L’un des partenaires de la Ceni au processus électoral, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a procédé hier jeudi 10 août 2017, avec le bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) conduit par son vice-président Norbert Basengezi, à l’évaluation du niveau d’exécution des recommandations formulées aux parties prenantes au processus électoral et aux partenaires de la Ceni. L’OIF à travers le Général Siaka Siangaré se dit très satisfait du travail abattu par la Ceni, qui a réussi à enrôler plus 38 millions d’électeurs, hormis le Grand Kasaï et les deux territoires de la Lomami, et sans compter la ville de Kinshasa où l’opération d’enrôlement continue. A ce stade, la capitale de la RDC a atteint 4 millions 55 milles enrôlés. Un motif de satisfaction de l’OIF qui attend que les contraintes d’ordre sécuritaire, budgétaire, logistique et juridique soient escamotées de part et d’autre et au niveau des responsabilités des unes que des autres institutions.
Arrivée à Kinshasa le samedi 05 août 2017, la délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) conduite par M. Georges Nakseu Nguefang a eu une première séance de travail avec la Commission Electorale Nationale Indépendante le 07 août 2017 sous la supervision du Vice-président de la CENI, M. Norbert Basengezi Katintima.
Cette deuxième rencontre s’est voulue plus technique et restreinte. Elle était composée du côté OIF, par le Général Siaka Sangaré et M. Cyril Kulenovic. Du côté CENI, on a compté la présence du Vice-président Norbert Basengzi Katintima, du Rapporteur M. Jean-Pierre Kalamba, de Mme le Questeur Géraldine Kasongo Ngoie, de M. Augustin Ngangwele, membre de l’Assemblée plénière et du Secrétaire Exécutif National, M. Ronsard Malonda.
Cette séance de travail a permis à la Mission de l’OIF de rendre compte à la CENI des résultats de nombreuses réunions que sa délégation a eues en quelques jours avec différentes parties prenantes aux élections en République Démocratique du Congo. A l’occasion de cette deuxième réunion avec la CENI, l’OIF a souhaité également faire le point sur le niveau de prise en considération par l’Organe de gestion des élections des recommandations lui formulées après l’évaluation du fichier électoral congolais.
La CENI favorable à une présence permanente d’un expert de l’OIF à son siège
Dans son mot d’introduction, le Vice-président Norbert Basengezi Katintima a salué le cadre d’échanges permanent entre la CENI et l’OIF. Signe que l’Organisation Internationale de la Francophonie a réellement le souci d’accompagner la République Démocratique du Congo vers des élections crédibles et apaisées.
Au nom de l’Assemblée Plénière de la CENI, le Vice-président a réitéré la sollicitation formulée à l’OIF au cours de la réunion précédente. Il s’agit non seulement de voir cette institution renforcée son appui technique à la constitution d’un fichier électoral répondant aux standards internationaux mais aussi d’accompagner jusqu’à son terme, l’ensemble du processus électoral dans le pays. Pour plus de pragmatisme, le Vice-président de la CENI a demandé à ce que l’OIF délègue un représentant permanent à la CENI comme c’est déjà le cas pour l’Union européenne, le PNUD et la Monusco.
Par ailleurs, le soutien de l’OIF est également attendu sous la forme de la désignation d’un expert devant collaborer à la confection d’un calendrier électoral réaliste dans le cadre d’un large consensus entre différents partenaires et parties prenantes au processus électoral en République Démocratique du Congo.
Pendant plus de trois heures, les deux parties ont évalué ledit processus, en ce que la partie OIF se dit satisfaite des résultats accomplis jusque-là, par la Ceni au nombre desquels, plus de 38 millions d’enrôlés, sans le Grand Kasaï, mais avec le processus qui continue à Kinshasa.
A en croire le Général Siaka Siangaré, il a rappelé qu’à la première réunion avec les membres de la Ceni, leur mission était portée sur la Revue des recommandations. Ils ont évolué à ce jour, avec le même objet. Cependant, il a indiqué que lors de la dernière mission, son Institution avait formulé une série de recommandations adressées d’une part, aux autorités de la République Démocratique du Congo et à la Ceni, d’autre part aux à la classe politique dans son ensemble, aux partenaires techniques et financiers, en plus de la Société civile.
A l’en croire, c’est à la suite de l’évolution positive du processus d’identification et enrôlement des électeurs par la Ceni que l’OIF a jugé utile de revenir à Kinshasa pour faire les points de la mise en œuvre des recommandations. « Nous tenons absolument à la mise en œuvre de ces recommandations et c’est ça ce qui peut nous encourager à continuer à poursuivre les efforts d’accompagnement, les efforts d’appui audit processus », a-t-il indiqué.
