Arrivé à Kinshasa: Bemba logé dans un hôtel de la Gombe
Après dix années passées à la prison de La Haye en Hollande, le sénateur Jean-Pierre Bemba a foulé hier mercredi la terre de ses ancêtres. Son arrivée devant drainer des foules importantes, la police n’a pas dérogé à sa mission, celle d’assurer la sécurité du président du Mouvement de Libération du Congo (MLC) partant de l’aéroport international de N’Djili, en passant par l’avenue de l’Enseignement où se trouve le siège de son parti, avant d’être logé dans un hôtel situé dans la commune de la Gombe. « Je suis content d’être de retour dans mon pays », a-t-il dit aux journalistes au salon d’honneur de l’aéroport de N’Djili sans faire d’autres déclarations.
Comme nous avons eu à le dire, son arrivée à Kinshasa était préparée minutieusement entre son parti politique et les autorités du pays, pour éviter tout débordement. Raison pour laquelle le commissariat provincial de la police ville de Kinshasa, à travers son n°1, le commissaire provincial et commandant de la ville de Kinshasa, Sylvano Kasongo Kitenge, a indiqué, dans un communiqué parvenu au Journal L’Avenir, que l’arrivée du sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo dans la capitale s’est déroulée globalement dans le calme.
« La police a encadré, avec professionnalisme, le cortège du sénateur de l’aéroport international de N’Djili jusqu’au siège de son parti, sur l’avenue de l’Enseignement dans la commune de Kasa-Vubu. Bien qu’ayant fait l’objet d’insultes et de provocations de la part de plusieurs accompagnateurs du cortège, la police n’a aucunement réagi », indique un communiqué de presse publié hier dans la soirée, avant d’ajouter qu’un incident a néanmoins été enregistré à la hauteur du quartier Mikondo dans le district de la Tshangu.
En effet, un groupe d’inciviques s’est attaqué aux forces de l’ordre avec des projectiles, endommageant un véhicule de la police. Le sénateur Bemba a failli attraper un projectile sur le visage. C’est grâce à la vigilance des éléments commis à la sécurité du cortège que M. Jean-Pierre Bemba a gardé son intégrité physique. Voilà pourquoi la police rappelle que conformément aux ordres reçus de la hiérarchie et d’après les arrangements trouvés avec le MLC lors des différentes réunions préparatoires, le cortège du sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo n’a pas été autorisé à franchir la commune de la Gombe, pour des raisons d’ordre sécuritaire. C’était tout à fait normal, vu que la foule n’a pas d’état d’âme et qu’il fallait faire de sorte que les personnes et les biens soient protégés, en dépit de cette arrivée.
Toutefois, le sénateur va loger dans un hôtel de la Gombe, en attendant d’autres dispositions pratiques, précise la Police. Cette décision n’a pas été du tout du goût du MLC qui, à travers sa secrétaire générale, Eve Bazaïba, n’a pas caché son mécontentement. Le MLC voulait en effet que le sénateur regagne la résidence familiale, sur l’avenue Pumbu, dans le périmètre du Palais de la Nation. Mais devant les impératifs sécuritaires, la police a fait respecter les instructions reçues.
Soulignons que l’ancien vice-président congolais a été acquitté le 8 juin dernier par la Cour pénale internationale(CPI), de lourdes charges de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, après 10 ans de détention. Jean-Pierre Bemba qui a assumé les fonctions de vice-président de la République entre 2003 et 2006, a annoncé à sa sortie de prison, son ambition de se porter candidat à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018. Dans le même ordre d’idée, il s’est dit prêt à soutenir une candidature commune de l’opposition autre que la sienne. En 2006, il avait échoué avec 42% au même scrutin face au président actuel, Joseph Kabila Kabange.
Ses milices, en 2002 et 2003, étaient intervenues en Centrafrique pour soutenir le pouvoir en place, sous feu le président Ange-Félix Patassé, provoquant par leurs exactions plus de 5 000 victimes. La CPI a finalement jugé que l’accusé, qui ne se trouvait pas lui-même en Centrafrique lors des faits incriminés, n’était pas au courant de ces crimes. À la surprise générale, elle a donc renversé le jugement prononcé en première instance. Mais l’ancien chef de guerre trempe aussi dans une affaire de subornation de témoins qui lui a valu, le 22 mars, d’écoper d’un an de prison et de 300 000 € d’amende. Le bureau du procureur a décidé de faire appel de cette décision. Jean-Pierre Bemba doit être une nouvelle fois fixé sur son sort.
(JMNK)