jems Peter Joseph) et un Burundais (Bizimana Suale) parmi les 6 ADF. Avant cette capture, 3 autres ADF ayant réussi à franchir la frontière jusqu’en Ouganda, ont été cueillis la veille par l’Armée Ougandaise/UPDF qui était en alerte;
Mardi 08 mai: un groupe des ADF, plus important que celui du 06 mai, a été perceptible de passage dans le village de Vusigha. Lorsque la population a tenté de mettre la main sur eux, ils ont tiré à bout portant sur un civil (le nommé Eric Vilungero, 40 ans) qui s’en était sorti grièvement blessé au hache. Ce qui a dispersé les braves citoyens. Le civil blessé est présentement admis aux soins à Kaghando Hospital, District de Kasese, en Ouganda voisin;
Mercredi 09 mai, la brave population de Kizumbura a mis la main sur un autre combattant ADF, un Ougandais originaire de Nakawa, en District de Kampala. Il a été livré aux FARDC. Dans la journée de Vendredi 11 mai, la population de Vusigha a retrouvé 3 armes AK47 et deux chargeurs garnis dans la contrée où était signalé la veille le passage des ADF;
La nuit de Vendredi 11 à Samedi 12 mai: vers 0h00 locale, un groupe des terroristes ADF ont fait irruption dans le village Kitholu, District de Kasese en Ouganda, frontalier avec la RDC. Ils ont tenté de piller et probablement d’y opérer un massacre. Grâce à la prompte intervention de l’UPDF toujours en alerte, les assaillants n’ont pas réussi leur coup. Ils se sont sauvés en direction du Congo;
Samedi 05 mai 2018: un jeune Combattant-ADF Okon Jepson Zubairi, Ougandais de la communauté Choli (Acoli), originaire de Gulu, District de même nom, s’est rendu aux FARDC, après 6 ans depuis son recrutement. Il est sorti du parc de Virunga, par Vemba1, dans la contrée de Mayangose, en Territoire de Beni. Prétendant avoir été recruté par ruse, cet ancien chrétien converti islamiste de force (à en croire ses propos) dit avoir trouvé une brèche de s’échapper de son groupe suite à la pression militaire exercée dans la contrée. Ce dernier a donné plusieurs révélations sur le réseau transfrontalier ADF, y compris le réseau dormant, sur le caractère Jihadhiste du mouvement et les ambitions de l’ADF à multiplier des actes terroristes à Beni et dans les États de la Région jusqu’à islamiser de gré ou de force toute la Région. Ces révélations ont été corroborées par les capturés du 06 et 07 mai. Ils ont indiqué que l’ADF connue par eux sous les dénominations MDI (Musilim Defence International) et/ou Matidina Tauheed Madina (MTM) est un mouvement terroriste international connecté à d’autres réseaux terroristes avec pour objectif d’instaurer un État Islamiste dans toute la Région des Grands Lacs, avec le QG de Madina (dans la vallée de Semuliki) comme terre sainte: véritable Medine.
Pour un sommet régional sur les ADF
Le CEPADHO note que si le coup tenté par les ADF à Kitholu en Ouganda n’avait pas été empêché par l’UPDF, les Terroristes auraient réussi leur premier essai, consistant à opérer simultanément dans deux États à savoir le Burundi et l’Ouganda, pour retourner dans leur cachette en RDC sans être repérés. Ils auraient ainsi réussi à endeuillé en même temps deux États de la Région.
C’est pourquoi, eu égard à ce qui précède, l’Organisation insiste sur le fait que la paix et la sécurité du continent sont gravement menacées par les Terroristes ADF basés à BENI en RDC. Le recrutement dans ce mouvement des fils et filles Ougandais, Tanzaniens, Burundais, Rwandais, Kenyans, Tchadiens, Soudanais du Sud, Somaliens, et récemment Sud-Africains au côté de certains naïfs Congolais n’est pas gratuit.
Le CEPADHO est en outre persuadé, qu’en dépit de tous leurs efforts et de toute leur volonté, seules les FARDC et la Brigade d’Intervention de la MONUSCO (FIB) dans leur configuration actuelle ne peuvent pas arriver à bout de l’ADF. Cette Organisation suggère, non seulement une nouvelle évaluation des opérations en cours pour une nouvelle perspective, mais aussi et surtout des opérations conjointes associant les FARDC aux armées des États dans lesquels l’ADF recrute; principalement l’Ouganda, la Tanzanie, le Burundi, le Kenya et le Rwanda.
Le CEPADHO recommande aux Chefs d’Etats de la CIRGL et de la SADC d’organiser le plus tôt un sommet spécial pour définir urgemment des actions conjointes de traque de l’ADF avant que leurs actes terroristes n’embrasent toute la Région. Quant aux Acteurs politiques, particulièrement ceux des Oppositions de la RDC et du Burundi, le CEPADHO leur exhortent d’éviter toute politisation de la question du terrorisme émergeant en ce lieu. Car, parfois leur prise de position à ce sujet désoriente les bonnes volontés qui ont besoin de comprendre le contexte pour contribuer à la véritable solution.
Le CEPADHO soutient que « le terrorisme est bel et bien une triste réalité chez-nous». Nous devons l’endiguer sans état d’âme ni arrière pensée. Nous «devons le combattre tous avant qu’il nous consume tous». Cela nous oblige à nous dépasser pour sauver nos États. En fin, aux Grandes Puissances, à l’occurrence les USA et l’Union Européenne dont l’expertise est avérée dans la lutte contre le terrorisme, le CEPADHO prie de ne pas banaliser les terroristes ADF qui servent de pépinière pour les autres réseaux. Ils sont aussi redoutables qu’Al-Qaïda, que Bokoharam ou Al-Shabaab. Il importe d’agir en solidarité avec nos États pour arrêter leur épanouissement, car ils sont une menace à la paix et à la sécurité du monde.
(JMNK)