A Brazzaville: Sassou N’Guesso et Tshisekedi raffermissent les relations de coopération et d’amitié
Le tout nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, est arrivé hier à Brazzaville en fin d’après-midi par l’aéroport international de Maya-Maya, en provenance de Nairobi au Kenya, deuxième étape de la mini-tournée qu’il a entamée par l’Angola le mardi.
Accueilli par son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso, Félix Tshisekedi n’a fait aucune déclaration à la presse. Dès sa réception à 15h 54mn (heure locale), les deux chefs d’Etat ont eu droit à un long entretien au salon d’honneur du pavillon présidentiel suivi d’un bain de foule.
Les ressortissants de la RDC vivant à Brazzaville sont venus en masse rendre hommage à celui qui va conduire, pendant les cinq prochaines années, les destinées de leur pays. Par la suite, le cortège s’est ébranlé jusqu’au Palais du peuple, où les deux chefs d’Etat ont eu un très long entretien, avant qu’un diner ne soit offert à Félix Tshisekedi et à sa délégation par le président de la République du Congo. Une occasion pour les deux présidents de la République d’échanger sur des questions sensibles qui concernent les deux pays, mais aussi le comportement qu’il faut adopter par rapport à d’autres partenaires africains.
En attendant le communiqué final qui sera publié à l’issue de cette visite, le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et Intégration régionale sortant, Léonard She Okitundu a expliqué à la presse brazzavilloise que le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo répond ainsi à l’invitation de son homologue Denis Sassou N’Guesso. Une visite dont la substance est de raffermir les relations de coopération et de d’amitié avec son voisin le plus immédiat.
Le patron de la diplomatie congolaise a estimé que c’était une occasion pour les deux chefs d’Etat de restaurer le principe de visites régulières, pour prévenir d’éventuels malentendus. A l’en croire, tous les sujets qui choquent ont été évoqués lors du huis clos entre les deux personnalités, pour aplanir des confusions pendante et restaurer les relations d’amitié qui ont toujours existé entre les deux peuples.
Deux projets intégrateurs
Le ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville pense, pour sa part, que c’est un jour de joie, parce que c’est la célébration de la fraternité entre les deux peuples que rien ne devrait séparer. A l’en croire, la Rdc a accompli un pas décisif dans son processus électoral qui s’est déroulé dans la paix. Et le président Denis Sassou N’Guesso n’a ménagé aucun effort pour que ce processus se déroule dans des conditions souhaitées. « Sans la paix, il n’y a pas de développement », martèle-t-il.
Le ministre des Affaires étrangères de l’autre rive affirme que la République démocratique du Congo et la République du Congo ont beaucoup de projets en jachère, qui n’attendent que d’être boostés. C’est le cas du projet route-rail, très bénéfique pour les deux peuples. Selon lui, il nous faut beaucoup de fluidité entre les deux peuples. Que les Brazzavillois se sentent comme des Kinois à Kinshasa et vice-versa. Ce projet est très avancé, affirme-t-il, et les deux gouvernements travaillent étroitement avec la banque africaine pour le développement (BAD), en vue de sa matérialisation.
N’oublions pas que ce projet ne passe pas dans les têtes de maints Congolais, qui pressentent que la mise en service du pont route-rail va contribuer à la diminution sensible des recettes douanières de la Rd Congo. Et ce, parce que Brazzaville ayant un port en eau profonde, les différents importateurs ne trouveront pas l’avantage d’accoster par Matadi qui n’en a pas. Ça sera donc la consécration de la mort de ce port qui nourrit et qui fait vivre plusieurs Congolais.
Nul n’est sans ignorer que le port de Matadi demeure le plus cher au monde, avec toutes les conséquences plausibles. Espérons qu’il y aura des aménagements nécessaires si et seulement si le projet était retenu, pour permettre à la Rdc de compenser ses recettes douanières.
Le deuxième projet, explique-t-il, c’est le développement du barrage d’Inga. Pour lui, le développement des pays africains n’est plus concevable sans l’énergie. Même pour développer les activités économiques, l’électricité s’impose. Voilà pourquoi la République du Congo attend beaucoup du président Félix Tshisekedi, pour la concrétisation de ces projets dont le bénéfice n’est plus à démontrer.
Au sujet d’Inga 3, disons que le Gouvernement de la République et le consortium sino-espagnol China Inga III ont signé un contrat de construction du barrage hydroélectrique Inga 3. Ce consortium va financer les études et l’exécution des travaux. A terme, Inga 3 va produire plus de 4800 MW qui vont alimenter l’industrie congolaise, surtout minière, et être vendus à travers toute l’Afrique.
Bruno Kapanji, Directeur de l’Agence de développement et de barrage du projet grand Inga, a indiqué à la presse qu’il se marie avec la volonté du chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange qui, depuis 2011, avait prévenu que la Rdc serait une puissance énergétique et environnementale. Ainsi, la construction de ce barrage va apporter des avantages comparatifs à la Rd Congo. Il va améliorer l’offre à l’endroit de l’industrie minière où les besoins sont énormes. Aussi, l’énergie produite sera vendue à d’autres pays africains et elle contribuera ainsi au développement de la Rd Congo. Au-delà de tous ces avantages, disons aussi que la population congolaise verra sa desserte être améliorée.
Pour finir, le chef de la diplomatie du Congo-Brazzaville est d’avis que les relations entre les deux pays ont toujours été bonnes. Et ce, parce que le principe de base de leur diplomatie, c’est le bon voisinage. Raison pour laquelle ils ont intérêt à travailler main dans la main avec le peuple de la Rd Congo.
Que pensent les Congolais ?
Les Congolais de Kinshasa qui se sont massés aux abords de l’aéroport international de Maya-Maya n’étaient pas déçus, parce que les deux chefs d’Etat ont, pendant un temps, abandonné la limousine et le cortège officiels, pour communier avec la population. On ose croire que les Congolais qui ont choisi la République du Congo comme leur seconde patrie, ont besoin que les relations se renforcent entre leurs deux pays, pour des intérêts réciproques.
Plus concrètement, les Congolais voudraient qu’ils soient traités avec dignité et que par-dessus le marché, tout mouvement de refoulement signalé au préalable aux autorités congolaises, conformément aux traités et accords internationaux. Cela pour leur permettre, le cas échéant, de prendre des mesures qui s’imposent. Plus question de réserver de traitement dégradant aux Congolais de Kinshasa, les obligeant de se soumettre à la loi du pays d’accueil.
Jean-Marie Nkambua