De passage à la Radiotélévision du Groupe de Presse l’Avenir le week-end dernier, le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni), Corneille Nangaa, a annoncé le lancement, dans les tout prochains jours, de l’opération d’enrôlement et d’identification des électeurs dans les dernières aires opérationnelles (3 et 4). Ce, après un bilan plus ou moins positif de cette opération dans les douze premières provinces de la République, outre le Nord-Ubangi, zone pilote.
Pour le président de la Centrale électorale, son institution se porte très bien et poursuit sa mission constitutionnelle, celle d’emmener le peuple congolais au troisième cycle électoral. Et concernant l’opération d’enrôlement et d’identification des électeurs lancée dans les premières aires opérationnelles et qui tend vers la fin, Corneille Nangaa a d’abord dressé l’historique de cette opération qui avait commencé dans la province pilote du Nord-Ubangi. A l’en croire, c’est après l’évaluation que la Ceni a pris l’option d’acquérir les matériels et les déployer dans les douze nouvelles provinces, dont le Haut Katanga, le Lualaba, le Tanganyika, le Sud-Ubangi, Sud et Nord-Kivu, Maniema, Ituri, Tshuapa, Equateur et autres. « Nous avons donc lancé l’opération en décembre 2016, avec tout ce qu’on peut avoir comme défi logistique, le déploiement nous a pris plus ou moins 12 mois et à ces jours, on est en train de clôturer dans cette zone et il faut annoncer que la clôture se chevauche avec le lancement dans les autres provinces », déclare M. Nangaa.
Sur cet espace, donc la 1ère et 2ème aire opérationnelle, la Céni avait projeté d’enrôler 20.794.920 électeurs. Soudain, à ce jour, la Centrale a enrôlé 22.225.243 électeurs, soit un taux de réalisation de 106%. Pour lui, ceci démontre que les choses avancent plus ou moins bien et d’ici fin du mois de juillet, son organe va mettre un point final à cette opération d’enrôlement et identification des électeurs en RD Congo. Et sur base des viellent statistiques du recensement de 1984, mais dont les projections tiennent, la Céni pense qu’en terme de taux de réalisation, c’est la province de Tshuapa qui a réalisé un taux de 144% par rapport à ce qui a été prévu. « A la Tshuapa, nous avons planifié d’enrôler 741.226, mais à ce jour, on a enrôlé 1.043.093 électeurs. Ceci se justifie par le fait qu’à la Tshuapa, dans les territoires de Befale, Ikela, Bokungu, Mokoto, on a enregistré un nombre important d’une peuplade, qui, en 2006 et 2011, ne s’est même pas fait enrôler. C’est le Kitawala. Ils sont venus en masse et c’est un nouveau phénomène que nous avons enregistré », renchéri-t-il. Au-delà de la Tshuapa, il ajoute qu’il y a les provinces telles que l’Equateur, le Lualaba qui ont respectivement 116 et 114 %. Quant au rôle que doit jouer cette carte d’électeur, Corneille Nangaa pense qu’outre les élections et tant que l’on n’a pas encore recensé la population, elle continuera aussi à servir comme carte d’identité des Congolais.
Des difficultés rencontrées
De ce point, le président de la Ceni affirme que 22.225.243 électeurs, c’est une avancée, mais une telle réalisation ne peut pas se faire sans beaucoup de défis, notamment celui lié à la logistique, dont les voies de communication posent beaucoup de problèmes en RDC et la Ceni ne pouvait pas atteindre à lui seule toutes les provinces. « Nous avons beaucoup d’endroits où on n’a pas l’accessibilité facile. Donc, atteindre tous les centres d’inscription repartis dans toutes ces provinces en milieu rural comme en milieu urbain, ça aura été un grand challenge », affirme-t-il. Sur ce, le technicien congolais en matière électorale remercie le Gouvernement de la République pour avoir mis à la disposition de la Céni les avions et les cargos des FARDC, des camions ainsi que d’autres matériels flottants et roulants qui ont permis d’atteindre l’objectif lié à cette opération d’enrôlement des électeurs. Outre le Gouvernement, Corneille Nangaa remercie aussi la Monusco qui est intervenue avec des hélicoptères et autres moyens qui ont permis d’atteindre surtout les coins les plus reculés.
Quant au deuxième défi, auquel la Ceni a fait face et qui n’était pas le moindre, c’est celui lié à la sécurité. A l’en croire, son institution a perdu à ce jour, quatorze personnes, dont sept policiers qui ont été tués en plein exercice, en gardant les matériels et les centres d’inscriptions. Il y a aussi sept agents opérationnels qui sont décédés en pleine opération pour des raisons sécuritaires. Par ailleurs, il profite de l’occasion pour saluer la bravoure et le courage de tous les agents de la Ceni.
Le troisième défi est celui lié aux finances. De ce point, Corneille Nangaa salue les efforts du gouvernement qui, depuis le mois de janvier 2016, s’est employé à décaisser régulièrement les fonds, qui donnent aujourd’hui les résultats positifs. Quant au défi légal, le président de la Céni évoque la problématique du vote au Parlement, de la Loi portant enrôlement et identification des électeurs. Chose faite et qui a permis à la Centrale électorale de lancer cette opération depuis juillet 2016. Pour ce faire, il salue l’implication de deux chambres du Parlement qui ont joué, chacune, un rôle important quant à ce.
Lancement de la dernière opération d’ici le 29 avril
Après les différents défis sus évoqués, Corneille Nangaa a annoncé pour bientôt, soit le 29 avril prochain, l’opération d’enrôlement et d’identification des électeurs dans les dernières aires opérationnelles. « Nous lançons l’opération en commençant dans certaines villes et provinces dont le Haut-Uélé, Bas-Uélé, Tshopo, Lomami, Sankuru, Kasaï-Oriental, Kwango, Kwilu, Maï-Ndombe, Kongo Central, ainsi que Kinshasa qui suivra dans les semaines qui viennent », a-t-il dit. Concernant une partie de Lomami, Kasaï et Kasaï Central, la Ceni reste dans l’observation de la situation sécuritaire, car l’objectif est d’enrôler tout le monde. « Nous comptons faire les mêmes efforts comme au Kivu, en menant une action de concertation et autres pour qu’on commence l’opération dans cette partie de la République », glisse-t-il.
De l’enrôlement des Congolais vivant à l’étranger, Corneille Nangaa affirme qu’il y a un plan qui sera mis en œuvre concomitamment avec la province de Kinshasa. A cet effet, il y a des contraintes à affronter, notamment celles de l’article 10 de la Constitution qui dit que la nationalité congolaise est une et exclusive. « On va identifier et enrôler le Congolais de la diaspora qui sera muni de deux pièces, dont le passeport congolais et la carte de résident signée par l’autorité de la ville », a annoncé Corneille Nangaa. En plus du passeport, l’intéressé doit présenter la carte consulaire délivrée par les ambassades congolaises. Il a aussi évoqué quelques contraintes, notamment techniques, financières et autres pour enrôler les Congolais de l’étranger, qui ne vont voter que pour les élections présidentielles.
(Bernetel Makambo)