Bemba, Tshisekedi, Kamerhe, Katumbi et Tshiani: Budgets réalistes ou effet d’annonce ?

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Félix Tshisekedi, candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018 a présenté, hier devant la presse, son programme d’action à mettre en application, si et seulement s’il est retenu candidat unique de l’opposition et si le peuple lui fait confiance. Cela est évalué à près de 89 milliards de dollars Us, réalisable en 10 ans. Il promet de mettre l’accent sur l’homme, une croissance économique forte, soutenue de 25% par an en moyenne, et qui est créatrice d’emplois et protectrice de l’environnement, ainsi qu’une société solidaire, débouchant sur un pacte social pour bâtir une société solidaire, garante de la cohésion nationale.

Ce programme, mieux ce chiffre vient s’ajouter à ceux d’autres candidats de l’opposition aux mêmes élections, notamment Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Noël Tshiani, … qui ont tous proposé des budgets ambitieux qu’il faudra mobiliser, afin de changer l’image de la République démocratique du Congo. Celui qui propose un gros budget, c’est Noël Tshiani qui parle d’un Plan Marchal pour la Rd Congo, d’un montant de 800 milliards de dollars Us à mobiliser en 15 ans.

L’ambitieux Plan Marshall de Noël K. Tshiani pour la RDC s’articule autour de huit (8) piliers : Investir dans les ressources humaines en mettant l’accent sur l’éducation, la santé et l’autosuffisance alimentaire; promouvoir la paix, la sécurité, l’État de droit et la démocratie; promouvoir l’émergence de la finance nationale; promouvoir l’émergence d’un secteur privé national responsable; favoriser la réalisation de grands travaux d’infrastructures à haute intensité de main-d’œuvre; favoriser et accélérer l’industrialisation du pays par la transformation locale des minerais, la mécanisation de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, la mise en valeur planifiée et ordonnée des forêts, et l’éclosion du secteur tertiaire, y inclus le tourisme; créer des synergies entre le marché intérieur et l’intégration régionale; mobiliser les ressources humaines et financières pour mettre en œuvre les différents piliers du plan.

Félix Tshisekedi, lui, aligne 89 milliards de dollars Us, à réaliser durant deux mandats, si et seulement s’il est retenu candidat unique de l’opposition et si le peuple lui fait confiance. A l’en croire, son budget sera essentiellement alloué à la défense, pour mettre en place un plan de 5 ans intitulé : « Une nation, une armée », avec pour mission de protéger le territoire nationale, chasser les milices, effectuer les travaux de génie civile en temps de paix. Il sera aussi alloué à la politique, pour initier des réformes : respecter les vertus de la démocratie, renforcer les institutions de l’Etat, rendre le pouvoir judiciaire indépendant, extirper la corruption, la concussion, etc.

Le social et le culturel ne seront pas oubliés. Voilà pourquoi il se propose d’inscrire la formation et l’éducation continue parmi les priorités : revaloriser le métier de la petite enfance, chaque jeune a droit d’étudier jusqu’en secondaire ; organiser les Etats-généraux de l’éducation, promouvoir un partenariat-public-privé, instaurer un système d’assurance maladie universelle, promouvoir une politique incitative pour encourager les jeunes médecins, promouvoir l’égalité de sexes et l’autonomisation des femmes, notamment par l’accès à la formation et au travail ; améliorer les indications d’appréciation du climat des affaires …

Entre-temps, pour Moïse Katumbi, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, c’est respectivement 100 milliard de dollars Us, 114 milliards et 80 milliards qu’il faut mobiliser en 5 ans.

Sauront-ils mobiliser tous ces montants ?

Disons que la mobilisation de 800, 114, 100, 89 ou 80 milliards de dollars Us au cours d’un ou de deux  mandats pour relancer le pays, cela renvoie directement aux investissements d’environ 20 milliards USD par an, avec une économie congolaise qui ne produit à l’heure actuelle que 35 milliards USD de biens et services, commentent certains analystes économiques.

En plus, lever des grands fonds d’investissement d’une telle envergure, se fait sur base de la production réelle du pays et en tenant compte de la solidité de son système financier. Comment vont-ils parvenir à lever le triple du PIB actuel dans un système financier qui ne gère que 3 milliards USD des dépôts ? Avec quelle capacité d’absorption ?

En ce qui concerne les mécanismes de cette levée de fonds sur le marché financier international, d’autres interrogations planent : sera-t-il question d’attirer les investissements directs étrangers ou des emprunts obligataires ? Cette  opération   répond-elle au critérium de soutenabilité de la dette de la RDC ?

Pour l’économiste Al Kitenge, cité par Zoom Eco, que ce soit Moïse Katumbi, Noël Tshiani, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Félix Tshisekedi ou n’importe quel Congolais candidat président de la République, le prochain chef de l’Etat aura en sa disponibilité les possibilités de lever les fonds jusqu’à plus de 100 milliards, pour le développement de la Rdc. Car, soutient-il, le pays est grand en termes de superficie (2 345 000km²), et avec une population estimée à 120 millions d’ici à 2030. Cela nécessite un budget conséquent, doublé d’un programme bien défini.

Et d’ajouter : « Le projet comme celui du barrage d’Inga, à lui tout seul, nécessite pour son installation 100 milliards de dollars américains. Et ce même montant doit servir pour le transport du courant électrique. Mobiliser cet argent, c’est possible. Cependant, il faut une forte volonté politique ainsi qu’un engagement technique. Cela implique la mise en place d’un plan stratégique de développement pour savoir que fera cet argent».

Des montants hypothétiques et aléatoires

Réagissant à tous ces chiffres annoncés par les candidats présidents de la République de l’opposition, un cadre de la Majorité présidentielle qui a requis l’anonymat pense que ces budgets ne sont pas crédibles, au regard notamment du caractère non fiable de leurs sources de financement. « Il s’agit des budgets sans âme qui ressemblent à des travaux de fin de cycle et qui sont l’œuvre des personnes non expérimentées dans la gestion de la chose publique », démontre-t-il.

Et de s’interroger : mobiliser 800, 114, 100, 89 ou 80 milliards de dollars Us au cours d’un ou de deux mandats, est-ce sérieux ? Voilà qui le pousse à déduire qu’il s’agit des montants dont le seul bénéfice est l’effet d’annonce, parce qu’ils sont hypothétiques, aléatoires.

Soulignons qu’au-delà de ces chiffres, l’opposition doit gagner la bataille d’une candidature commune, avant de solliciter le vote de la population. Après  quoi, elle pourra prétendre exécuter son programme d’action. Avant d’y arriver, il y a aussi la bataille qui va se jouer au Parlement, entre la majorité et la minorité. Il est aussi important, dès à présent, que l’opposition se batte pour avoir une majorité au Parlement ou nouer les alliances capables de permettre la mise en place du programme du candidat. Au cas contraire, le Parlement ne manquera pas de rejeter, à la première lecture, un programme ne reposant sur aucune base réaliste.

(JMNK)

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