Face au message de guerre des évêques, La MP rassure : les élections auront lieu

A l’issue de la réunion statutaire des évêques de la RD Congo, un message a été envoyé à la population qui porte essentiellement sur la situation politique, économique, sécuritaire et humanitaire du pays. Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) se sont penchés sur les conditions de vie de la population congolaise dont ils ont la charge pastorale. Ils sont inquiets et préoccupés, disent-ils, de la détérioration continue de la situation économique, sécuritaire et humanitaire, ainsi que de l’impasse politique actuelle, indique une synthèse faite par l’Abbé Jean-Marie Bomengola.
A la Majorité présidentielle, on pense que la CENCO est allée très loin, en appelant le peuple au soulèvement. Son Secrétaire général, Aubin Minaku Ndjalandjoko, qui a battu le rappel des troupes, prépare non seulement quelle réponse réserver à ce message de la CENCO relié par le G7, mais aussi comment rassurer la population congolaise de la volonté du président de la République, celui-là même qui a initié le dialogue censé conduire à l’organisation des élections en Rd Congo.
« Lorsqu’il y a des sujets d’actualité, le Secrétaire général de la Majorité présidentielle réunit assez souvent les communicateurs pour faire le topo, voir dans quelle mesure nous devons communiquer », a expliqué Ernestine Nyoka, communicatrice de la MP au sortir de cette réunion. Et de justifier en ces termes : lorsque vous restez silencieux, vous laissez cours à la rumeur. Voilà pourquoi il s’était agi d’analyser les messages des évêques qui ont donné un mot d’ordre de soulèvement à l’endroit de la population.
Et de préciser que lors de la réunion, ils ont aussi scruté le message du G7, en fait les problèmes de l’heure, même la position prise par l’Union européenne. « Vous devez comprendre que c’est en étant du côté de l’opposition que des évêques qui sont contre le pouvoir et pensent que l’organisation des élections est une chimère. La réunion d’hier, c’est pour leur dire que les élections sont une réalité, l’enrôlement continue. Il faut donner le son de cloche de la MP », soutient-elle, avant d’ajouter que Joseph Kabila, l’artisan de la paix, qui a voulu qu’il y ait le dialogue devant aboutir à l’organisation des élections, nous allons y aller avec le rythme et le programme de la CENI.
De son côté, un autre communicateur, Franklin Tshiamala estime que comme à l’accoutumée, le Secrétaire général de la Majorité présidentielle, Aubin Minaku a battu un rappel des troupes. « Nous avons passé en revue la situation politique de l’heure, partant de la conclusion de l’accord de la Saint Sylvestre jusqu’à la déclaration de guerre faite par la CENCO ». Pour lui, la CENCO appelle au soulèvement populaire, et elle est relayée par son allié de tous les temps, à savoir le G7. C’est dans la sérénité que nous avons tenu cette réunion. Toute la machine de communication de la MP, toute la MP est mobilisée pour réserver une réponse adéquate aux velléités de tout genre, dit-il. Les choses sont claires. La CENI est occupée à actualiser le fichier électoral et aujourd’hui, elle a enrôlé près de 30 millions des Congolais. LA MP a mis le cap sur les élections, nous ne reculerons pas. Le chef de l’Etat tient à l’aboutissement du processus électoral. Ceux qui veulent s’engager dans les velléités guerrières, rébellion, session, nous trouverons sur leur passage avec le peuple.
Qu’ont dit les évêques ?
Pour les évêques, « le pays va très mal ». Ils se basent pour cela sur la situation socio-économique où l’on assiste au recul du taux de croissance, à la dépréciation de la monnaie nationale face aux devises étrangères, à la détérioration du climat des affaires, la corruption, l’évasion fiscale, le détournement des fonds publics, le conflit d’intérêt, la baisse du pouvoir d’achat, etc.
Concernant la situation sécuritaire et humanitaire, l’insécurité est quasi-généralisée à travers le territoire national, les affrontements entre les forces de l’ordre et les miliciens au Grand Kasaï, la présence des groupes armés étrangers sur le territoire national, le kidnapping et l’assassinat d’enfants, les enlèvements de personnes et les vols à mains armées, les attaques de paroisses et autres structures de l’Eglise catholique, les évasions de détenus des prisons de Makala et de Matete à Kinshasa, de Kasangulu, de Kalemie et de Béni, etc. Pour les évêques, la situation actuelle est une conséquence de la persistante crise sociopolitique due principalement à la non-organisation des élections conformément à la Constitution du pays.
L’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016 contient des pistes de solutions à la sortie pacifique de cette crise ; il prévoit la tenue des élections présidentielle, législatives et provinciales avant décembre 2017. Les évêques invitent les Congolais à un sursaut patriotique, à prendre leur destin en main. Ils doivent éviter de se décourager et de céder à la peur et au fatalisme. La population doit exiger le respect et la mise en application intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre par les signataires et se faire enrôler en vue des élections.
Ils condamnent la violence d’où qu’elle vienne et réaffirment le caractère sacré et inviolable de la vie humaine. Ils demandent la mise sur pied d’une enquête sérieuse et objective sur les atrocités commises au Grand Kasaï. Et aux prêtres, d’organiser des prières et jeûnes à partir du 30 juin dans chaque paroisse et appellent à la mobilisation en faveur des compatriotes vivant dans les zones de conflit, en vue de leur apporter l’assistance humanitaire dont ils ont besoin.
(JMNK)