Ils ont voulu affronter les forces de l’ordre, mais celles-ci étaient déterminées à faire respecter les instructions de l’autorité politico-administrative. Comme pour dire que « la loi est dure mais, c’est la Loi et nul n’est au-dessus de la loi ».
Ce sont ces adages populaires qui ont rattrapé les instigateurs d’une prétendue marche dénommée de « sommation », qui devait avoir lieu hier mardi 19 décembre 2017 à Kinshasa comme sur toute l’étendue du territoire congolais. Cette dernière qui avait pour objet de dire non au calendrier électoral publié par la Commission Electorale Nationale Indépendante (Céni), et inciter ainsi la population à la haine pour une prétendue transition sans Kabila d’ici le 31 décembre. C’est ainsi que dans son accusé de réception de la lettre des organisateurs de cette marche, le gouverneur de la ville province de Kinshasa, André Kimbuta Yango a fait savoir aux membres du Rassemblement/aile Limete, que leur préoccupation est non fondée, car la CENI a déjà résolue la problématique en question.
Mécontents, les membres de cette opposition dite radicale ont récidivé en promettant à l’autorité provinciale que malgré la décision interdisant leur marche, ils seront dans la rue. Et face à une Police Nationale antiémeute fidèle aux ordres leur donnés par la hiérarchie, la vie a tournée normalement à Kinshasa, comme ailleurs.
Et plus grave encore, même le ciel n’a pas digéré cette désobéissance des initiateurs de la marche contre l’autorité établie. C’est ainsi que dame la pluie s’est invitée dans les premières heures de la matinée. Si la pluie a empêché aux manifestants de marcher, comme le disent certains, les forces de l’ordre et de sécurité étaient à leurs postes.
Au rond-point Ngaba comme sur le Boulevard Lumumba, en passant par le Boulevard Triomphal, point de chute annoncé par les organisateurs de la marche, l’on a aperçu une police calme, pacifique et prêt à barrer la route à tous ceux qui voudraient troubler l’ordre public.
Face à ce déploiement de la Police antiémeute, les Kinois se sont sentis en sécurité, et la vie a tourné normalement, en cette période où tout le monde se rend au grand marché pour chercher à plaire aux enfants, sinon à toute la famille qui doit se vêtir et bien manger lors des fêtes de Noël et de Nouvel an. Les banques ont ouvert, les magasins des expatriés comme des nationaux ont répondu aux besoins de leurs clients de tous les jours, les institutions de la République ont fonctionné normalement et tant d’autres activités qui étaient au rendez-vous.
Tshisekedi pèche encore
Après l’échec du 30 novembre dernier, le président du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement/aile Limete, Félix Tshisekedi Tshilombo a reconnu une erreur stratégique de sa part. Cette fois-ci, il évoque les raisons de la pluie, et condamne la Police qui s’est déployée partout, alors qu’elle ne répondait qu’à son devoir quotidien. Celui de sécuriser la population et ses biens.
« Nous n’avons pas marché. La journée a commencé par la pluie. Les mobilisateurs n’ont pas pu se déployer. Les policiers ont également empêché aux combattants de se réunir par leur déploiement. Quand nous sommes sortis pour l’Echangeur, certains combattants nous ont dit qu’ils s’étaient cachés. Il y a eu peut-être un manque de coordination. L’essentiel, nous savons que notre peuple est acquis au changement », a-t-il déclaré à la presse. Par contre, un haut cadre de l’Udps parle d’une faute de coordination qui a fait que le mot d’ordre ne soit pas totalement respecté.
Et lorsque Tshisekedi évoque le problème de coordination, l’on sous-entend une attaque contre Martin Fayulu, respectivement coordonnateur des actions du Rassop/Limete. Ce dernier qui fait déjà ses valises, puisque contestant la nouvelle coalition de l’opposition avec la présence de Vital Kamerhe. Si Jean-Claude Vuemba dit être convaincu par Jean-Pierre Bemba pour accepter Kamerhe, Fayulu lui pense que l’homme de l’UNC ne mérite pas être à ses côtés. C’est ainsi que l’on constate sa froideur face aux ordres de son président Félix Tshisekedi. Attendons voir une naissance d’une autre aile du Rassemblement radicale propre à Fayulu.
