Quelques jours seulement ont suffi à l’enfant terrible du Mont Amba, membre du Bureau politique de la Majorité Présidentielle (MP), président du Groupe parlementaire Terre d’Avenir et président du Congrès national congolais (CNC), l’honorable Pius Muabilu Mbayu Mukala de réagir à la déclaration tonitruante de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), du vendredi dernier. Dans une interview accordée à quelques médias de Kinshasa, l’élu de la ville province de Kinshasa, appelle la CENCO à la retenue, parce que ses différentes déclarations peuvent être très mal interprétées par la population congolaise, composée des catholiques aussi bien de la Majorité Présidentielle que de l’Opposition politique et de la Société civile. Il invite donc l’Eglise catholique à être véritablement au milieu du village, et non au coin, au risque d’être un danger pour tout le monde.
Dans son bureau de travail à la Rtga World, l’honorable Pius Muabilu a commencé par alerter l’opinion sur le danger de la violence. En catholique pratiquant, il constate malheureusement que si l’Eglise n’est plus au milieu du village, et qu’elle se place au bout, cela devient un danger pour tout le monde. Et si l’on arrive au moment où la population doit interpréter les différentes déclarations des évêques de manière désordonnée, l’on risque de naviguer à vue et de déboucher sur la violence qui ne profitera à personne.
Le président national du CNC prévient l’opinion sur le danger du déchainement de la situation, provoquée par les déclarations de l’Abbé Nshole, avant de manifester sa crainte face au danger du questionnement de la population qui risque de conduire à la contagion de la situation. Pour lui, toute déclaration, toute prise de parole doit être pesée, pour ne pas envenimer la situation. Parce que s’il y a violence, et que l’on parvienne à casser, ou quand une pierre est lancée, on ne sait pas qui elle peut toucher. Mais c’est parfois des enfants, des innocents et les vieux qui sont les premiers à être touchés, et qui n’ont rien à avoir avec la politique. Ça peut aussi être les acteurs de la société civile qui exercent leurs activités dans le domaine de l’environnement, etc. « Lorsqu’il y a violence entrainant la casse, les dangers ne guettent pas seulement les politiciens, mais ce sont les banques qui sont cassées, les stations service brulées, et ce sont les milliers de Kinois qui vont au chômage », dit-il.
De la sincérité de la CENCO
Le président du Groupe parlementaire Terre d’Avenir a poussé loin la réflexion, avant de se demander : lorsque le 28 mars, les évêques membres de la CENCO ont présenté leur rapport d’échec au président de la République, étaient-ils sincères ? Peut-être que la CENCO attendait obtenir un autre mandat du chef de l’Etat ! Et pourtant, ce sont les évêques eux-mêmes qui ont constaté avoir fait 98%, avant de demander à Joseph Kabila de résoudre le 2%, en raison du pouvoir qu’il a reçu de la Constitution, sans oublier qu’il est le Garant de la Nation, protecteur des institutions et de l’intégrité territoriale.
C’est en fonction de tout ceci que le chef de l’Etat nommera un Premier ministre. Et Pius Muabilu ne voit pas, parmi tous ceux qui sont restés au Rassemblement, celui qui peut avoir le même profil que Bruno Tshibala, un poids lourd de l’opposition. C’est ici qu’il a fait observer que les propos de l’Abbé Donatien Nshole peuvent prêter à confusion dans l’esprit des Congolais. D’ailleurs, nombreux sont ceux-là qui peuvent penser que les évêques ont pris goût de la politique, qu’ils veulent gérer eux aussi le pays. Dans la même logique, il se demande si l’Abbé Nshole n’a pas traversé. Car par moment, il apparait comme si c’était lui le vrai président du Rassemblement !
En tant que Kinois, le président du CNC appelle la CENCO à la retenue, avant de constater que l’Abbé Nshole se déchaine uniquement sur la Majorité Présidentielle. N’y a-t-il pas eu dopage financier dans le chef de l’Abbé Donatien NShole ?, se demande le député national, qui constate quand même que ce prêtre demeure un homme intègre, mais qui ne devrait pas pousser les chrétiens catholiques de la Majorité Présidentielle, de l’Opposition politique ou de la Société civile à se poser des questions. Et si dans un partenariat le doute s’installe, cela n’est pas bon pour la crédibilité de la CENCO.
Y aura-t-il élections ?
Ici, ce membre du Bureau politique de la Majorité Présidentielle a responsabilisé le Rassemblement, qu’il conseille d’ailleurs d’être modeste. Sinon, quel est l’intérêt du peuple dans l’arrangement particulier ? En réalité, les Kinois pensent que l’Arrangement particulier voudrait tout simplement dire : le partage équitable et équilibré du pouvoir. Et ceci ne sera plus jamais en Rd Congo, et cap sur l’organisation des élections. Et ce, parce que les politiciens ne doivent pas se servir indéfiniment du peuple pour entrer au Gouvernement.
A en croire Pius Muabilu, si on avait accepté le calendrier publié deux fois par l’Abbé Malumalu, peut-être qu’on serait allé aux élections en novembre 2016. Et devant le Congrès, Joseph Kabila n’a pas manqué de rappeler sa détermination à conduire le pays aux élections. C’est la raison pour laquelle la MP s’est même dotée de son propre Central électoral. Du côté de la CENI, avec son président Corneille Nangaa qui n’est pas un politique, mais un technicien international en matière électorale, l’enrôlement avoisine les 23 millions de Congolais. Comme pour dire : « le chien aboie et la caravane passe ! » Pius Muabilu qui a adhéré à l’idéologie Kabiliste par son amour de la Nation, refuse que les autres ne parlent du peuple lorsqu’ils n’ont pas reçu mandat de celui-ci.
Obsèques de Tshisekedi et revirement du Rassemblement
Les obsèques du père de la démocratie congolaise, Etienne Tshisekedi wa Mulumba n’ont pas échappé à l’attention de l’élu du Mont Amba. Peiné de la tournure que prend la polémique quant au rapatriement du corps de l’illustre disparu, Muabilu parle de « ya Tshitshi », un élu comme lui, mais qui a occupé de très hautes fonctions comme ministre respectivement de la Justice, de l’Intérieur et Premier ministre. A l’en croire, il revient à l’Etat congolais ensemble avec la famille biologique du défunt, d’organiser les funérailles. Ainsi, le corps serait exposé au Palais du peuple, après toutes les autorisations nécessaires. Par la suite, on l’amènerait à Mbuji-Mayi, au Kasaï-Oriental, avant qu’il ne soit enterré à Kabeya Kamwanga.
Il a été porté à la connaissance de l’honorable Pius Muabilu que le Rassemblement souhaitait être reçu par le président de la République. L’élu du Mont-Amba a pour sa part, voulu savoir si cette rencontre valait encore la peine. Et d’ajouter : dénier à Kabila la qualité de président de la République, lui refuser le pouvoir de nomination, est-ce correct ? Sinon, quelle éducation donnerions-nous à nos enfants ? Si réellement le Rassemblement avait en toute modestie accepté de venir au dialogue de la Cité de l’Union africaine, l’on serait très loin. S’ils avaient accepté les deux calendriers de la CENI, l’on aurait déjà publié les résultats des élections.
Jean-Marie Nkambua