La paix et la stabilité sont une réalité en RD Congo. Leur consolidation est une impérieuse nécessité pour cette nation, selon un analyste politique.
A 3 jours de la tenue des élections, les esprits se chauffent ; ce qui est naturel. Par contre, ce qui ne l’est pas, c’est l’incitation à la violence véhiculée à travers des propos récurrents de certains acteurs politiques ou personnalités, plus nous avançons vers le jour « j ».
Les rivalités aidant, chacun dans son « quant-à-soi » estime, à tort que l’échec de sa propre candidature ou celle sur qui il a jeté son dévolu, équivaudrait à une véritable catastrophe. Et pourtant, la République Démocratique du Congo ne s’arrêtera pas après cette compétition. La sagesse voudrait que nous sachions que le 18 janvier 2019, alors que nous aurons un nouveau Président de la République et que nous connaîtrons les noms des parlementaires qui occuperont, aussi bien, l’Assemblée Nationale que les Assemblées provinciales renouvelées, le soleil se lèvera comme d’habitude et la terre continuera de tourner sur elle-même pendant 24 heures.
Je suis même convaincu que la République Démocratique du Congo survivra à nos antagonismes actuels. J’irais même plus loin : ceux qui, aujourd’hui, obéissent à des rivalités provisoirement exacerbées, se réconcilieront, ayant compris que ce qui nous lie et nous attache à cette terre de nos ancêtres est plus important que les oppositions qu’attisent les intérêts des uns et des autres. Nous finirons par remarquer que les programmes de nos rivaux ne contenaient pas que des inepties, nous y découvrirons des idées susceptibles d’aider cette nation. Ceux qui vilipendent le pouvoir en place aujourd’hui constateront, eux aussi, qu’énormément des choses ont été pensées, conçues et réalisées pendant ces deux dernières décennies.
Il nous faut cependant relever qu’il règne actuellement, dans certaines contrées de notre pays, une atmosphère d’avant-veille de guerre civile qu’il convient de dénoncer et de quitter. Alors qu’ensemble nous devons encore faire face à certains groupes étrangers tels que les ADF, les islamistes Shebab, les Mai-mai et autres forces négatives toujours réfractaires à prendre le chemin de la réconciliation, certains « va-t-en-guerre » donnent l’impression de se préparer à ouvrir de multiples fronts en cas de non élection de leurs candidats favoris.
Au-delà de nos propres rivalités, certaines missions diplomatiques, accréditées chez nous pour consolider nos relations avec leurs pays, se sont métamorphosés en centres de conception de subversion. Malheureusement, quelques compatriotes politiciens, frappés d’une naïveté déconcertante, pensent que les diplomates qui sont en République Démocratique du Congo pour défendre les intérêts de leurs pays pourraient devenir les alliés de notre marche vers l’émergence. Il est temps de sortir de cette divagation.
Bien plus regrettable encore, de grandes personnalités, autorités morales respectées, souvent, à juste titre, et sur qui nous aurions pu compter pour éclairer nos populations, semblent perdre leur calme et versent dans des discours cachant mal leurs envies d’en découdre avec leurs adversaires politiques. La rancœur et la haine ne sauraient être des guides vers la sagesse et la concorde nationale.
J’avais cru comprendre que la grandeur et la charité consistaient à aimer son prochain et à tout faire pour l’attirer vers le bon chemin si l’on pense réellement que ce dernier s’égare. C’est ce que j’ai gardé démon éducation chrétienne. Je constate tristement qu’actuellement en RDC, ceux qui sont censés prêcher la sagesse, le calme et la concorde, semblent choisir une autre voie bien moins paisible. C’est donc à nous, pauvres pêcheurs, de tenter de jouer ce rôle qu’on ne mérite certes pas, mais que l’on doit assumer puisque ceux qui se sont auto-proclamés « méritants » l’ont abandonné.
Un philosophe, dont le nom m’échappe, m’a appris qu’il ne suffit pas que le but soit excellent mais il faut encore que le chemin pour l’atteindre ne soit pas entaché de sang. Et lorsque je pense à toutes les guerres qui ont ensanglanté le monde à travers l’histoire parce que leurs initiateurs, enfermés dans leurs vérités et certitudes absolues, en ne s’écoutant qu’eux-mêmes, je me demande très humblement si la bonne voie n’est pas dans la retenue en toute circonstance.
Bien sûr qu’il existe des choses à corriger dans la gouvernance de notre pays. Bien évidemment que les uns et les autres avons des récriminations envers certains de nos compatriotes. Mais, est-ce là une raison pour perturber la bonne tenue des élections en occupant les bureaux de vote ? Est-ce là une raison pour mettre le pays à feu et à sang ?
Dans les circonstances actuelles, deux valeurs devraient primer sur toutes nos préoccupations : la paix et la stabilité.
Je pense à la petite histoire mettant en scène un homme extrêmement colérique qui, pour des raisons qu’il estime valables, mais certainement discutables, violente son épouse et, le lendemain, se mets à se repentir lorsque la colère l’ayant quitté, il se rend compte qu’il ne saurait vivre sans sa compagne qu’il avait pourtant méprisée la veille.
Les élections sont un moment important, certes, mais elles ne sauraient justifier que le sang des Congolais coule encore. Préparons-nous donc à aller aux urnes dans une atmosphère de paix.
Jean-Pierre Kambila Kankwende