Face au durcissement du ton des grévistes, Transco : Le Directeur général suspendu
Sur instruction du Président de la République, le Vice-premier ministre et ministre des Transports et Voies de Communication, José Makila, vient de suspendre le Directeur général de Transco, M. Michel Kirumba. Son intérim sera assumé par son adjoint. Ainsi dans ce feuilleton, les agents de Transco auront tout obtenu. Non seulement que le chef de l’Etat a instruit à la chaine des dépenses publiques pour que soient libérés en procédure d’urgence les arriérés dont bénéficient les équipages ainsi que tous les avantages revendiqués (il s’agit de la somme de CDF 1.030.000.000,00), le Dg vient d’être suspendu. Une revendication qui ne figurait même pas dans le cahier des charges des agents de cette entreprise. Avec ce qui vient de se passer à Transco, l’on craint que le mouvement ne se généralise dans d’autres entreprises du portefeuille, qui sont du reste des canards boiteux.
Cela fait trois jours depuis que les bus de Transco, qui est un service public de l’Etat, ne roulent pas. Contre toute attente et sans accorder un quelconque préavis à l’employeur qu’est l’Etat congolais, les agents de cette entreprise ont unilatéralement décrété un mouvement de grève. A cause de cette grève farouche des bus de Transco, sur certains tronçons de la ville, les taxis ont majoré le prix de la course. Pour se rendre au centre-ville, la plupart des fourgonnettes, communément appelés 207 fixent leur ticket à 1500 FC au lieu de 700 FC d’ordinaire.
D’autres, par ailleurs, pratiquent le fameux système appelé “demi-terrain” qui consiste à parcourir uniquement la moitié du trajet tracé par l’Hôtel de Ville. Ces incidents qu’on vit déjà dans plusieurs coins de la ville de Kinshasa, ont pris de l’ampleur depuis le déclenchement de la grève de Transco. En conséquence, des nombreux Kinois parcourent plusieurs kilomètres à pieds faute de moyens suffisants pour payer le transport en commun dont le coût est revu à la hausse dans certains coins de la ville.
Investi le 24 janvier dernier, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à travers son Directeur de cabinet, Vital Kamerhe, a eu une séance de travail ce mardi 29 janvier à la Cité de l’Union africaine avec la direction générale de cette société de transport. C’était en en présence des ministres des Finances et du Budget, ainsi que la délégation syndicale de l’entreprise. A l’occasion, le chef de l’Etat a instruit la chaine des dépenses publiques pour que soient libérés en procédure d’urgence les arriérés dont bénéficient les équipages ainsi que tous les avantages revendiqués.
Il s’agit de la somme de CDF 1.030.000.000,00 repartie comme suit : CDF 600.000.000, 00 au titre de 4 mois de prime dite de CDF 50.000 ; CDF 350.000.000, 00 au titre du 13ème mois année 2018 et CDF 80.000.000, 00 au titre des cotisations syndicales. Le chef de l’Etat a appelé la direction et la délégation syndicale à promouvoir un dialogue permanent. Les bus de Transco devraient reprendre le trafic dès ce mercredi.
Des échos qui nous parviennent de Transco renseignent que les grévistes, en dépit du fait qu’ils aient tout obtenu, ont quand même durci leur mouvement de grève, en inventant d’autres raisons qui ne figuraient pas sur leur cahier de charges originel. En réalité, ils réclameraient la tête du Directeur général Michel Kirumba qu’ils accusent de tous les péchés d’Israël. Des accusations, comme on l’a relevé, qui ne figuraient pas sur le cahier de charges et qui exigent une autre procédure au niveau de la hiérarchie du pays. Signe, pour certains, que ces agents feraient le jeu d’une main noire.
Visiblement, les agents de Transco ont été écoutés, parce que le Directeur général Michel Kirumba a été suspendu et l’intérim va être assumé par son adjoint. Espérons que dès aujourd’hui, les chauffeurs vont mettre fin à cette grève farouche, enlever les barricades dans certaines artères et amorcer le transport pour le bonheur de tout le monde.
L’Intersyndicale Transco chez José Makila
Face à cette impasse, l’Intersyndicale de Transco est retournée chez le Vice-premier ministre et ministre de Transports et communications, pour tenter de ramener l’ordre dans l’enceinte de cette entreprise. M. Mudiwamba Nelson, vice-président de l’Intersyndicale de la société Transco a tenté d’expliquer à la presse qu’il y a eu un mouvement spontané au sein de cette entreprise depuis lundi. « En tant qu’intersyndicale, nous sommes les représentants et les défenseurs des intérêts des travailleurs, nous ne pouvons pas rester sans dire quelque chose. Nous étions invités pour expliquer ce mouvement spontané. En tant que syndicaliste, nous avions déjà les revendications du cahier des charges déposées chez l’employeur et devant le VPM José Makila, nous avons présenté les revendications. Il a réalisé que la solution ne devait pas être trouvée à son niveau. C’est ainsi qu’il nous avait envoyé à la Présidence de la République », explique-t-il.
Et de renchérir que la Présidence de la République a trouvé solution et donné l’ordre de payer les agents. C’est dans les 48 heures que l’on doit avoir cet argent, dit-il. En faisant la restitution aux agents, nous avons constaté que les agents ne sont pas dans la logique de réclamer leurs intérêts tels que les revendications normales que nous avons dans notre cahier des charges. Ils réclament autre chose. Nous sommes venus chez le VPM pour lui dire que nous avons réalisé que les agents sont allés au-delà de ce que nous nous pouvons faire comme délégation syndicale. Nous avons demandé à l’Etat de faire son travail. Nous avons remercié le président de la République, qui a répondu aux attentes des agents. Puisque n’eût été leurs interventions, on n’aurait pas la réponse aux attentes. « Nous demandons aux agents Transco, parce que nous avons posé le problème au-delà des revendications, de reprendre le travail pour aider la population kinoise. Ce sont leurs parents, leurs oncles qui prennent ces bus-là, mais qui aujourd’hui, sont en souffrance. Qu’ils reprennent le travail dès demain. Le VPM a mis en place une commission qui va travailler pendant trois jours. Nous pensons que nous allons trouver solution à toutes leurs attentes », insiste-t-il.
Jean-Marie Nkambua