Il faut dire qu’au cours de la réunion d’évaluation du niveau d’exécution de recommandation, les deux parties ont évoqué les contraintes liées au processus électoral en République démocratique du Congo, au nombre desquels, celles qui ne sont pas liées à la Ceni, notamment, les contraintes sécuritaires, budgétaires, logistiques et celles d’ordre juridiques, a-t-il mentionné. « Nous sommes vraiment aujourd’hui dans cette salle et nous avons constaté qu’il y a eu des gros efforts pour la modernisation de l’outil qui va permettre la mise en œuvre du processus électoral et surtout de la remontée des donnés de l’enrôlement, mais de la montée des résultats à partir des Antennes et des territoires », a reconnu le Général Siaka Siangaré, tout en épinglant également la problématique de l’élaboration du projet du calendrier, que la délégation n’a pas occulté et qui figure parmi ses recommandations. Sur ce point, le bureau de la Ceni a précisé des dispositions prises quant à l’élaboration du projet de calendrier qui, du reste doit être consensuel.
Ceci justifie cela, la délégation de l’OIF se dit également très satisfaite des données électorales à ce jour, et que la Ceni a déjà enrôlé 38.734.000 électeurs. A comparer avec l’année 2011 lors de l’audit du fichier électoral, à ce stade la Ceni en avait enrôlé que 33 millions. A comparer aujourd’hui, il y a une nette évolution, nonobstant Kinshasa dont le processus est en cours, mais également le Grand Kasaï dont le lancement du processus est en cours. « Quand nous avons fait l’audit du fichier électoral en 2011, nous avions à peu près 33 millions d’électeurs, aujourd’hui nous sommes à 38 millions d’électeurs et ce n’est pas fini parce que ça continue sur Kinshasa. Et à Kinshasa en 2011 il y avait 3.200.000.000 à peu près ; il reste encore un mois à Kinshasa qui est à 4 millions 55 milles enrôlés », a indiqué le Général Siaka Siangaré.
La tenue des élections, le maître-mot des différentes parties prenantes
En 48 heures, l’OIF a tenu plus de 40 réunions avec différentes parties prenantes. Faisant la synthèse des rencontres organisées, la délégation de l’OIF a relevé trois points majeurs de convergence, à savoir : la centralité de l’Accord de la Saint Sylvestre du 31 décembre 2016 comme base des échanges politiques ; l’urgence de l’élaboration d’un calendrier des élections malgré les contraintes sécuritaires au Kasaï, Kasaï Central et dans les deux territoires de la province de Lomami (Luilu et Kamiji) et enfin, la mise en œuvre des actions conjointes et coordonnées entre toutes les parties prenantes susceptibles de tirer le bateau du processus électoral dans le bon et le même sens.
Le Général a ensuite détaillé les contenus des échanges que sa délégation a eus notamment avec le Rassemblement, les nouvelles autorités installées du CNSA, la CENCO, le Premier ministre Bruno Tshibala, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité, M. Emmanuel Ramazani Shadary ; le Mouvement de Libération du Congo (MLC), l’ancien Premier ministre Samy Badibanga de même que les Ambassadeurs et représentants diplomatiques des pays et Institutions tels que la France, la Belgique, l’U.E, la Monusco, le PNUD, etc.
Pour le Général Siaka Sangaré, il ressort de ces contacts francs et constructifs, que la tenue des élections est le maître-mot des différents acteurs. Face aux critiques de certains acteurs politiques, l’OIF a tenu à rappeler le caractère purement technique de sa mission. Elle a invité les différents acteurs à participer dans un esprit d’inclusivité à la réussite du processus électoral.
La délégation a constaté que l’OIF jouit encore d’une réelle crédibilité et impartialité dans le chef de l’ensemble de la classe politique congolaise. Saluant la poursuite, sous d’autre forme, de la mission de bons offices de la CENCO, la délégation de l’OIF a, par contre, exhorté les acteurs politiques à éviter d’envoyer les enfants dans la rue et au Gouvernement de concilier les impératifs du maintien de l’ordre public et du respect des libertés d’expression.
La situation sécuritaire dans le Kasaï et Kasaï Central est également restée au centre des échanges entre l’OIF et les acteurs politiques. Si la reprise programmée des activités de la CENI est saluée, la délégation de l’OIF a souligné l’importance d’une coordination plus accrue des actions avec la MONUSCO et la poursuite des opérations de stabilisation de ces territoires par le Gouvernement. C’est dans ce sens que la tenue prochaine d’une grande Conférence de réconciliation au Kasaï envisagée par le Gouvernement a été vivement saluée.
La délégation de l’OIF a reconnu la pertinence d’une présence permanente d’un expert pour accompagner la CENI. En attendant une demande officielle, la CENI a été invitée à lever les derniers obstacles qui créent la méfiance de la part des autres partenaires nationaux et internationaux. Il s’agirait notamment de donner une plus grande visibilité quant à la reprise de ses opérations dans les Kasaï ; de multiplier les cadres de concertations ou encore de transmettre la Loi électorale pour adoption au parlement via le Gouvernement de la République.
Quant à la production du calendrier électoral tant attendu, la délégation a estimé que celui-ci devrait intégrer de façon claire la contrainte de la bonne tenue sur une période précise des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs aux Kasaï. L’enrôlement des congolais de l’étranger de même que des réfugiés ou encore les démarches pour l’acquisition du matériel devant servir au contrôle qualité du fichier électoral ont également fait l’objet des échanges.
A la fin de la rencontre, la délégation de l’OIF a été invitée à visiter la salle modernisée du Centre National de Traitement (CNT) devant très prochainement servir de centre de gestion des données électorales.
(Pius Romain Rolland)