Il s’est tenu hier mercredi 10 octobre 2018, la deuxième rencontre entre la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) avec à sa tête son président Corneille Nangaa Yobeluo, et les vingt et un candidats pour la présidentielle du 23 décembre 2018. Il s’agit là d’une deuxième concertation entre différentes parties autour des questions purement techniques, comme l’a recommandé la première réunion qui a même donné naissance à une commission technique.
Ainsi, Corneille Nangaa Yobeluo a convié tous les candidats présidents de la République et leurs experts techniques à cette nouvelle rencontre pour aborder les sujets restés en suspens, notamment la machine à voter et la présence des électeurs sans empreintes digitales dans le fichier électoral.
Hélas, certains candidats issus de l’Opposition, avec comme meneur Théodore Ngoy, pasteur de son état, ont monté des enchères exigeant à la CENI une discussion sur des problèmes juridiques voire pré-juridictionnels relatifs à l’utilisation de la machine à voter et à l’éventualité de la radiation des électeurs sans empreintes digitales lisibles. Et ce, oubliant que la réunion était technique et non juridique.
Face aux nombreuses préoccupations soulevées par certains candidats, il est ressorti des échanges la nécessité de garantir la fiabilité du fichier électoral et de préciser les soubassements juridiques de la machine à voter.
Et bien qu’ils aient exigé des discussions juridiques autour de la machine à voter, aucun candidat, malheureusement, n’a pu relever et démontrer au travers des différentes dispositions légales, les mesures d’application et les différentes décisions de la CENI, de la possibilité de rayer de la liste provisoire des électeurs, ceux n’ayant pas d’empreintes digitales lisibles. Par contre, il est clairement ressorti le risque d’une remise en cause des décisions irrévocables et opposables à tous de la Cour Constitutionnelle dans l’hypothèse où ce cadre d’échanges venant unilatéralement rayer les quelques 16,6% des électeurs sans empreintes digitales visibles. Alors que parmi ces électeurs, se retrouvent en effet des candidats aux législatives nationales et provinciales validées par la Haute Cour.
Des déclarations qui ne tiennent pas
Incapables d’avancer des arguments constructifs autour du caractère juridique de la machine à voter, ces candidats dont Théodore Ngoy, Martin Fayulu, Seth Kikuni, Vital Kamerhe, Kin Kiey Mulumba et autres ont séché la salle pour se confier à la presse avec des propos mensongers.
« Il y a des candidats qui ne sont pas venus. Je pense qu’ils ont raison. La réunion s’est terminée en queue de poisson. La majorité de candidats pense qu’il faut vider la question de savoir si la machine à voter est une décision légale ou illégale avant d’examiner sa fiabilité sur le plan technique. On a discuté tout ce temps sur cette question. Nous avons dit que cette machine n’est pas légale et nous l’avons démontré. On a voulu que la CENI et nous arrivions à la conclusion de savoir si cette machine est légale ou pas », a dit Théodore Ngoy Ilunga wa Senga au nom de tous ses camarades candidats de l’Opposition, ajoutant par ailleurs qu’avant leur départ de la réunion, le président de la CENI aurait demandé à ceux qui ne veulent pas des discussions techniques de quitter la salle. Des propos mensongers rejetés même par les proches de Corneille Nangaa.
Déclaration jugée par le vice-président de la CENI, Norbert Basengezi, comme une sorte de pression que les candidats de l’Opposition veulent faire à la CENI.
« Cela n’engage que celui qui a dit ça. Vous m’avez vu sortir avec les mêmes candidats. Vous m’avez vu sortir en concertation avec le même Théodore Ngoy, avec Martin Fayulu et Kamerhe. Je n’ai pas vu cette queue de poisson. Si c’est dans la tête des certains, cela ne nous engage pas. Et nous respectons les 21 candidats et nous ne souhaitons entrer dans cela. Le cadre de concertation est légal. C’est que fait le président Nangaa. C’est une pression sur la CENI, voire sur toutes les CENI du monde (…). Plus les jours passent, plus les gens diront que nous sommes prêts ou pas prêts. Personne n’a dit qu’il ne veut pas venir le 23 décembre. D’ailleurs, vous avez vu les gens refuser de confirmer leurs photos dans la machine à voter », a dit le numéro 2 de la Centrale Electorale.
Par ailleurs, le candidat Pierre-Honoré Kazadi Lukonda Ngube Ngube veut participer aux élections avec ou sans machine à voter. « Nous avons reporté deux fois les élections, cette fois avec ou sans machine à voter, nous irons aux élections. Parmi nous, il y a des candidats qui récusent la machine à voter, mais nous saluons le travail de la CENI. Il y a des groupes se sont formés avec des positions opposées au sujet de la machine à voter », a-t-il dit au sortir de cette réunion avec la CENI.
Les points de convergence
Si l’Opposition n’a pas pu trouver des arguments clairs pour justifier l’illégalité de la machine à voter, au moins ils ont accepté certains points notamment la tenue des élections le 23 décembre 2018 qui reste irrévocable et que toutes discussions et divergences de vue ne devraient remettre en cause ce rendez-vous historique pour le pays.
A cet effet, le Président de la CENI a, au nom des membres de l’Assemblée plénière également présents à cette rencontre, informé les candidats Président de l’accélération de la réception des matériels électoraux tous les deux jours jusqu’au 13 novembre 2018. Par ailleurs, la CENI présentera en grande pompe le parc automobile déjà disponible avant leur déploiement en provinces. L’ambition de la CENI est de réaliser, en parallèle, la réception et le déploiement de la quincaillerie électorale et la formation des agents opérationnels pour être prêt début décembre 2018.
A la clôture de cet échange, certains candidats et leurs experts ont consenti à suivre des explications techniques, mener un débat pointu et expérimenter la machine à voter afin de sortir des considérations politiques et idéologiques autour de cette technologie électorale.
Les deux parties ont convenu d’emblée que ce cadre de concertation devrait permettre de concilier les points de vue, échanger et trouver des ajustements s’il y a lieu dans le sens de conduire le processus électoral avec plus de confiance, de transparence et de crédibilité.
Bernetel Makambo