Et d’après certains analystes politiques avertis, les leaders actuels du Rassemblement/Limete ne sont influents que dans les médias. Actuellement, ils ne postent leurs messages que dans des réseaux sociaux et parlent trop à la radio comme à la télévision. Ils ne savent plus entretenir leurs militants de leurs partis politiques respectifs, puisque trop attachés à une idéologie que plusieurs contestent. Et face à cela, la Majorité Présidentielle devient de plus en plus populaire. C’est remarquable surtout au Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) où l’on ne passe pas une journée sans voir les différents sièges provinciaux comme national être inondés de nouveaux adhérents. La preuve est là, ces jeunes veulent les élections, et il faut suivre la voie normale que la Céni dicte.
Coup d’œil en provinces
Si à Kinshasa la vie a tourné normalement, il en est de même dans certaines provinces où la Police a pris le contrôle de tout. Dans la ville de Bukavu, un groupe de personnes a été dispersé ce mardi 19 décembre à la place Nyawera, où ils se rassemblaient en vue de répondre à l’appel à manifester lancé par le Rassemblement.
« Jusque-là, la situation est calme. A part une centaine de gens qui ont tenté de manifester. Il n’y a pas eu d’affrontements. Nous les avons juste sommés, ils ont compris et ils sont partis pacifiquement. J’ai l’impression que nous avons eu à faire à de paisibles citoyens, c’est des gens bien éduqués », a expliqué à actualite.cd, le Major Alphonse Ndacho, Commandant du Groupe Mobile d’intervention (GMI)/ville de Bukavu. Des sources sur place signalent qu’aucun dégât n’a été signalé dans la ville de Bukavu.
Les militants de l’UDPS, Fédération/Kasaï-Oriental, qui ont pris part ce mardi 19 décembre à la marche appelée par le Rassemblement ont été dispersés, a-t-on appris, depuis Mbuji-Mayi, du porte-parole de l’UDPS/Kasaï-Oriental, Michel Ilunga Katomba. Le gouverneur Alphonse Ngoyi Kasanji a, sur son compte Twitter, souligné que cette marche pacifique n’a pas été autorisée dans sa province.
« La marche du Rassemblement n’est pas autorisée ce mardi 19 décembre à Mbuji-Mayi. J’invite la population à vaquer à ses occupations. Les forces de l’ordre seront déployées pour sécuriser tout le monde. Le pays attend les élections. Aucune raison valable pour aller dans la rue », a écrit Alphonse Ngoyi Kasanji.
Tout a bien fonctionné à Goma
Les manifestations projetées par le collectif d’action de la société civile, qui rassemble le mouvement citoyen et le Rassemblement de l’opposition, pour exiger une transition sans Joseph Kabila après le 19 décembre 2017, n’ont pas eu lieu à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Toutes les activités socio-économiques ont tourné normalement. Les marchés, écoles, magasins, boutiques, … ont ouvert leurs portes. Les transports en commun étaient également visibles sur les grandes et petites artères de la ville. Du rond-point Rutshuru au nord de la ville en passant par le rond-point Signers, jusqu’au quartier Ndosho au sud de la ville, la situation a été calme ce mardi. Quelques Gomatraciens interrogés, ont dit avoir boycotté le mot d’ordre. Ils pensent plutôt à leur survie. Dans l’entre-temps, les travaux de la conférence des gouverneurs ont poursuivi leur bonhomme de chemin sous la conduite du président de la République, Joseph Kabila Kabange.
Au regard de tout ce qui précède, il est permis de conclure que l’appel à la marche de sommation lancé par le Rassemblement/Limete, n’a pas été respecté en République Démocratique du Congo.
(Bernetel Makambo)